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Séries américaines automne 2016: portrait de pilotes des nouvelles comédies

« Better Thing », « Easy », « Loosely Exactly Nicole », « Graves », « Speechless », « People of Earth »… Tour d’horizon des Nouvelles Comédies Automne 2016 à découvrir : Séries US – Critiques des pilotes

En cette période de fin d’année et avec l’heure d’hiver qui nous a plongé pour cinq mois en hibernation, il est difficile de garder le sourire. « Heureusement » que les chaînes américano-canadiennes ont pensé à tout ! Voici un état des lieux quasi exhaustif des nouvelles comédies qui peuplent les petits écrans après Halloween. Le bilan n’est que relativement réjouissant…

American Housewife (ABC) 

American Housewife, série originale de la showrunneuse Sarah Dunn, a comme un air de déjà vu. Mis à part l’usage de la voix off et de l’esthétique très American Beauty-esque, le propos se rattache énormément à Desperate Housewives. La défunte série de l’âge d’or des séries des années 2000 a fait le tour et le détour de bien des méandres de ce que peut être la vie, souvent banale, d’une femme au foyer américaine. Pourquoi retourner sur ce même créneaux, 6 ans plus tard, me direz-vous ? Katie Otto passe ses journées à faire en sorte que tout soit fonctionnel pour ses enfants qui représentent, à eux trois, les stéréotypes de l’enfance américaine dans la série télévisée. La belle et sportive fille aînée qui s’éprend d’amitié pour la belle et sportive voisine (rivale de sa Katie) ; le jeune intellectuel qui s’efface devant les jolies filles, et la petite dernière, hyperactive, qui est aussi bizarre qu’adorable… Ceci donne donc un cocktail bien trempé qui pourrait promettre une intrigue passionnante, sinon comique. Cependant, nous nous retrouvons dans la même « situation comedy » que dans Desperate Housewives ou même Modern Family, Life in Pieces. Katie serait une Lynette en surpoids, très belle mais n’ayant pas suffisamment confiance en elle pour l’assumer. Pour pousser plus loin cet évident parallèle, attardons nous sur son mari, Greg. Il est un clone de Phil Dunphy, faisant les 400 coups avec sa benjamine, tout aussi déluré que lui. Peut-on parler d’hommage ou de série miroir ? Est-ce qu’American Housewife est juste en retard sur un créneau déjà trop repris ? Si le pilote ne déçoit pas entièrement, on n’y trouve pas facilement l’intérêt d’un développement sur 22 épisodes, du moins pas avec ce-dit propos. Le point focal de la série devrait être l’évolution de Katie Otto en tant que femme, indépendamment de sa famille. La superbe Katie Knox porte ce pilote sur ses épaules et mérite beaucoup plus qu’un rôle représentatif. A l’instar de Cougar Town il y a 7 ans, American Housewife gagnerait à changer de propos et même, peut-être, de titre : Modern Mom ! ou Super Katie !

Pascal Topige

Better Things (FX) 

Ouvrir sur un comique de situation tournant à la dérision la mauvaise éducation et l’enfant roi semble être un gage de qualité. Et clairement, la corrélation avec Louie C.K. est manifeste, même faculté et bon sens à rire de soi, mais rapidement les ficelles paraissent évidentes et Better Thing a du mal à trouver sa propre voie. La mère comédienne je-m’en-foutiste irrite par son arrogance inconsciente semblable à une certaine Mathilde Seigner, et ce n’est pas sa relation avec sa fille qui va rattraper le déséquilibre. Suivre d’un oeil distrait ses péripéties jusqu’au sommet, dont on doute qu’il sera pour demain, ou alors quitter le navire le plus tôt possible, c’est selon. Le plaisir sera de courte durée, car seules les situations tendant à une certaine provocation émoussent pour retomber comme des blancs trop battus. Il faudra faire preuve de plus d’originalité pour accepter à nouveau des thématiques redites telles que la contradiction au sein de l’ambition, l’éducation ou la quête sentimentale… Qu’a donc Pamela Adlon d’original si ce n’est son franc parler insolent à la Florence Foresti et une tendresse incommensurable à la Sandrine Kiberlain? Ce personnage prototype tellement commun arrive-t-il encore à séduire ? Par des situations somme toute quotidiennes assez peu approfondies, mais efficaces, le pilote de la sitcom ne se démarque aucunement d’autres formats et puise la matière zygomatique dans l’univers de Louie C.K., une grosse louche d’autodérision et une pointe de regard lucide sur une société conformiste et réglée. Alors quand on n’est pas déjà fan de l’humoriste déjà… 

Antoine Mournès

Easy (Netflix)

Série chorale au casting aux petits oignons (Dave Franco, Orlando Bloom) créée par Joe Swanberg, figure majeure du mouvement Mumblecore (cinéma indépendant américain dans lequel on compte Andrew Bujalski, Lynn Shelton, les frères Duplass, Aaron Katz…), Easy met en scène une panoplie de personnages plutôt loufoques confrontés aux péripéties du quotidien, dans la ville de Chicago. Easy a quelque chose de Woody Allen dans l’âme. Dès l’épisode pilote, la série donne le ton : De l’humour dosé, du drama, un peu de sexe aussi, les protagonistes sont attachants car ils nous ressemblent. On redécouvre l’acteur Michael Chernus, le petit frère de Piper Chapman dans la série Orange Is The New Black, convaincant en père de famille et mari aimant, sexuellement frustré. Si l’intrigue est plutôt simpliste et il est vrai peu originale, l’épisode est efficace en ce sens où il va droit au but, le format y étant pour beaucoup. Trente minutes sont suffisantes pour présenter les personnages, le background et répondre à la problématique posée au début de l’épisode. Un format court, pas de générique, à cheval entre la sitcom et la série, Easy surprend par sa sobriété et charme par son authenticité. On se laisse facilement tenter par un deuxième épisode, comme ça, juste pour voir.

Yaël Calvo

 Graves (Epic) ★★☆☆☆

Graves, créée par Joshua Michael Stern (Jobs), suit Richard Graves joué par Nick Nolte, un ex-président des États-Unis jugé comme le pire que l’Amérique ait jamais connu. Après une prise de conscience soudaine, Richard décide de rattraper ses erreurs passées tandis que sa femme se lance en politique.
Si le pilote n’est pas totalement raté, il laisse néanmoins une impression mitigée, les blagues ne font que très rarement sourire et on ne retrouve pas le côté subversif que laissait présager la bande-annonce. Graves qui se veut être une satire politique dans un contexte on ne peut plus actuel, en est pourtant bien loin, avec un résultat passablement édulcoré qui a tendance à tomber dans le pathos comme dans la scène finale qui manque cruellement de subtilité quand il s’agit d’essayer de nous émouvoir.
On attend donc de voir si cette série, qui semble ne pas encore bien savoir où se placer, tombera dans la comédie conventionnelle ou bien assumera son humour noir.

Perrine Mallard

Kevin Can Wait (CBS) 

Il peine à se renouveler Kevin James ! Hilarant faire valoir de Will Smith dans Hitch, il a depuis enchainé diverses autres comédies, essentiellement avec Adam Sandler, tantôt potaches (Paul Blart, Copains Pour Toujours), tantôt familiales (Zookepper, Pixels…), mais qui n’ont jamais brillé par leur originalité. Kevin Can Wait est de cette trempe. Créée et produite par ses soins, et dont il a le premier rôle, cet épisode pilote nous présente son personnage de policiers à la retraite, tentant de concilier loisirs (à savoir bières, amis et kart) et vie familiale (sa femme, son aînée…). Le sujet, brillant par un classicisme des plus désagréables, fait de cet épisode un fief de la morale familiale bien-pensante, et une énième occasion de ressortir continuellement les mêmes gags. Reste que le rythme de l’épisode, le formatage de la sitcom aidant, est assez soutenu, et fait fuser quelques vannes qui atteignent néanmoins leur cible…

Kévin Béluche

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