Ouverture du Festival Lumière 2017 : entre hommage et célébration

Sebastien Guilhermet Redacteur en Chef

« Show must go on » pour l’Ouverture du Festival Lumière 2017. La cité lyonnaise a accueilli, ce samedi 14 octobre, la 9ème édition du Festival : une soirée d’ouverture marquée par les multiples hommages à un parterre de stars (Eddy Mitchell), par les présentations des master class dédiées à Guillermo Del Toro ou Tilda Swinton et par une projection remastérisée de La Mort aux Trousses d’Alfred Hitchcock.

Le Festival Lumière qui agite la ville de Lyon chaque année depuis maintenant presque une décennie n’est pas un festival comme les autres. Rempli de films contemporains à l’éclectisme certain, cet événement se veut surtout être une rencontre entre le cinéma et le public, à l’image de cette soirée d’ouverture où les stars et le public se côtoient avec bonhomie comme en témoigne ce « Hola Cabrones » de Guillermo Del Toro et d’Alfonso Cuaron adressé aux spectateurs de la Halle Tony Garnier. D’ailleurs, Thierry Frémaux ne cessera de le répéter durant cette commémoration inaugurale : ce festival clame son amour pour le cinéma, un cinéma « pour tous », un cinéma qui appartient à chacun d’entre nous. Et il ne s’y trompe pas, car le public est déjà acquis à sa cause. Dès 15h30, sous un soleil de plomb, la marée lyonnaise commença à s’amasser devant les strates de la Halle Tony Garnier, lieu de la soirée. Dans la foule qui se regroupe, les sentiments sont divers, entre l’enthousiasme de parcourir les salles de cinéma durant toute la semaine pour voir quelques petites pépites et l’attente populaire de voir enfin les têtes connues arpenter le tapis rouge du festival.

C’est alors sous la chaleur mais dans la bonne ambiance que la soirée d’ouverture du Festival Lumière 2017 débute. Chacun sillonnera les stands de sandwich ou de tee shirt à l’effigie de Wong Kar Wai, prix Lumière 2017, pour trouver la meilleure place possible et entendre finalement « The Ecstasy of Gold » d’Ennio Morricone retentir, ce qui annonce l’entrée des stars dans les gradins. Alors que les célébrités défilent les unes après les autres, dans le sourire et avec un Thierry Frémaux enjoué et chaleureux – que ce soit Alexandre Desplat, Tilda Swinton ou même Michael Mann, et Alfonso Cuaron – c’est Catherine Frot qui gagnera le match des applaudimètres avec un accueil extrêmement chaleureux. Mais la star de la soirée était belle et bien Eddy Mitchell, comme l’indiquait la Une du journal du Festival avec son titre « tapis rouge pour Monsieur Eddy ». « Pas de Boogie Woogie » raisonne  alors et la salle se lève dans une Standing ovation pour un Eddy Mitchell aux anges.

Thierry Frémaux n’a pas encore pris le micro de la soirée que le public est déjà conquis. Tout le monde se rassied dans une certaine allégresse puis le maître des lieux prend enfin la parole pour dévoiler le déroulement de cette semaine vouée au cinéma, avec près de 180 films à l’affiche. De son discours, on sent un attachement certain pour ce festival, une fierté, une passion qui est communicative, et une envie de la partager avec son public : des vidéos montrant les films qui seront présentés cette semaine, des montages vidéodisques émouvants, des multiples remerciements pour les personnalités du festival et de cette soirée, un karaoké géant avec le public sur « La Dernière Séance » d’Eddy Mitchell, des petites blagues avec son compère Jean-Michel Aulas, Thierry Frémaux embrasse alors son événement en plein coeur.

Mais derrière ses multiples congratulations, qui peuvent paraître d’usage et consensuelles, et faire de cette soirée d’ouverture une grande kermesse de flatteries auto-satisfaites mais jamais gratuites, la soirée se voit tout de même embellie par un amour du cinéma des plus sincères : que ce soit le sourire ému d’une élégante et sublime Tilda Swinton ou les interventions de Bertrand Tavernier assorties d’un coup de gueule humble et beau contre la « nécrologie rance » de Didier Péron sur la carrière de l’acteur du « Crabe Tambour », Jean Rochefort. Tavernier parlera également de « Coup de torchon » et de sa collaboration avec Eddy Mitchell, avec un amusement certain. Non sans rire, il dira que pour jouer « un personnage aussi bête » que Nono, il lui fallait un acteur « extrêmement intelligent ». Avec dignité, le réalisateur voit alors la soirée prendre une autre ampleur et met enfin le cinéma au centre des festivités. Au-delà de Jean Rochefort, le festival n’oublie pas d’autres disparus, comme cet hommage à Jerry Lewis.

Comme indiqué auparavant, le Festival Lumière est une fête du cinéma où l’on verra l’antre fantastique d’un Guillermo Del Toro côtoyer la beauté filmique d’une Tilda Swinton et, la magie visuelle d’un Wong Kar Wai s’accouder au cinéma nébuleux d’un Henri-Georges Clouzot. Loin du tumulte d’Hollywood et des affaires d’Harvey Weinstein, le Festival Lumière applaudit le cinéma, ouvre ses portes à son public dans la simplicité et la joie mais aussi dans l’absence du Prix Lumière Wong Kar Wai qui, comme à l’accoutumée, sera présent pour la soirée de fermeture. C’est alors que la soirée se finit par la projection remastérisée et permise par la Warner de La Mort aux Trousses d’Alfred Hitchcock. Même si presque tout le monde connait le film, c’est avec un grand plaisir que l’on redécouvre cette œuvre d’espionnage sur grand écran qui symbolise parfaitement le Festival Lumière : un cinéma qui allie technicité cinéphile et aura populaire. Et ça fait beaucoup de bien. Bon festival à tous ! 

Ici, le programme du Festival.