Les éditions Glénat publient Une histoire des courses cyclistes, de Jean-Noël Blanc. L’auteur y livre une vision multidimensionnelle de ce sport, autour duquel continuent de circuler bon nombre de suspicions.
Au cours de son histoire, mouvementée, parfois chahutée, le cyclisme a vu se produire des changements majeurs, tant dans la technologie mise au service de ses champions que dans sa médiatisation ou son substrat économique. Si la figure du cycliste luttant contre les éléments et contre lui-même demeure inchangée, l’ombre du dopage a commencé à planer sur l’esprit de ce sport. Les scandales récents ont sapé la crédibilité et l’authenticité des performances. Il s’est ensuivi une forme de désamour, dont les prémisses remontent peut-être aux règnes hégémoniques de Miguel Indurain ou de Lance Armstrong. Les controverses et l’omniprésence de ces forçats indétrônables (et parfois tricheurs) ont fini par engendrer une certaine lassitude chez les spectateurs, qui ne voient plus dans ces victoires répétées l’essence même du sport : le suspense, la surprise, le dépassement de soi.
Face à cela, Jean-Noël Blanc met en avant l’émergence de nouveaux visages, dont celui du jeune prodige belge Remco Evenepoel. En optant dans Une histoire des courses cyclistes pour un tour d’horizon subjectif et passionné, il offre aux lecteurs un regard sur le cyclisme plein d’enthousiasme – mais pas oublieux des scandales passés. Orné de belles illustrations qui rendent hommage à ce sport et ses décors naturels parfois splendides, l’ouvrage embrasse l’évolution du cyclisme, depuis ses débuts jusqu’aux évolutions technologiques les plus récentes, en passant par les exploits de Merckx ou Coppi. Le vélo lui-même, partenaire inséparable du coureur, fait l’objet d’une attention redoublée. Il a en effet connu des transformations significatives au fil des années. Les avancées en matière d’ingénierie ont permis de créer des montures toujours plus légères et aérodynamiques, permettant des performances de course optimales. Chaque pièce est pensée et conçue pour une efficacité maximale.
Une histoire des courses cyclistes semble animé par le souffle des grands champions et la grandeur des paysages qu’ils ont traversés. Caractérisé par la plume élégante et perspicace de Jean-Noël Blanc, l’ouvrage est une ode à un sport qui oscille constamment entre le drame et la grâce, l’exploit individuel et l’effort collectif. Le lecteur est invité, avec légèreté, à se pencher sur les rouages de la course, il redécouvre ce qu’est le peloton, quels sont les rôles variés des cyclistes – du sprinteur impétueux au rouleur endurant, du grimpeur audacieux au puncheur explosif. Il explore le jargon cycliste, cette langue presque dialectique, dans laquelle on « pédale avec les oreilles » et on consent, un peu par dépit, à « monter dans l’autobus ». Les chutes, les tricheries, les scandales sont abordés avec franchise et objectivité. Ils cohabitent avec certaines courses (par exemple le Critérium du Dauphiné) ou avec l’apport de la télévision et des journalistes dans la promotion du cyclisme, mettant en lumière le lien intime entre ce sport et ses représentations médiatiques.
Sans prétention encyclopédique, en s’intéressant au cyclisme sur le temps long, Une histoire des courses cyclistes est une célébration d’un sport dont les principales composantes demeurent le vélo, le maillot, l’équipe et la route. Une simplicité de façade quand on sait les efforts nécessaires aux résultats finaux. L’ouvrage de Jean-Noël Blanc n’oublie ni les légendes ni les porteurs d’eau, ni les « gentlemen crottés » ni les gamins insolents toisant – parfois hâtivement – leurs aînés aguerris. Et tout cela passe évidemment par le Poggio, le Puy-de-Dôme ou la Redoute, ces routes, parfois sinueuses et exténuantes, qui ont fait la gloire des forçats de la route.
Une histoire des courses cyclistes, Jean-Noël Blanc
Glénat, mai 2023, 168 pages