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« Adam et Ève, la genèse » : un récit biblique mis en vignettes

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

La collection « La Sagesse des mythes » des éditions Glénat s’enrichit d’un nouveau titre, revenant sur le récit de la Genèse, de la création du monde aux terres d’Hénoch, en passant (bien entendu) par le Jardin de l’Éden.

Les écritures sacrées dépeignent le Jardin d’Éden comme un sanctuaire d’harmonie et d’innocence, généreux envers les hommes, à qui il offre un cadre de vie idyllique et hédoniste. Cependant, Ève cédant à la tentation du Diable, incarné par le serpent, ce lieu sacré devient le théâtre de passions, de désirs et de conflits qui forgeront dans la douleur le destin de l’humanité. Adam et Ève, la genèse narre, après la création originelle du monde, le récit de ce paradis perdu, d’une quiétude éphémère battue en brèche par un acte de désobéissance : la consommation du fruit de la connaissance.

Partant, Luc Ferry, Didier Poli, Clotilde Bruneau et Gianenrico Bonacorsi vont poursuivre leurs pérégrinations bibliques avec Caïn et Abel, les deux fils nés de l’union d’Adam et Ève. Caïn, le cultivateur, et Abel, le berger, effectuent des offrandes à Dieu, qui vont cristalliser leurs divergences. Caïn, consumé par la jalousie, commet l’irréparable et assassine son frère. « Suis-je le gardien de mon frère ? », demande-t-il à Dieu quand ce dernier se manifeste. Cette phrase, chargée de sens, pose la question fondamentale de la responsabilité de l’homme envers son prochain. Elle constitue aussi le début d’une longue déchéance à travers laquelle Caïn sera à la fois maudit et protégé.

Marqué par le Seigneur, le fils d’Adam et Ève est condamné à l’errance, mais protégé contre la vengeance, comme en témoigne l’attitude passive d’une bête sauvage dont il croise la route. Au fil du temps, Caïn fonde une famille, lignée éprouvée et nomade. Parmi ses descendants, on compte Hénoch, qui donnera son nom à un royaume.

Les terres d’Hénoch, souvent moins évoquées que les récits précédents, symbolisent en quelque sorte la capacité de l’homme à construire malgré ses fautes passées. C’est avec la perspective d’une grandeur recouvrée malgré les épreuves que l’album, clair et didactique, se clôture. Dans son appendice, Luc Ferry propose un dossier philosophique, déconstruisant à sa façon la figure symbolique du serpent et l’acte de désobéissance d’Ève, cherchant à s’élever au niveau des Dieux.

Le Jardin d’Éden, Adam et Ève, Caïn et Abel, et finalement le Royaume d’Hénoch : autant d’étapes qui tracent l’évolution de l’humanité selon une lecture biblique, mêlant aspirations, déchirures et quête de rédemption. Très accessible, assez peu dialogué, Adam et Ève, la genèse éclaire avec talent les récits qu’il adapte.

Adam et Ève, la genèse, Luc Ferry, Didier Poli, Clotilde Bruneau et Gianenrico Bonacorsi
Glénat, septembre 2023, 56 pages

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