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Radin !, un film de Fred Cavayé : Critique

On ne sait pas trop comment aborder Radin!. La bande-annonce nous le vend comme une comédie, portée par Dany Boon, avec la complicité de Laurence Arné.

Synopsis : François Gautier est radin. Et pas qu’un peu. Il se nourrit essentiellement de riz et de demi-steak hachés, conserve des sauces de 2006, refuse de dépenser le moindre centime qui ne serait pas vital (et encore.) Jusqu’à ce qu’une jeune fille, Laura, débarque chez lui en lui annonçant être sa fille.

Et c’est ce que s’amuse à nous faire croire le film pendant toute la première partie. Dès le début, la dispute des parents donne le ton. Puis les blagues s’enchaînent, tournant essentiellement autour de la radinerie du personnage principal. François Gautier est ici réduit à un seul trait qui le caractérise, un peu comme le faisait déjà Molière, avec son Harpagon, son Tartuffe et bien sûr, son Avare. Petit problème cependant : chez le maître comique, les personnages sont drôles parce qu’ils sont enfermés dans leur défaut. Dans Radin!, ce n’est pas le cas. Bien au contraire, le personnage de Dany Boon est très vite identifié en victime, ce qui prête plus à la pitié qu’au rire. Ce triste sentiment se trouve d’ailleurs cristallisé par cette réplique de Laurence Arné, que l’on pourrait presque appliquer au film « Mais arrête, c’est pas drôle, tu vois bien qu’il est bouleversé. »

Mais le film ne n’arrête pas là et continue dans une seconde partie où on ne rigole plus de la réaction de Dany Boon face au quotidien, mais des conséquences de ses actes. Un des gros problèmes de Radin! est l’absence de scénario cohérent. Ce n’est qu’une suite de sketchs qui s’enchaînent sans réel lien, si ce n’est la récurrence des personnages. Au bout d’une heure quinze, le spectateur ne sait toujours pas où le film veut vraiment l’emmener. Mais on sait que dans cette histoire, il faut que le radin découvre qu’il faut être gentil et donner (notez au passage la morale simpliste au possible). Pour venir à bout de ce François Gautier, pingre dans toutes les situations possibles, les scénaristes Nicolas Tuche et Laurent Turner placent le personnage au pied du mur en un coup de baguette magique avec la situation suivante (spoil) : « En fait, depuis le début, sa fille elle est malade et y’a que son père qui peut lui donner un organe pour la sauver ». Sérieusement.

Il semblerait que la seule chose qui puisse sauver le spectateur de l’ennui soit son rapport subjectif à la persona de Dany Boon. Toutefois, il faut noter que Laurence Arné (Working Girlsa un style de jeu qui fonctionne assez bien, là ou par contre Noémie Schmidt surjoue à fond (mais ne lui en tenons pas rigueur, son rôle était de toute façon mal écrit) et Patrick Ridremont en fait trois tonnes. Reste le plus étonnant : les références cinématographiques. Mais encore une fois, ça ne marche pas du tout car elles sont mal exploitées. Tout le personnage de Dany Boon, mis à part sa radinerie, fait référence au personnage de Pierre Richard dans Le Grand Blond avec une Chaussure Noire : ils sont tous deux violonistes dans un orchestre, et jouent le même air. Mais cela s’arrête là. L’autre grosse référence est celle à Shining, où Dany Boon imite le moment emblématique où Jack Nicholson a sa tête dans la porte. Cela fait rire le cinéphile sur le coup, peut-être, mais quel dommage que ce ne soit pas exploité plus que ça. Il aurait fallu que le film entier soit fait de citations parodiques dans ce cas (comme peut l’être Astérix et Obélix Mission Cléopâtre pour vous donner une idée.)

Radin! et Dany Boon ne vont pas redonner des points à la comédie française. Il faudrait pour cela élever un peu plus le niveau.

Radin! : Bande-annonce

Radin! : Fiche Technique

Réalisation : Fred Cavayé
Scénario : Nicolas Cuche et Laurent Turner, sur une idée originale de Olivier Dazat, adapté par Fred Cavayé
Interprétation : Dany Boon (François Gautier), Laurence Arné (Valérie), Noémie Schmidt (Laura), Patrick Ridremont (Cédric), …
Photographie : Laurent Dailland
Montage : Yann Malcor
Production : Patrice Arrat
Sociétés de production : TF1 Films et Mars Films
Genre : comédie
Durée : 89 minutes
Dates de sortie : 28 septembre 2016

France – 2016