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Django dégaine en Blu-ray chez Carlotta Films

Retour sur Django, l’un des plus grands westerns européens réalisé par Sergio Corbucci, à (re)découvrir dans une édition Blu-ray soignée chez Carlotta Films.

Synopsis : un homme mystérieux arrive dans une petite ville, tirant un cercueil boueux derrière lui. Nommé Django, cet étranger sauve la vie d’une jeune femme et se retrouve ainsi projeté en plein cœur d’une guerre entre des révolutionnaires mexicains et une bande de racistes sadiques menés par un fanatique, le major Jackson. Malgré le chaos ambiant, Django met son plan en action : se venger, en opposant ennemi contre ennemi…

Django and his killing blue eyes

Qu’est-il possible d’ajouter sur Django, l’un des plus grands westerns européens ? Que dire sur ce film constituant l’un des sommets de la carrière du génial cinéaste roublard Sergio Corbucci ? Né d’une production sur laquelle régnait une certaine improvisation, Django confirme qu’un croisement de bonnes étoiles peuvent donner naissance – dans la douleur et le doute certes – à des miracles.

Parmi ces étoiles, on trouve notamment Franco Nero, l’un des plus sublimes acteurs de l’histoire du cinéma. Nero n’a qu’une vingtaine d’années lorsqu’il s’embarque sur un tournage où tous les éléments narratifs sont loin d’être posés. Corbucci trouvera son McGuffin – ce que contient le cercueil dans le cas présent – un matin en lisant son fumetti (sa bande-dessinée) dans le journal du jour. Le fanion rouge, qu’arbore la bande du conservateur sudiste (euphémisme) Major Jackson, est une idée de « dernière minute » de l’assistant réalisateur Ruggiero Deodato (futur réalisateur de Cannibal Holocaust).

Nero a quelques rôles à son actif mais tient du jeune premier lorsqu’il est choisi par Corbucci puis par le distributeur – qui plus est financier – du film. Le beau Franco rêve de grands rôles, mais comme lui a dit le réalisateur Elio Pétri, qu’a-t-il à perdre ? Rien. Le jeune acteur débarque sur l’écran, grimé, vieilli, dans son habit de soldat d’une guerre bien loin derrière lui. Django débarque comme un fantôme, à la présence fantasmagorique passionnée par son regard intensément bleu.

Même si Django marche en 1966 sur les pas du succès de Pour une poignée de dollars réalisé par Leone en 1964, lui-même étant le remake du Yojimbo de Kurosawa sorti en 1961, les mystérieux yeux bleus plissés d’Eastwood tenaient d’une réponse divine face à l’injustice alors que ceux de Nero incarneraient le passé venu hanter les vivants. Du justicier de Leone au vengeur d’outre-tombe de Corbucci, il y a des acteurs qui ont donné corps à des entités à l’écriture très fine sur le papier et au final, plus que réelles à l’écran, mythologiques.

Comme Blondin et Sanjuro avant lui, Django est devenu un mythe cinématographique. De ces mythes marqués les uns par les autres, de nombreuses œuvres ont émergé. Le nom Django a été repris pour titrer des westerns qui n’avaient rien à voir avec l’œuvre de Corbucci, à des fins de promotion. On tentera à Nero de lui faire raviver l’aura de son héros vengeur à diverses reprises de la même manière qu’Eastwood flinguera du bandit le regard dur avec un verbiage rare et tranchant. Alors qu’une troisième suite de Django – nommée Django Lives! –est en cours de production, après un deuxième volet très discutable sorti en 1987, le mythe initié par Corbucci et son équipe semble plus vivant que jamais, ravivé par cette édition signée Carlotta Films.

Django shoots in Blu-ray

Django nous revient dans une nouvelle restauration 4K menée par la Fondation Cinémathèque de Bologne et Surf Films à partir des négatifs image et son, et réalisée au laboratoire de l’Immagine Ritrovata en 2018 – dont la signature visuelle (notamment colorimétrique) est heureusement peu significative.

Autant dire que les possesseurs de l’édition DVD de Wild Side auront un nouveau projectile avec lequel jouer au frisbee, tant la comparaison avec le Blu-ray est sans appel. En effet, ce nouveau master, présentant la version intégrale (déjà présente sur le DVD) est bluffant. Détail, colorimétrie équilibrée et texture organique sont au rendez-vous, bien supportés par l’encodage supervisé par Carlotta Films. Quelques plans peuvent manquer de définition, et le générique est en peu deçà du reste du film, comme souvent à cause des nombreux procédés photochimiques utilisés pour les constituer. Rien de dramatique donc, le spectacle est au rendez-vous.

Du côté du son, la VF, très sympathique, est définitivement en retrait au niveau technique : les voix sont trop mises en avant et la piste est déséquilibrée en termes d’effets sonores. La version originale italienne règne en maître, tandis que la version anglaise, effectivement restaurée, en ressort avec un rendu qui sonne faux.

L’expérience du long métrage est complétée par plusieurs bonus substantiels présentés en haute définition. Le cinéaste Alex Cox présente Django le temps d’une bonne dizaine de minutes, revenant sur le contexte de sa découverte du film – en travaillant pour un distributeur -, ainsi que sur les raisons qui font de Django un chef d’œuvre du genre et l’un des grands films du cinéaste Sergio Corbucci avec, notamment, Le Grand Silence. On trouve ensuite deux récents entretiens signés par l’éditeur britannique Arrow, l’un avec Franco Nero, l’autre avec Ruggero Deodato. Les deux bonhommes reviennent sur la genèse du film, leur place sur le projet ainsi que leurs contributions respectives, la production relativement improvisée/préparée du long métrage ainsi que sa postérité. Si les deux compléments sont intéressants, ceux ayant regardé l’entretien avec les mêmes hommes – présent sur l’édition DVD et disponible ici – n’en apprendront pas beaucoup plus.

Enfin, en plus de la bande-annonce originale restaurée, on note un entretien avec Nori Corbucci, la femme du cinéaste, qui revient elle aussi sur la genèse du projet avec une autre vision que les précédents interlocuteurs, ainsi que sur différents traits qui caractérisent le cinéaste et son oeuvre.

Django nous revient donc dans une formidable édition Blu-ray signée Carlotta Films.

Bande-annonce – Django (1966)

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES

BD50 – MASTER HD – 1080/23.98p – ENCODAGE AVC – Version Italienne / Version Anglaise / Version Française DTS-HD MA 1.0 – Sous-titres français – Format 1.66 respecté – Couleurs – 1966 – Italie – Durée : 92 mn

COMPLÉMENTS

Alex Cox à propos de Django (14 mn)

Django ne meurt jamais (26 mn)

Le Cannibale du Far West (26 mn)

Sergio, mon mari (28 mn)

Sortie le 3 novembre 2021 – Prix public indicatif : 20 Euros

Edition Prestige Limitée Combo Blu-ray + DVD + Memorabilia : 28 Euros

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