Les éditions Hazan commercialisent un magnifique coffret dédié au motif de l’eau dans les estampes japonaises. Utagawa Hiroshige, Katsushika Hokusai, Utagawa Kuniyoshi ou encore Totoya Hokkei s’y voient mis à l’honneur.
Sur la forme, le coffret proposé par les éditions Hazan ne manque pas d’attrait : un boîtier raffiné en carton dur sur lequel sont imprimés Les Tourbillons de Naruto d’Utagawa Hiroshige, un livre-accordéon au papier épais de format 121 x 175 mm et un petit livret didactique revenant sur la place de l’eau dans les estampes japonaises tout en apportant quelques éléments explicatifs sur les tableaux présentés. Ces derniers sont essentiellement l’œuvre de Katsushika Hokusai, Utagawa Kuniyoshi et Utagawa Hiroshige, ce qui confère à la sélection de Jocelyn Bouquillard, conservateur à la Bibliothèque nationale de France, une cohérence graphique et chromatique évidente.
L’archipel nippon est quadrillé de toutes parts par les mers (du Japon, des Philippines, de Chine orientale) et l’océan Pacifique. L’eau y possède une dimension symbolique, culturelle et identitaire que l’on devine sans mal dans les représentations mises en exergue dans l’ouvrage. Flots, cascades, vagues, tourbillons, précipitations, neige : l’élément est omniprésent, souvent en mouvement, pluriel dans sa matière comme dans sa « mise en scène ». Il se voit régulièrement sublimé dans les estampes japonaises polychromes des XVIIIe et XIXe siècles (ukiyo-e, « image du monde flottant »). Jocelyn Bouquillard rappelle toutefois qu’il apparaît d’abord comme un élément de second plan, avant d’investir le cœur des estampes lorsque les paysages s’y imposent au XIXe siècle.
À partir de là, la montagne sacrée du mont Fuji apparaît de manière récurrente en arrière-plan, les rivages font l’objet de représentations variées et la ressource naturelle aquatique se montre propice aux jeux de lumières, de couleurs, de textures, de formes et de stries. L’animisme d’un Hokusai, les conceptions bouddhiques (les plaisirs éphémères) de Kuniyoshi ou Hiroshige contribuent à une fascination éprouvée pour l’eau, abondamment restituée dans le coffret commercialisé par les éditions Hazan. C’est la fameuse « grande vague » de Katsushika Hokusai, symbole du pouvoir de la nature, inspirant le Rituel de la cueillette de Totoya Hokkei. C’est l’épisode légendaire de la princesse Tamatori face au roi-dragon illustré par Utagawa Kuniyoshi. Ce sont les teintes beiges-sépia de Suzuki Harunobu. C’est le pont de Mitakegura ou de Kintai, la neige sur l’île de Sado ou le temple de Benzaiten, la contemplation d’un coucher de soleil depuis la digue d’Ommaya ou d’un feu d’artifice au-dessus du pont de Ryogoku.
Comme le note avec à-propos Jocelyn Bouquillard : « Du fracas des vagues, des cascades et des orages au silence de la neige, l’eau accompagne ainsi inlassablement les paysages de l’archipel nippon si bien dépeints par les maîtres de l’estampe japonaise. » Tout au long de ses 226 pages et 73 illustrations, cette publication en apporte une preuve indéniable.
L’Eau par les grands maîtres de l’estampe japonaise, Jocelyn Bouquillard
Hazan, mari 2021, 226 pages