Compétition Officielle : The Free World, réalisé par Jason Lew.
Synopsis : Après avoir été relâché de prison pour un crime qu’il n’a pas commis, Mo est déterminé à s’adapter à la vie dehors. Lorsque son monde se heurte à celui de Doris, une mystérieuse femme au passé violent, il est décidé à risquer sa liberté retrouvée afin de la garder dans sa vie.
Pour son premier long-métrage, Jason Lew ne fait pas les choses à moitié. Parcourant les festivals mondiaux, que ce soit Sundance ou Deauville , le réalisateur qui se dit amoureux de la France, a eu -de son aveu, l’occasion avec The Free World de prouver qu’il s’investit à fond dans ses projets, quitte à y déposer tout son être. Une démarche rare qui augurait en somme déjà du meilleur. Mais si le long-métrage du réalisateur américain peine à démarrer et à se trouver une réelle identité durant la première demi-heure, il est bon de s’accrocher pour au final découvrir un film saisissant par la forme, mais également captivant par le contenu. The Free World déstabilise et dérange par ses premières minutes tant l’immersion du spectateur dans le scénario est progressive et compliquée. Nos protagonistes se cherchent et l’intrigue tarde à se dévoiler. Jason Lew a des idées et sait où amener le spectateur, cependant on aurait pu préférer des issues moins complexes afin de ne pas s’enliser dans une brume que l’on peine à percer. La dimension amoureuse fait parfois ainsi du mal à la puissance narrative dramatique du film. Malgré tout, la fin nous procure d’intenses émotions dans lesquelles le bonheur se mêle à la déception et ou la tristesse se joint à la crainte. Mais outre plusieurs idées narratives, le réalisateur propose un vrai travail technique avec entre autres une photographie léchée (certaines scènes étant de réelles perles) et un travail sur la lumière parvenant à instaurer un microcosme glaçant, allant jusqu’à faire frémir le spectateur. Par ailleurs, nos deux protagonistes sont parfaitement incarnés et peuvent faire penser aux personnages de Midnight Special de Jeff Nichols, tant leurs attitudes sont caractéristiques, même si le jeu d’Elisabeth Moss présente quelques faiblesses et est légèrement ombragé par l’interprétation de Boyd Holbrook qui donne de sa personne comme jamais, ce qui fait de The Free World une histoire d’amour qui chavire dans le thriller.
Avant-première : Collide, réalisé par Eran Creevy.
Synopsis : Un jeune homme évolue au milieu d’un vaste réseau de trafic de drogue. Au volant de camions, il se retrouve vite impliqué dans une escroquerie et doit fuir en Allemagne, sur les gigantesques autoroutes du pays.
Collide se présente comme le blockbuster de cette nouvelle édition du festival. Ne pouvant que faire penser à Fast & Furious par son mélange de vitesse et trafic de drogue, le troisième long-métrage d’Eran Creevy que ce soit dans le scénario ou dans les moyens techniques mis en œuvre pour satisfaire le public, est un échec absolu. A ce titre, on notera la place des effets spéciaux, particulièrement laids et vulgaires et dont le réalisme fait peine à voir. Un constat cinglant auquel se joint un montage dépourvu de sens, où la même scène est montrée sous différents points de vue, histoire d’impressionner le spectateur et de mettre à contribution tous les effets pyrotechniques balancés lors des courses de voiture. De plus, on ne pourra que déplorer la présence d’un scénario empilant les clichés et poncifs inhérents au genre, quitte à utiliser kyrielle d’idées largement usitées ailleurs et qui flinguent notamment le twist, terriblement convenu et banal.
Enfin, on ne pourra qu’être exaspéré du casting. Anthony Hopkins ne semble plus savoir quoi faire de son temps et vend désormais son image dans des films ridicules et peu passionnants, quitte à se décrédibiliser toujours un peu plus. Malheureusement, Collide rafle également une autre légende en la personne de Sir Ben Kingsley, qui est ici au summum du grotesque puisque constamment sous drogue et grimé d’une paire de lunettes de soleil clouées sur le nez et d’un gros manteau de fourrure, rappelant par moments le stéréotype du baron de la drogue hollywoodien. On pourra toutefois relever un point positif à Collide : outre la prestation de Felicity Jones qui est tout à fait respectable, il s’agit de la bande-originale. Musiques de DJ mises à part, Eran Creevy est parvenu à faire d’excellentes associations musicales dans certaines scènes du film. De quoi apporter une touche de douceur au milieu de tous les carambolages et accidents de la route qui parsèment le film.