Critique House of Cards : Saison 2 – Shakespeare 2.0
Synopsis : Après avoir écarté tous ses adversaires, Frank Underwood est nommé Vice Président des Etats-Unis d’Amérique. Sa quête de pouvoir est cependant loin d’être terminé car il ne vise rien de moins que siéger dans le bureau ovale.
Alors que les journalistes entament des actions de plus en plus dangereuses pour son ascension, Franck doit gérer son nouveau poste de conseiller au Président des Etats-Unis d’Amérique et éviter l’exposition.
Le changement dans la continuité
La saison 2 de House Of Cards débute comme finissait la première : sur un meurtre froid et violent, au service des intérêts de Frank. Si ces meurtres ont marqué un premier temps un virage dans la série, on a fini par comprendre qu’ils correspondaient bien au personnage de Frank Underwood : maître des prédateurs, calculateur reptilien dominant la chaîne alimentaire politique et ne se fixe aucune limite dans sa conquête du pouvoir. Si cette deuxième saison de House Of Cards (la troisième est annoncée pour février 2015) est dans la continuité de la première, elle confirme et appuie toutes les qualités de la première et apporte néanmoins quelques nuances de taille.
Des personnages plus complexes
On l’avait compris dès la première saison, Frank Underwood n’aurait pas cette rage de conquête s’il n’avait pas sa femme à ses côtés. Et même si Claire Underwood semble souvent moins extrême que son mari, elle a cette beauté froide et arrogante qui la range du côté des seigneurs. Jusqu’ici, on avait peu de doutes sur son dévouement pour Frank. Pourtant la deuxième saison apporte quelques enseignements qui la rendent plus complexe et plus intéressante. Car Claire a une faille, une faille béante après avoir été victime d’un viol pendant ses études, un événement qui la poursuit et semble l’affaiblir aux moments de trop forte pression. L’intelligence des scénaristes se confirme donc ici, avec un personnage essentiel qui s’affiche soudain fragile et pourrait faire s’effondrer la destinée de Frank comme un château de cartes, le titre House Of Cards prenant ici tout son sens.
A l’inverse Frank reste un rock tourné vers sa soif de pouvoir et prêt à vendre père et mère pour y parvenir. La force de Kevin Spacey, dans cette deuxième saison, est de pousser dans ses retranchements la morale du téléspectateur, un téléspectateur qui au final ne rêve plus que de le voir souffrir, tomber de son piédestal et être trainé dans la boue. S’il est la force de cette saison 2, ce n’est pas seulement du fait d’avoir une morale différente de la nôtre, c’est de ne pas avoir de morale du tout et de sembler prêt à tout et son contraire pour atteindre son but.
Une recette éprouvée
La mécanique et le choix du format de Netflix sont décidément les bons. Se contenter de treize épisodes par saison rend la série plus dense et efface les longueurs, le remplissage pouvant vite devenir l’ennemi d’une série orientée sur le fonctionnement démocratique aux U.S.A. Pourtant, un nuage noir plane sur cette deuxième saison, un nuage vite passé mais qu’on n’oublie pas. Une scène en fait, entre Frank, Claire et Meechum, une scène inutile et vulgaire. Une scène grotesque et déplacée qui ne se justifie pas ; une scène qui met mal à l’aise et donne envie de hurler de son côté racoleur. Une scène qui a intérêt à trouver un minimum d’explications dans la saison 3, au risque d’avoir l’air encore plus absurde.
Une série d’échecs
Au contraire, les apartés que nous accordent Frank, s’il pouvaient surprendre lors de la première saison, sont aujourd’hui savamment dosés, assimilés et contribuent à rendre le personnage délicieusement détestable, lorsqu’il nous confie le fond noir de sa pensée. C’est d’ailleurs cette couleur et ses nuances qui dominent la série et dès le générique les tons de gris bleutés prennent le pouvoir, traduisant par l’image et sur fond de musique déstructurée, la noirceur de l’âme de Frank. Ce jeu des couleurs ramènerait cette série à une partie d’échecs, où tous les acteurs sont des pions dans les mains de Frank, son bras droit Doug devenant une tour et les députés de son camp des cavaliers à ses ordres. Claire, sa femme, blonde et toujours habillée de couleurs « claires » justement, devient elle cette reine blanche se tenant à la droite du roi, prête à abattre le camp ennemi.
Une suite attendue
Même si on peut se demander en fin de saison 2 ce que Frank pourrait bien encore conquérir (puisqu’il n’y a que ça qui l’intéresse), la troisième promet des rebondissements : ses casseroles pourraient enfin le rattraper. Il faut saluer le travail de scénario qui termine l’année sur de belles promesses pour la prochaine : les choix que le hacker aura à faire, les conséquences de ce qui arrive à Doug et de la fuite de Rachel. Jusqu’à présent, House Of Cards suit un parcours sans faute, à l’exception donc d’une petite faute de goût.
Auteur de la critique : Freddy M.
Fiche Technique : House of Cards Saison
Créé par : Beau Willimon
Acteurs principaux : Kevin Spacey Rôle : Frank Underwood, Robin Wright Rôle : Claire Underwood, Kate Mara Rôle : Zoe Barnes, Michael Kelly Rôle : Doug Stamper
Année de création : 2012
Format : 60 min.
Chaîne(s) : Netflix
Genre : Drame, Thriller
Nombre de saison(s) : 2
Nombre d’épisode(s) : 14
Date de première diffusion : 01/02/2013