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Angie Tribeca saison 1: critique série

 Sortie de nulle part en ce début d’année et conçue par Steve Carell et sa douce Nancy, Angie Tribeca se démarque tout d’abord par son mode de diffusion très particulier. Curieusement, ce n’est pas un, ni deux, mais bien dix épisodes qui furent diffusés en boucle pendant 25 heures lors de la première journée. Soit toute la saison lâchée sous le regards des spectateurs avides de programmes nouveaux, avant de reprendre le 25 Janvier pour…la saison 2.

Synopsis: Les aventures d’Angie Tribeca, inspectrice de Los Angeles, et de son partenaire Jay Geils, dont elle tombe rapidement amoureuse mais refuse toute relation car ses 237 précédents coéquipiers ont tous eu une relation avec elle avant de mourir ou de disparaître dans des circonstances mystérieuses.

Er-ZAZ de comédie

Curieux tout ça. Enfin bon, au moins on attendra pas longtemps pour avoir la réponse a ce cliffhanger prenant surgissant en fin de course. Donc nous avons tous les épisodes, c’est bizarre, mais on est content ! C’est bien beau tout ça, mais de quoi cela parle-t-il donc ? De pas grand chose en vérité. Précisons un peu, Angie Tribeca est une parodie de cop show américains. Ce genre un peu fourre-tout qui permet de reprendre des clichés gros comme le Texas, connus de tous, de les replacer dans des situations toujours plus absurdes et attendre que la magie du rire opère.

 

Amateurs d’enquêtes méticuleuses, de personnages ambigus et de psychopathes tordus, passez votre chemin. L’histoire tient sur un post-it : Angie Tribeca est une inspectrice de Los Angeles badass, efficace et solitaire, à qui on impose un partenaire beau gosse dont elle craint de tomber amoureuse (ses 237 coéquipiers précédents étant tous morts ou portés disparus). Gros post-it certes, mais post-it quand même. Le reste n’est plus qu’un enchaînement de situations débiles et absurdes qui détournent allègrement les codes les plus éculés des procéduraux américains (le chef qui gueule très fort, les interrogatoires burnés, la fausse tension sexuelle entre les personnages etc). Et c’est drôle parfois… Mais pas toujours, en grande partie parce que la série repose sur un type d’humour bien particulier, aussi facile à définir qu’à dater : L’humour ZAZ, d’après leurs créateurs David Zucker, Jim Abrahams et Jerry Zucker, qui a connu son âge d’or vers la fin des années 80 début 90, en investissant un espace de comédie laissé vacant par les mentors Mel Brooks et Jerry Lewis avec des films comme Hot Shot ou la série des Y’a t’il un Pilote…

 

Mais le ZAZ quésako ? Tout simplement une façon d’écrire qui repose sur des règles assez simples : Tout doit être pris au premier degré, que ce soit les répliques, les métaphores, les expressions populaires. Par exemple quand Angie demande à un suspect de lui donner un nom, celui-ci s’interroge « vous n’en avez pas déjà un ? », ce à quoi l’intéressée rétorque « Si, mais je ne l’ai jamais aimé ! » (gag). Ensuite, chaque situation comique doit être prolongée jusqu’à l’épuisement, car si la blague est bonne, pourquoi s’arrêter en si bon chemin. C’est ainsi que le collègue qui mène un interrogatoire prévient son interlocuteur : « Tu penses que c’est un jeu ? Ça c’est un jeu ! » en lui montrant la boîte d’un jeu de plateau, avant de continuer en faisant des punchlines sanglantes avec d’autres noms de jeu tout en faisant défiler un nombre infini de boîtes correspondantes (Monopoly, Hippo-glouton, etc, tout y passe – du coup : gag). Et enfin, le plus important, ne jamais laisser un espace vide, chaque objet, situation, personnage peut être prétexte à une situation cocasse et renversante. Donc on enchaîne, on accumule, on envoie la sauce, et au milieu de tous ces gags enfantins et régressifs, le spectateur trouvera bien un truc qui le fera marrer. Imparable.

 

Le problème c’est que les ZAZ ont usé et abusé de ces codes durant leur âge d’or, et que ce style fonctionne parce qu’il leur appartient. Quand ce sont les autres qui s’y essayent, l’impression de voir une imitation roublarde se fait rapidement sentir. A titre d’exemple, la saga Scary Movie, amorcée par les frères Wayans, qui fonctionne à peu près sur la même logique d’accumulations, s’est essoufflée dès le deuxième épisode avant de retrouver les faveurs du public avec les opus 3 et 4 réalisés par…David Zucker. En parallèle toute une industrie de la parodie facile de gros succès cinématographiques s’est mise en place, culminant avec le calamiteux Spartatouille, à la fois détournement honteux du 300 de Zack Snyder et probablement l’un des pires films de l’histoire du cinéma. On pourrait aussi citer Spaceball, la parodie de Star Wars par Mel Brooks qui signait alors l’un de ses films les moins personnels, avant d’enchaîner sur d’autres parodies poussives tels Robin des bois : Héros en collants ou Dracula: Mort et heureux de l’être. Reprendre ces codes paraissait facile, mais force est d’admettre qu’il n’y a que les ZAZ qui peuvent faire du ZAZ, et tout le génie comique de Steve Carell n’y changera rien, l’hommage semble sincère, mais ce n’est pas son style et ça se voit.

 

Bien sur par moment Angie Tribeca fait rire, parfois très bien, mais malgré l’abattage des acteurs, la présence étonnante d’Alfred Molina en légiste qui se cherche un handicap (un contre emploi très drôle) et le défilé de guest stars venues faire les abrutis (de James Franco à Bill Murray), la chose a du mal à nous accrocher. C’est un peu la série junk par excellence, celle que l’on regarde parce que l’on a rien d’autre à faire, et qui laisse après le sentiment d’avoir un peu perdu son temps, même si ce n’était pas désagréable. Amusante, mais jamais intelligente, réflexive, critique ou méchante avec qui que ce soit. Les dix épisodes défilent et se ressemblent, quelques gags font mouches, d’autres tombent à plat, les personnages n’évoluent pas d’un iota et les enquêtes sont plus que secondaires. Moins qu’une œuvre, on se retrouve face à un produit qui n’a ni le sens du timing de Brooklyn Nine-Nine, ni la folie hystérique et pop de NTSF:SD:SUV (série annulée en 2014 trop méconnue chez nous). La diffusion en un bloc parait alors logique car avec un concept aussi répétitif, pas sur qu’Angie Tribeca réussisse à fidéliser une fanbase dans la durée. Maintenant que les bases sont posées, il faut espérer que la saison 2 bouscule un peu tout ça et que la série trouve sa propre identité.

Angie Tribeca: Fiche Technique

Création: Steve Carell, Nancy Walls Carell
Casting : Rashida Jones, Hayes MacArthur, Jere Burns, Deon Cole, Alfred Molina…
Chaine de diffusion : TBS
Nb d’épisodes : 10
Durée: 21 minutes
Production: Carousel Television, 301 Productions, Relativity Television
TBS Productions
Pays : USA

Redacteur LeMagduCiné