Les Cents vues du Mont Fuji du peintre japonais Hokusai sont connues bien au-delà de leur archipel originel. Les éditions Hazan publient une édition remaniée de ce chef d’oeuvre.
Après une publication initiale en 2008, Hazan propose une nouvelle édition luxueuse des Cents vues du Mont Fuji, sous forme de coffret, disponible depuis le 18 mars 2020, en librairies ou en ligne, au prix de 29,95 euros. Le contenant est sublime, avec une reliure à la japonaise de couleur rouge, que nous osons à peine défaire, de peur d’abîmer le tout. Le riche contenu est une excellente découverte puisqu’il nous propose l’ensemble des compositions, fidèles à leur monochromie originelle ou avec un léger rose pâle, une fois gravées chez l’imprimeur. Elles se dévoilent les unes après les autres, lorsque nous feuilletons les pages, dont la finesse incroyable réclame une respectueuse délicatesse. Un livret explicatif de 48 pages, rédigé par l’historienne de l’art Nelly Delay, constitue un compagnon idéal pour éclairer le lecteur, qu’il soit néophyte ou japoniste du XXIème siècle, concernant l’iconique Hokusai. Cette présentation s’ouvre sur une courte biographie. S’ensuit un décryptage, avec une brièveté bienvenue, de chacune des Cent vues, pour ne pas les vider de leur portée contemplative. Nous avons, de surcroît, le titre en japonais et sa traduction en français, tous deux poétiques. Hokusai est encore aujourd’hui, bien plus qu’hier, connu dans le monde entier, et vénéré comme le peintre japonais le plus talentueux qui soit. Il est ainsi présent dans des collections au sein de galeries ou musées célèbres, tout autant qu’il a fait l’objet de rétrospectives régulières. Nous retenons, en France, celle, spectaculaire, du Grand Palais, d’octobre 2014 à janvier 2015. Désormais, Hokusai a également un musée tout entier en son nom et son honneur dans le pays qui l’a vu naître et mourir au temps des shoguns : le Sumida Hokusai Museum a, en effet, ouvert ses portes le 22 novembre 2016.
Katsushika Hokusai (1769-1849) est, à juste titre, considéré comme le plus grand maître de la peinture japonaise de l’ère Edo. Nous pouvons le rattacher au mouvement artistique d’Ukiyo-e. Par la liberté de son trait et son goût immodéré pour la perfection, Hokusai embrasse toute la beauté du monde. Il retranscrit des scènes de la vie quotidienne, porte un regard aimant sur la faune et la flore, le tout se pliant au rythme souverain des saisons tout comme à la force des éléments. Hokusai se considère avec humilité comme un serviteur alors que son don pour la peinture semble d’essence divine. Il a essayé d’être, toute sa longue vie, fidèle à cette devise émanant de lui : « Un univers dont nous ne devons jamais briser l’harmonie. » Il y a presque un souffle sacré qui semble animer ce qu’il dessine ou peint. Les Cents vues du Mont Fuji (vers 1830-1834), qui sont à l’origine réparties en trois volumes, publiés entre 1834 et 1840, ne doivent pas être confondues avec Trente-six vues du Mont Fuji. Soulignons que Les Cents vues du Mont Fuji ne sont pas dédiées exclusivement à cette montagne emblématique pour le peuple nippon. Edmond de Goncourt le souligne dans Hokusai, l’art japonais du XVIIIème siècle : « L’amusant chez Hokusai, c’est la variété des sujets. » L’imagination de cet artiste, qui signait toutes ses productions par « fou de dessin », est des plus foisonnantes et suscite l’admiration. La plus célèbre de ses estampes Dans le creux d’une vague au large de Kanagawa : on devine un petit Mont Fuji, mais c’est l’immense déferlante, soulignée davantage par un horizon abaissé, qui a le rôle principal. Davantage connue sous le nom de La Grande Vague, elle inspira les impressionnistes.
Hokusai : Les Cent vues du Mont Fuji, Nelly Delay
Hazan, mars 2020, 384 pages
auteur : Eric Françonnet