L’une des prêtresses du cinéma d’auteur américain revient une seconde fois en compétition officielle au dernier Festival de Cannes, avec ce qui devait être son film le plus accessible. Mais force est de constater qu’il va probablement de nouveau satisfaire les aficionados de son cinéma, tout en confortant tout aussi sûrement ses détracteurs. Avec The Mastermind, on sort de la projection en se demandant : « What’s the point ? ». En s’essayant au film de braquage et de cavale à sa sauce, elle ne propose rien de plus qu’un long-métrage à l’encéphalogramme plat, où il est bien difficile de trouver des qualités et où l’ennui demeure le maître mot.
Synopsis : Massachussetts, 1970. Père de famille en quête d’un nouveau souffle, Mooney décide de se reconvertir dans le trafic d’œuvres d’art. Avec deux complices, il s’introduit dans un musée et dérobe des tableaux. Mais la réalité le rattrape : écouler les œuvres s’avère compliqué. Traqué, Mooney entame alors une cavale sans retour.
Mais que diable Kelly Reichardt a-t-elle bien voulu nous dire ou nous faire ressentir avec ce film triste et morne comme une journée pluvieuse d’hiver ? On sort de là circonspect, avec la désagréable impression d’avoir perdu près de deux heures de notre temps. The Mastermind compile la Sainte-Trinité de l’ennui : un long-métrage lent, long et monotone. Dès les premières minutes, on sent venir l’entourloupe pour qui n’adhère pas à ce cinéma oscillant entre le contemplatif poseur et le néant narratif (mais prétentieux).
Reichardt est devenue avec le temps un fer de lance du cinéma d’auteur élitiste américain. Pas le cinéma indépendant que l’on retrouve dans les cérémonies de récompenses prestigieuses, mais celui, pointu et peu facile d’accès, qui se positionne comme plus underground et que l’on retrouve peut-être davantage à Sundance. Hermétique et souvent austère, son cinéma peut parfois révéler quelques qualités. En revanche, si l’on éprouve d’emblée une aversion pour lui – et pour celui de la cinéaste en particulier – il est peu probable que cet opus change la donne, bien qu’il se présentait comme son œuvre la plus accessible.
Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes cette année, le film permet à la cinéaste d’entrer pour la seconde fois dans la course à la Palme d’or, après le plus sympathique mais anodin Showing Up. Reparti bredouille mais plutôt bien accueilli, The Mastermind entre clairement dans la case de ces œuvres admirées par une certaine critique élitiste, mais peu appréciées du grand public (un tour sur Metacritic suffit à le confirmer). Quand on voit les louanges reçues par The Mastermind, on a l’impression d’être à côté de la plaque si on n’a pas du tout apprécié – presque le genre de film qui nous donne le sentiment de n’avoir rien compris ou d’être bête…
Mais qu’y a-t-il à comprendre dans un film qui semble s’orienter vers le film de braquage et de cavale, mais en le rendant le plus anti-spectaculaire et pachydermique possible ? Tout est interminable pour rien. Les scènes sont étirées au possible, ou complètement inutiles, comme celle où le personnage principal cache les toiles dans une grange pendant cinq bonnes minutes ! Il n’y a aucune tension, aucun véritable point d’achoppement pour saisir les actions du personnage. Alors, on peut saluer une reconstitution d’époque soignée et discrète, et quelques passages qui élèvent un peu l’intérêt (les séquences chez le couple formé par Gaby Hoffmann et John Magaro), mais cela ne permet pas de valider une telle proposition.
Pire, les acteurs n’ont rien à jouer de substantiel. Josh O’Connor, excellent acteur d’habitude, semble se demander ce qu’il fait là, quand Alana Haim n’a absolument rien à jouer. C’en est même révoltant. Autre aspect complètement raté de The Mastermind : sa bande originale. Le choix d’un accompagnement sonore jazzy aurait pu convenir et emballer correctement les images. Mais ces tambours et trompettes stridents et incessants, composés par Rob Mazurek, fatiguent nos oreilles et deviennent très rapidement rébarbatifs et particulièrement agaçants.
La guerre du Vietnam résonne tout au long du film. Comme si Reichardt voulait mettre en parallèle le parcours peu conventionnel – et tout sauf passionnant – de ce jeune homme, pendant que la conscription pèse au-dessus de toutes les têtes (masculines). Cependant, cela ne reste qu’ébauche, tout comme le discours sur le milieu de l’art ou la psychologie sommaire du personnage principal. On s’ennuie ferme devant ce film austère, triste et taiseux. Il paraît que la cinéaste aurait réinventé le film de braquage avec The Mastermind. Il vaut mieux être sourd que d’entendre ce genre de choses… En revanche, les aficionados de son cinéma devraient, en toute logique, apprécier. Bon courage à eux !
Bande-annonce – The Mastermind
Fiche technique – The Mastermind
Réalisatrice : Kelly Reichardt.
Scénariste : Kelly Reichardt.
Production : MUBI.
Distribution : Condor Distribution.
Interprétation : Josh O’Connor, Alana Haim, John Magaro, Gaby Hoffman, Hope Davis, Bill Camp, …
Genres : Thriller.
Date de sortie : 4 février 2026.
Durée : 1h50.
Pays : USA.




