Après sa mini-série Fiertés sur Arte et le succès de Fatima, Philippe Faucon atterrit à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2018. Venu présenter Amin, le cinéaste, très ému, propose un film qui lui ressemble.
Après avoir vu l’originalité se dégager de son projet de série Arte, on espérait que Faucon avait quelque peu changé sa manière de faire du cinéma mais il n’en est rien. Le réalisateur continue à être dans l’économie d’écriture et livre un film sans réel enjeu dramatique. La monotonie constante de son cinéma commence à lasser et pourtant, l’homme a des choses à dire, à prouver et s’intéresse aux gens qui méritent d’être mis en lumière. Si ses films leur rendent forcément hommage, ils ne touchent pas pour autant tous les spectateurs, endormis par tant de longueurs et si peu de fulgurances. Faucon ne propose rien de nouveau dans son cinéma que l’on commence à connaître par cœur et livre un film juste mais sans rien d’exceptionnel.
Amin a le mérite de traiter d’un sujet important : l’immigration, en prenant comme personnage principal un immigré sénégalais obligé de laisser toute sa famille dans son pays natal et de lui envoyer de l’argent, son salaire gagné en France. Moustapha Mbengue est comme Soria Zeroual l’était dans Fatima, très méritant dans son rôle. Bien que le déchirement des migrants et leur éloignement avec la famille est très touchant, les émotions auraient pu être plus intenses si le cinéaste avait dirigé les acteurs de manière plus franche. L’empathie éprouvée pour les personnages n’est pas royale bien que présente et l’on ne sent pas l’amour émaner des personnages donc on ne peut pas rentrer dans l’histoire. Comme dans Fatima, le cinéaste prend le temps de mettre en lumière des héros du « quotidien » qui vivent dans des situations difficiles et s’interroge sur les injustices de nos sociétés actuelles mais sans jamais proposer de réelle envolée. Le film ne s’achève même pas sur l’intrigue principale mais sur un personnage dont on parle très peu. À force de se vouloir porte-parole d’une population en besoin, le cinéaste perd son public et son cinéma. On retiendra le joli clin d’œil à son actrice de Fatima pendant une scène de quelques secondes qui rappelle à toute l’humanité ce que le cinéaste a en lui.
Bande-annonce : Amin
Synopsis : Amin est venu du Sénégal pour travailler en France, il y a neuf ans. Il a laissé au pays sa femme Aïcha et leurs trois enfants. En France, Amin n’a d’autre vie que son travail, d’autres amis que les hommes qui résident au foyer. Aïcha ne voit son mari qu’une à deux fois par an, pour une ou deux semaines, parfois un mois. Elle accepte cette situation comme une nécessité de fait : l’argent qu’Amin envoie au Sénégal fait vivre plusieurs personnes. Un jour, en France, Amin rencontre Gabrielle et une liaison se noue. Au début, Amin est très retenu. Il y a le problème de la langue, de la pudeur. Jusque-là, séparé de sa femme, il menait une vie consacrée au devoir et savait qu’il fallait rester vigilant.
[Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2018]
Amin, un film de Philippe Faucon
Avec Moustapha Mbengue, Emmanuelle Devos, Ouidad Elma…
Distributeur : Pyramide Distribution
Genre : Drame
Durée : 1h 31min
Date de sortie 3 octobre 2018
Nationalité français