19 novembre 2015: Deuxième jour du Paris International Fantastic Film Festival
14 heures : Premier film de la journée, Some kind of hate est une autre production indépendante américaine et une première réalisation de la part d’Adam Egypt Mortimer. En voulant s’essayer au sous-genre ultra-balisé du slasher, ce jeune metteur en scène fait le choix audacieux de prendre pour support narratif un sujet malheureusement bien réaliste, le harcèlement scolaire. Alors que l’horreur de cette thématique réussit, dans la première demi-heure, à se suffire à elle-même, l’intervention de la dimension surnaturelle du film, à travers un boogeyman véritablement effrayant (interprété par une ancienne starlette estampillée Diney Channel !) sera le déclencheur d’une explosion de violence sanglante qui trouvera son paroxysme dans un final cauchemardesque. Une violence que le volume poussé jusqu’au bord de la saturation du son a rendu d’autant plus palpable et sensorielle. Sans doute le film le plus radical de la compétition.
16 heures 30: La séance culte de ce deuxième jour du PIFFF 2015 est une œuvre, encore une fois mésestimée, de George A. Roméro. Alors qu’il venait d’achever la trilogie des mort-vivants à laquelle son nom sera à jamais associé, Incidents de Parcours est son premier film de studio, une expérience qui, comme souvent pour une réalisateur ayant fait leurs gammes dans le ciné indé, sera compliquée, au point que ce titre français semble mieux approprié que jamais. C’est sans doute sous la pression de producteurs aux velléités uniquement commerciales que sa mise en scène s’est édulcorée au point que le film semble impersonnel. Heureusement, alors que le scénario aurait pu être propice à une fable enfantine pétrie de bon-sentiments, l’amoralité que le réalisateur met dans cette réflexion sur la part d’animalité qui repose en l’Homme (une thématique déjà perceptible dans sa conception des zombis) lui apporte une part de subversion assez mesquine.
19 heures 30 : C’est encore une fois devant une salle pleine à craquer que les animateurs du Festival présentèrent la séance de ce soir. Evolution est le second long-métrage de Lucile Hadzihalilovic, une réalisatrice française peu connue du grand public mais que les amateurs et les habitués du PIFFF connaissent bien puisque, en plus d’être la femme de Gaspar Noé, elle était membre du jury lors de la première édition. Ce film dérangeant tourné dans les îles Canaries débute à la manière d’une œuvre contemplative profitant de magnifiques plans sous-marins mais tourne au huis-clos cauchemardesque dans une clinique terriblement glauque. Mais, là encore, c’est le rapport entre humain et animal qui est au centre du récit puisque le mystère que devra résoudre un jeune garçon n’est rien de moins que l’origine du lien qui l’unit à certains animaux maritimes qui l’entourent. Un film véritablement perturbant sur le fond comme sur la forme dont la réalisatrice nous a expliqué que sa gestation date d’il y a plus de dix ans.
22 heures: Parce que le PIFFF ne serait pas complet sans sa part de cinéma japonais et que les sélectionneurs du Festival apprécient tout particulièrement le fétichisme détraquée dont les nippons sont spécialistes, c’est cette année un film de Sono Sion qui a rempli la tâche. Le plus prolifique des réalisateurs japonais (au point que même ses fans reconnaissent que certains de ses films sont bâclés !) signe avec The Virgin Psychics l’adaptation d’un manga complètement allumé. Et pourtant, dans cette comédie érotique autour d’un jeune homme qui acquiert des pouvoirs en se masturbant et devra canaliser ses érections face à des armadas de nymphettes en petites tenues, une pointe de romantisme semble, par instants pointer le bout de son nez. Toutefois, les outrances vulgaires reprendront toujours le dessus, au point de rendre crédibles les rumeurs comme quoi Sion désire en revenir au porno dans lequel il avait autrefois fait ses débuts.
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