Stinking Heaven, un film de Nathan Silver : Critique, Champs Élysées Film Festival

stinking-heaven-nathan-silver-film

Une esthétique étrange dans un éden fétide

Stinking Heaven est film est difficile à qualifier. Ce qui frappe en premier lieu c’est son esthétique vintage. Filmé avec une ancienne caméra des années 70 pour la télévision, l’image rendue est proche de celle du film Computer Chess de Andrew Bujalski. S’ajoute à cela une photographie saturée, psychédélique, et bruitée figurant une ambiance étrange des années 90.
Tout au long du film, est présente une oppression particulièrement renforcée par l’insistance des close-ups. Stinking Heaven, signifiant « Paradis puant » qualifie parfaitement ce décor étouffant et moite. Le fait d’avoir été tourné sans script et avec une bonne part d’improvisation se répercute dans une mise en scène relativement brouillon.

Loin de la société, proches des démons intérieurs

Un film vraiment spécial, qui aborde la vie à l’image de celle d’une secte, sans porter de jugement accusateur comme il a été possible de voir auparavant dans des films comme Martha Marcy May Marlene. Ici, on retrouve des gens qui tentent de créer leur propre paradis à l’écart de la société mainstream. Des liens se font et se défont au sein de cette famille de substitution. Et avec le retour d’Ann, ce sont des blessures qui se rouvrent.
Tragiquement, leurs passés respectifs refont surface de manière violente et imprévisible. Des scènes particulièrement frappantes ont lieu lors de séances de groupes. Dans un jeu de rôle, chacun doit revivre un moment traumatique de son passé. Episode violent qui les pousse à la sobriété. Ces scènes stéréotypée de victimes livrant leur problème, donnent au spectateur un sentiment de malaise perturbant.
Cependant, il est appréciable aussi de voir des figures féminines fortes au milieu d’un univers pourtant dominé par les hommes. Principalement Hannah Gross, rouquine aux allures à la fois d’ange et de démon, qui s’impose naturellement. Malgré de bonnes actrices, les personnages secondaires autour de la famille manquent quant à eux de profondeur.

Ambiance grunge des années 90

Le film aborde les problèmes d’addiction aux drogues dans les années 90 où les centres de désintoxication n’étaient pas encore accessibles. Le problème de dépendance n’est en réalité que l’image d’un mal irréversible qui empoisonne chacun. Même s’ils sont enfermés au sein d’un univers détaché, le mal dont il souffre ne s’efface pas. Leur recherche de rédemption et de sobriété s’avère plus difficile que prévu.

Etant un film indépendant, une partie de son financement provient de crowd-funding grâce au fameux site Kickstarter. Il n’a certes pas bénéficié d’un budget énorme mais n’a pas non plus une visée commerciale. Ce film n’est pas destiné au grand public, les curieux et les fans du genre expérimental pourraient cependant y trouver leur compte.

Synopsis : Dans les années 90, banlieue poisseuse du New Jersey, une communauté de marginaux vit retirée de la société pour fuir leurs addictions. Malgré les disputes et les problèmes individuels, Jim (Keith Poulson) et Lucy (Deragh Campbell), pionniers du groupe, ont réussi à créer un véritable havre de paix. Leur harmonie va être perturbée lorsque Ann (Hannah Gross), ancienne droguée et ex-petite amie d’un des membres de la communauté s’intègre à leur groupe.

Stinking Heaven : Bande annonce

Stinking Heaven : Fiche Technique

Titre original : Stinking Heaven
Date de sortie :13 juin 2015
Nationalité :Américaine
Réalisation : Nathan Silver
Scénario : Nathan Silver, Jack Dunphy
Interprétation : Deragh Campbell, Keith Poulson, Hannah Gross, Eléonore Hendricks, Tallie Medel, Henri Douvry, Jason Giampietro, Jason Grisell, Eileen Kearney, Larry Novak
Musique : Danny Bensi, Saunder Jurriaans
Photographie : Adam Ginsberg
Décors : NR
Montage : Stephen Gurewitz
Production : Rachel Wolther
Sociétés de production : NR
Sociétés de distribution : NR
Budget : NR
Genre : Drame
Durée :70 mins
Récompense(s) : NR