Après un Prix du Jury et un Grand Prix glanés à Cannes, le jeune québécois Xavier Dolan a eu envie de changement. Et à l’aune d’un succès tel que le sien, la perspective d’une virée à l’international, comprendre ici chez l’Oncle Sam, s’est naturellement imposée. En résulte Ma Vie Avec John F. Donovan, où le cinéaste ausculte le star-system et ses ravages via le prisme d’une relation épistolaire entre un jeune garçon et une star hollywoodienne en pleine apogée. Le tout pour un film intimiste, subtil et, qu’on se le dise, sublime.
Dix ans après la mort d’une vedette de la télévision américaine, un jeune acteur se remémore la correspondance jadis entretenue avec cet homme, de même que l’impact que ces lettres ont eu sur leurs vies respectives.
De l’autre coté de l’écran
La singularité du cinéma de Xavier Dolan réside sans doute dans sa manière de filmer les marginaux, les laissés pour compte, les personnes en retrait. Chez eux, chaque silence, chaque gémissement, chaque mot veut dire beaucoup. De facto, s’immiscer dans leur vie a des airs de virée intime, on perçoit l’invisible, on capte leur psyché et in fine, on les comprend, eux et leurs tourments. Alors quand Dolan décide de suivre deux facettes de la célébrité, entre celle qui l’alimente (les fans) et celle qui la vit (parfois de manière involontaire), le tout dans le milieu de la télévision/cinéma, ça ne pouvait qu’augurer de bonnes choses. Bonnes au point d’avoir failli figurer au sein de la compétition du Festival de Cannes, mais là n’est pas la question. Sans doute le film était trop précieux, trop ambitieux pour Cannes, voire trop intime pour Dolan, qui, pour son premier film en langue anglaise, s’est mis en quête de dépeindre l’aura du star-system et comment elle est perçue des deux cotés de la barrière. Une sacrée besogne dont il sort pourtant vainqueur, principalement pour l’ADN qu’il a su injecter à cette histoire très américaine mais à la sensibilité résolument non-américaine. Un peu comme si Dolan avait mémorisé les us et coutumes, les codes de la représentation de la célébrité tels qu’on se les imagine depuis leur naissance aux US, mais que son tempérament de jeune premier canadien reprenait le dessus au moment de filmer. En résulte ainsi un film très autobiographique puisque difficile d’ignorer la sensibilité du bonhomme quand on sait que plus jeune, Dolan tournait dans des pubs et écrivait entre autre, à ses stars préférées. Aujourd’hui, le jeune fan qu’il était s’est mué en un artiste émérite, connu, acclamé; ce qui donne du sel à ce portrait de la célébrité et, qu’on se le dise, à cet éloge des faux-semblants et de l’identité. Et force est d’admettre que l’on parle d’identité dans ce film, entre cette star (Kit Harrington, plein de fêlures) et la liaison épistolaire qu’il a développée avec un jeune fan à des milliers de kilomètres de là (Jacob Tremblay, bouleversant). Au milieu, on retrouvera pléthore de personnages investis et profonds qui cachent finalement le noeud de l’intrigue: le John F Donovan du titre est un personnage « dolanien » dans le plus pur sens du terme, autrement dit un personnage désaxé, perdu, qui a du mal à assumer qui il est et surtout qui a du mal à porter son identité. Et autant dire qu’accoucher d’une quête identitaire dans le milieu le plus féroce qui soit, c’était assurément audacieux et Dolan l’a réussi haut la main.
Une singularité bridée…
Hélas trois fois hélas, la vision partagée par Xavier Dolan n’aura pas le mérite d’une sortie à la hauteur de sa réputation puisque l’intimisme de Dolan se paie comptant : on n’aura ainsi qu’un maigre making-of et quelques scènes coupées (ironique quand on sait que le montage initial avoisinait les 4h de films incluant en plus Jessica Chastain). Le tout évidemment déployé sur un support DVD/Blu-Ray classique qu’on aurait aimé voir étoffé. Mais peut-être que c’est comme ça que Dolan capture à ce point la beauté chez ses personnages ; en travaillant leur simplicité, en les privant de l’artifice de la caméra.
Ma Vie Avec John F. Donovan : Bande-annonce
Un film de Xavier Dolan avec Kit Harington, Natalie Portman, Jacob Tremblay
Synopsis : Dix ans après la mort d’une vedette de la télévision américaine, un jeune acteur se remémore la correspondance jadis entretenue avec cet homme, de même que l’impact que ces lettres ont eu sur leurs vies respectives.
Sortie du film le 17 Juillet chez TF1 Studio
Caractéristiques techniques du DVD : Image: 16/9compatible 4/3-2.39–Durée du film 2H03Audio: Français et Anglais 2.0 Dolby Digital/ 5.1 Dolby Digital. Sous-titres: sourds et malentendants
Caractéristiques techniques du Blu-ray™ : Image : 16/9 2.39:1 Widescreen –Durée du film 2H03. Audio : Français et Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Sous-titres: sourds et malentendants. Bonus du DVD et du Blu-ray™: Scènes coupées et Making-of