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Cannes 2018 : À genoux les gars d’Antoine Desrosières

Gwennaëlle Masle Responsable Cinéma LeMagduCiné

Présenté dans la section Un certain regard du Festival de Cannes 2018, À genoux les gars fait partie des films totalement dans l’ère du temps. Après l’affaire Weinstein et la libération de la parole des femmes, Desrosières réunit tout ce dont on avait besoin pour continuer sur cette lancée grâce à deux jeunes actrices incroyables porteuses des plus grandes voix féministes.

La qualité du scénario d’Antoine Desrosières mêlé au talent naturel des deux jeunes actrices font du film À genoux les gars une provocation fine pleine de sincérité. Entre humour et émotion, le cinéaste fait de Inas Chanti et Souad Arsane les voix d’une jeunesse féministe que l’on se plaît à écouter et regarder. « Et pourquoi tu veux pas me sucer ? Parce que je suis féministe. » Desrosières interroge nos représentations sociales les plus ancrées pour le grand plaisir de la salle où résonnent les éclats de rire. En faisant une suite indirecte à son moyen métrage présenté en 2015, le trio continue sur sa lancée avec pour ce projet une écriture collective se refusant à baisser les yeux. Les filles parlent franchement, sans honte, sans se cacher et refusent à tout prix la domination patriarcale en balançant leurs mots aussi brutalement qu’elles le pensent. C’est sans compter sur l’art corrupteur et persuasif de ceux auxquels elles sont opposées dans ce match de boxe sans fin où le gagnant sera celui qui humiliera le plus l’autre. Mais le ring n’est que le reflet de la société contemporaine qui nourrit la honte des femmes par les actes scandaleux des hommes. La force féminine est ici autant un sujet que son impuissance face au patriarcat intégré. Inutile de préciser davantage la portée politique que ce film possède mais l’on retiendra que ce qui est marquant c’est justement qu’il est bien plus que ça.

Toute la mise en scène et le jeu des registres marquent véritablement les esprits, parfois plus qu’un long métrage moralisateur. Le don naturel d’Inas Chanti et Souad Arsane, que le réalisateur avait déjà dirigées en 2015 dans Haramiste, pour être sœurs et complices en jouant le rôle de deux ados pleines de contradictions, est tout à fait remarquable. On ne se lasse pas une seconde du comique de situation hilarant dont fait preuve la jeune Yasmina, c’est d’ailleurs lui qui l’aide à s’en sortir, avec sa sœur. A l’instar de son personnage central, c’est aussi cet humour et ce décalage qui poussent le film au plus haut. Le mélange de tons offre au film une puissance salutaire dont les actrices ont su se saisir pour former des personnages atypiques qui leur appartiennent.

Extrait : À genoux les gars

Synopsis : En l’absence de sa sœur Rim, que faisait Yasmina dans un parking avec Salim et Majid, leurs petits copains ? Si Rim ne sait rien, c’est parce que Yasmina fait tout pour qu’elle ne l’apprenne pas. Quoi donc ? L’inavouable… le pire… la honte XXL, le tout immortalisé par Salim dans une vidéo potentiellement très volatile.

[Un Certain Regard au Festival de Cannes 2018 ]

À genoux les gars, un film de Antoine Desrosière
Avec Loubna Abidar, Souad Arsane, Inas Chanti, Mehdi Dahmane, Sidi Mejai…
Genre : Comédie
Distributeur : Rezo Films
Durée : 1h38mn
Date de sortie : 20 juin 2018

Nationalité : Français

Responsable Cinéma LeMagduCiné