Après cinq jours de festival, il est temps de dire au revoir à la belle ville de Gérardmer pour cette année 2017. Mais avant de partir, encore deux films ont pu être visionnés, la sensation Grave et un film d’exorciste hongkongais.
[Compétition] Grave de Julia Ducournau (France, Belgique, 2016)
On ne dira jamais assez tout le bien que l’on peut penser de Grave, le premier film de Julia Ducournau. Véritable phénomène ayant déjà tout dévasté sur son passage au FEFFS et au PIFFF entre autres, le film se pose réellement comme le renouveau du film de genre en France. Prenant un thème plutôt commun aux teen movies, qui est l’éveil de soi et une découverte de son corps, Grave décide de traiter tout cela d’une façon originale et frontale avec l’angle du cannibalisme. La jeune Justine, archétype de la fille ingénue et encore innocente, se voit donc confronter à ses instincts les plus primaires après avoir ingurgité un rein de lapin lors d’un bizutage. Grave aura secoué les audiences, par son aspect particulièrement cru. Le traitement viscéral et charnel de la métamorphose de Justine est d’une forte intensité, et contraste avec l’atmosphère un peu plus légère que peut proposer le long-métrage à certains moments (notamment lors des interventions de Adrien, le colocataire). Grave est un film à la fois malin et possédant un caractère très borderline, sans jamais tomber dans le grotesque, le tout couplé à une certaine portée féministe. Garance Marillier et Ella Rumpf n’auraient pas pu être à la fois aussi semblables et aussi différentes, et leur alchimie fonctionne à la perfection. Il n’est donc pas étonnant de voir Grave, repartir des Vosges avec le Grand Prix (ainsi que le Prix de la Critique), tellement il a réussi à apporter une fraîcheur qui manquait cruellement au cinéma de genre français.
Réalisé par Julia Ducournau avec Garance Marillier, Ella Rumpf, Naït Oufella Rabah, Laurent Lucas, Joanna Preiss. Sortie en salles le 15 mars 2017.
[Hors compétition] Keeper of Darkness de Nick Cheung (Hong-Kong, 2015)
Après de nombreuses productions anglophones, il est temps de finir le festival sur une œuvre asiatique et plus précisément venue de Hong-Kong. Keeper of Darkness est le deuxième film de Nick Cheung, qui campe également le personnage principal. Le synopsis peut très vite faire penser à la série américaine Ghost Whisperer, en effet Fatt est un exorciste particulier qui entre en contact avec les esprits et essaie de leurs faire oublier leurs douleurs et rancœurs. Bien évidemment, les esprits sont ici beaucoup plus colérique que dans la série de Jennifer Love Hewitt. Fatt va être confronter au fantôme d’un homme dont la famille a été brûlée vive et qui se met à assassiner tout les exorcistes du coin. Keeper of Darkness est un film qui porte la marque de fabrique du cinéma hong-kongais à bien des égards, que cela soit au niveau de ses effets spéciaux, de ce traitement du mysticisme ou encore dans sa direction d’acteurs. Cocktail d’action, d’humour et de romance, flirtant à de nombreux moments avec le kitsch, Keeper of Darkness est une petite sucrerie. Le film possède de nombreux défauts, mais cette imperfection lui apporte un certain charme. On a bien évidemment ces CGI pas tellement au point et qui témoigne du manque de moyen, et on aurait pu éviter cette avalanche de niaiserie dans ces dernières minutes. Le long-métrage de Nick Cheung reste tout de même une belle façon de terminer cette 24ème édition du Festival de Gérardmer.
Réalisé par Nick Cheung avec Nick Cheung, Amber Kuo, Louis Cheung, Sisley Choi. Date de sortie inconnue.
C’est donc sur ces deux films que la présence de Cineseries-mag au festival de Gérardmer touche à sa fin. Pour cette 24ème édition, la programmation a été globalement de bon niveau avec des films de genre très différents allant du film d’infectés, au film d’horreur oppressant en passant par une science-fiction intelligente. Le palmarès reflète plutôt bien les avis de la rédaction, entre Grave, vainqueur mérité du Grand Prix ou The Girl with all the gifts qui a réussi à obtenir le plébiscite du public. Gérardmer reste donc une très belle occasion de découverte avec des œuvres de tous horizons dont certaines n’obtiendront malheureusement pas la distribution méritée, mais c’est un peu ça la beauté de festivals comme celui-ci, cet aperçu de petites pépites inconnues.