Sortie en 2009, la sitcom américaine Modern Family créée par Christopher Lloyd et Steven Levitan s’est terminée en 2020, disant ainsi au revoir à 250 épisodes, 11 saisons et surtout à une famille qu’on a vue grandir et évoluer au fil du temps. Alors, pourquoi suivre le quotidien des familles Pritchett, Dunphy et Tucker ?
La famille, pour le meilleur et pour le pire
Modern Family aborde le quotidien d’une famille résolument moderne. Même si l’intrigue se situe aux États-Unis, les étapes de vie et les épreuves rencontrées sont universelles. Comme un jeu des 7 familles, on suit le quotidien de trois foyers américains : la famille Pritchett, la famille Dunphy et la famille Tucker.
Dans la famille Pritchett, je voudrais le père
Le patriarche de la famille, Jay Pritchett – joué par Ed O’Neill -, représente le stéréotype du père de famille américain qui a réussi dans la vie. Vivant de son succès en tant que fondateur de Pritchett’s Closets, une société d’ameublement d’intérieur à laquelle il est très attaché et dont il aura du mal à se séparer au moment de sa retraite, il a pu se permettre d’acheter une grande et belle maison dans laquelle il peut accueillir toute la famille.
Divorcé, il s’est remarié avec Gloria Delgado – jouée par Sofia Vergara – une colombienne beaucoup plus jeune que lui et maman d’un petit garçon, Manny. Cette famille recomposée va vivre, tout au long des 11 saisons, plusieurs rebondissements et devra faire face aux quotidien et à la complexité que leur modèle familial connaît : la différence d’âge, la différence culturelle, l’intégration dans une famille et dans un autre pays, la vie de couple et la construction d’une nouvelle relation père-fils.
Ayant consacré toute sa vie à son entreprise, Jay a, par conséquent, peu consacré de temps à sa famille et à ses enfants Claire et Mitchell. On assiste aussi à son changement de comportement et à son évolution qui passera notamment par une double acceptation . celle de l’homosexualité de son fils et celle de son gendre. On le découvrira au fur et à mesure des épisodes de la sitcom, mais derrière un personnage de gros dur et de macho, se cache un grand cœur.
Dans la famille Pritchett, je voudrais la fille
La fille de Jay, Claire – jouée par Julie Bowen – est très proche de son père et a beaucoup de points communs avec lui : carriériste et entêtée, les deux s’entendent très bien et se comprennent. Claire s’est mariée à Phil – joué par Ty Burrell -, le stéréotype du papa cool, qui ne se prend pas la tête et qui est spontané, hyperactif, bref, un véritable enfant, qui a la tête dans les nuages. Il tourne tout autour de l’humour et a beaucoup de points communs avec son fils, Luke.
Phil et Claire ont fondé une grande famille de 3 enfants, tous très différents. Luke ressemble comme deux gouttes d’eau à son père, très agité et hyperactif. Alex, quant à elle, est l’intello de la famille. Haley, la fille aînée en fait voir de toutes les couleurs de par son esprit rebelle.
Tout au long des 11 saisons, la famille Dunphy devra affronter plusieurs épreuves que connaissent les familles nombreuses. À l’écran, on voit défiler des valeurs et problématiques comme : l’éducation des enfants, la charge mentale en couple, l’argent, la carrière, la quête de soi…
Dans la famille Pritchett, je voudrais le fils
Le frère de Claire, Mitchell, joué par Jesse Tyler Ferguson – est très différent de sa sœur, moins spontané, très discret et plus terre-a-terre, il se veut aux premiers abords un peu snob. Il est marié avec Cameron – interprété par Eric Stonestreet – avec qui ils ont adopté Lily – jouée par Aubrey Anderson -, petite fille de huit mois au Vietnam. Cameron est l’opposé de Mitchell : extravagant, bruyant et assumant pleinement son homosexualité, les deux personnages aiment se provoquer et ont tendance à se disputer sur leurs différences.
Tout au long des 11 saisons, leur couple reflète plusieurs valeurs : la construction d’une famille, l’éducation, la carrière, l’amitié, le rapport à l’homosexualité et l’adoption. Tout ceci à la manière Modern Family, via un dialogue drôle et touchant. On repense notamment à cette scène mythique où Cameron et Mitchell emmènent la petite Lily dans un restaurant vietnamien pour qu’elle puisse découvrir sa culture. Le dialogue qui se construit autour de cette scène est loufoque et drôle et résume parfaitement la tonalité générale de la série. Petite anecdote : la serveuse est la mère de Aubrey Anderson dans la vie.
Un faux documentaire qui rajoute de la proximité
Nous assistons au quotidien des trois familles sous un angle de faux documentaire, où chaque personnage se confie face caméra, un peu comme The Office. Si The Office a pu trouver du succès et son public en filmant en huis clos le quotidien du travail de bureau pendant 9 saisons, ce n’est pas grâce au cadre mais bien grâce à la personnalité de chacun et la qualité des dialogues.
Tout comme The Office, cette façon de filmer comme un documentaire ajoute de la proximité et de la vulnérabilité aux personnages, créant une dynamique intéressante : on entre encore plus dans l’intimité de la famille : nous sommes à la fois un membre de la famille et un observateur. Les personnages sont attachants, vrais et transparents.
Nous voyons grandir et évoluer les personnages de la saison 1 à la saison 11 – une évolution à la Harry Potter où tous les acteurs ont grandi ensemble sur une dizaine d’années, dès leur plus jeune âge – ce qui est intéressant pour suivre leur évolution et donner ce côté authentique et réaliste.
Comme le soullignait le réalisateur Christopher Lloyd “the interviews are a chance to have characters more honestly express things than they might openly do in a scene with someone. So we get a laugh from the contrast between what they’re really feeling and what they were willing to admit they were feeling in the scene.”
Ce qui pourrait contribuer à la réussite de la série est peut-être aussi lié à ce pacte invisible fait entre le spectateur et les réalisateurs : nous acceptons de suivre le quotidien de trois familles, sans s’attendre à quelque chose d’exceptionnel, juste leur quotidien brut.
Aux mêmes airs que la série Friends qui a su convaincre ses spectateurs avec ses protagonistes attachants qui racontent la société américaine moderne, Modern Family n’a pas la prétention d’une série d’exception : elle raconte simplement le quotidien de 3 familles attachantes, aux valeurs universelles.
Christopher Lloyd et Steven Levitan ont choisi non pas de raconter le fonctionnement des familles avec le monde extérieur, mais plutôt de raconter ce qu’il se passe à l’intérieur des familles, en dévoilant les coulisses et en ouvrant une fenêtre sur l’intimité.
Modern Family, malgré sa première sortie il y a plus de 10 ans, certes, n’est pas une série qui a révolutionné le genre, mais c’est une série universelle et intemporelle, qu’on (re)-regarde avec plaisir.