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Cheyenne et Lola : des débuts prometteurs + rencontre avec l’équipe

Chloé Margueritte Reporter LeMagduCiné

Les deux premiers épisodes de Cheyenne et Lola ont été diffusés le 24 novembre sur OCS. Ils l’ont été quelques jours plus tôt dans le cadre du Festival Series Mania en ligne. L’occasion également d’une rencontre avec le réalisateur, la créatrice et les actrices de la série.

Sororité 

Qu’est-ce qui relie Cheyenne et Lola ? Un crime auquel l’une a activement participé et sur lequel l’autre tombe sans le vouloir. Un espoir aussi de trouver une vie meilleure mais qui s’effondre vite. Dans un décor du Nord de la France (Cherbourg, Dunkerque, Le Touquet), plutôt gris, le réalisateur belge Eshref Reybrouck raconte une histoire de misère, de western et de filles. Rien que ça ! Le tout sur une idée originale de Virginie Brac, la créatrice à l’origine de la série Engrenages. Ajoutez à cela les deux formidables actrices Charlotte Le Bon et Veerle Baetens (Alabama Monroe) et vous obtenez un cocktail étonnant entre le film noir et la pure comédie. Un truc hybride dont le mélange prend. On est sur les ferries autant que dans un camp abandonné ou dans des maisons plus cossues ; la série flirte entre tous ces univers avec une belle aisance. On se croirait presque dans la scène de l’ascenseur de Drive mais en permanence, comme des montagnes russes continuelles. Les seconds rôles ne sont pas en reste notamment le mafieux Yannick joué par Patrick d’Assumçao. Ou encore la sœur de Cheyenne, reine de l’embrouille, interprétée avec beaucoup de culot par Sophie-Marie Larrouy (vue dans Derby Girl sur Slash TV). Si la mayonnaise prend entre Cheyenne et Lola, c’est certainement pour une question de solidarité entre filles. Les deux femmes sont des êtres blessés qui ne se construisent pas du tout de la même manière mais qui décident de continuer leur vie ensemble, par contrainte mais aussi par choix. C’est assez difficile à décrire, mais ça se ressent ainsi au visionnage.

Complémentarité 

Les deux femmes sont en effet complémentaires, elles créent un équilibre. Cheyenne (Veerle Baetens) est sombre quand Lola (Charlotte Le Bon) est lumineuse. Ce qui habite Cheyenne a quitté Lola la grande naïve. Ce n’est pas de la bêtise que décrivent Brac et Reybrouck mais cette foi apparente en la vie et les gens qui se révèle une façade pour ne pas s’effondrer. Le seul vrai ami de Lola, c’est un lapin blanc trouvé dans une station service. Autour d’elle, il n’y a que du mépris. Pour Cheyenne, c’est plus compliqué, plus tragique peut-être aussi. Ensemble, elles créent une espèce de tension permanente qui se relâche au moment opportun. Et on a très envie de les suivre, de savoir où leurs déboires vont les mener.

Influences

Le soir de la diffusion des deux premiers épisodes par Séries Mania, le réalisateur, les actrices et la créatrice de la série sont restés (virtuellement) pour une rencontre. Parmi les références cités par chacun pour cette série qu’est Cheyenne et Lola, on retrouve notamment Frozen River, Escape at Dannemora et Fargo. L’atmosphère est donc posée. Pour le côté Bonnie and Clyde, si Virgine Brac l’assume, elle revendique un côté plus lumineux puisqu’elle dit que ce n’est « pas tragique, c’est un couple qui marche cette fois ».  Pour la mise en scène ? Le réalisateur cite The Rider, le film de Chloé Zhao. Un film où la lenteur domine, au milieu de magnifiques paysages. On y retrouve un camp et des silences, ces silences qui participent ici de l’équilibre entre tragédie et comédie. Les dialogues sont dits d’une certaine façon, sans précipitation, les regards aussi en disent longs sur les liens qui unissent les personnages. La série laisse ainsi le temps à la personnalité de chacune de se dévoiler. Et c’est certainement ça la beauté de Cheyenne et Lola : le rythme laisse le temps à l’intrigue de s’écrire sans trop en dire, en faire et redonne toute sa force au regard : celui du spectateur, mais aussi celui qui unit ou désunit les personnages. Pas besoin pour cela d’être trop bavards. Espérons que cette première série française entièrement made in OCS (un peu comme les créations originales Canal Plus) tienne ses promesses jusqu’au bout.

A voir sur OCS à partir du 24/11/2020.

Cheyenne et Lola : Bande annonce

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