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Black Panther de Ryan Coogler : Critique du film Marvel

Black Panther, un film enraciné dans l’histoire et dans la culture tribale africaine, transcende le genre des super-héros et devient lyrique avec son visuel simplement magnifique et sa distribution stellaire. Ryan Coogler, le réalisateur du drame indie Fruitvale Station et de Rocky Creed offre certainement l’un des meilleurs Marvel, s’inscrivant parfaitement dans le MCU post – Captain America : Civil War

Un des événements cinématographiques de cette année 2018, que dis-je, de ce XXIème siècle est sans aucun doute la sortie dans les salles de Black Panther, le héros félin de Wakanda qui a ému toute une communauté, pour ceux qui ont déjà eu la chance de le découvrir dans les salles obscures. (Il n’est pas trop tard pour les autres : courez dans votre cinéma le plus proche réserver des places !)

Après nous avoir teasé pendant de longs mois avec les images officielles sorties lors du dernier Comic-Con 2017, le public avait dans un premier temps pu découvrir T’Challa dans Captain America : Civil War. Et il est désormais aisé de conclure, pour ceux qui l’ont vu, que l’intrigue développée pour T’Challa dans Civil War a servi de prémisse à une toute autre intrigue, une toute autre histoire qui allait bouleverser beaucoup : l’histoire de Black Panther.

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Black Panther est tiré d’un comics inventé en 1966 par Stan Lee (script) et Jack Kirby (design). T’Challa, aka Black Panther, devient à la mort de son père, roi de Wakanda : une mystérieuse nation africaine immensément riche et hyper moderne (grâce à son intelligente exploitation du vibranium, le métal le plus puissant du monde) qui a su préserver sa culture ancestrale en protégeant religieusement ses frontières de toutes vies étrangères. La splendeur de cette nation afrofuturiste se retrouve en son roi, T’Challa. Moins félin que son alter ego, mais tout aussi grand par sa prestance, son courage, sa dévotion et sa grâce, le fils de T’Chaka rencontre malheureusement différents adversaires  (M’Baku, Ulysses Klaue, et Killmonger) lors de sa route pour le trône de Wakanda.

Toutefois, beaucoup plus emblématique, Erik « Killmonger » Stevens, est sans aucun doute le personnage le plus important de ce long métrage. C’est un ancien commando des forces spéciales décidé à venger la mort de son père. Impeccablement interprété par Michael B. Jordan (qui avait déjà tourné dans deux productions de Ryan Coogler – Fruitvale Station, Creed), Killmonger se détache particulièrement des autres personnages du dernier Marvel par sa complexité. Irrévérencieux, arrogant, et robuste, Killmonger est un personnage qui a du chien. Mais l’idéologie portée par Erik et qui constitue le fer de lance de l’intrigue Black Panther, s’avère plus troublante et plus profonde qu’il n’y paraît. Sympathique sous un certain angle, nihiliste sous un autre, Killmonger est un méchant qui attire notre empathie par son histoire au fur et à mesure qu’on la découvre. Orphelin dès le plus jeune âge, Erik a connu l’oppression vécue par sa communauté afro-américaine et souhaite renverser la balance en faisant de tous les opprimés du monde des oppresseurs, grâce à la technologie du vibranium.

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De fait, la dimension politique de Black Panther se retrouve dans ce personnage transversal et intrépide qui, à bien des égards, côtoie beaucoup la philosophie du mouvement des Black Panthers. Singulièrement intéressant à relever, Lee et Kirby ont créé le comics du super-héros félin dans la même période que s’est développé le parti politique des Black Panthers ; et à en croire le père de Spiderman, il s’agissait uniquement d’une coïncidence. On peut néanmoins faire un rapprochement entre les motivations de l’intrépide Killmonger et ceux du parti d’Angela Davis. A cela près qu’Erik est aussi porté par un désir de vengeance suite à un drame personnel qui l’a rendu amer et qui justifie presque toutes ses actions. L’identité aux multiples facettes d’Erik Stevens constitue un des succès du film, Killmonger devenant l’une des figures antagonistes de l’univers Marvel les plus abouties et réussies.

L’importance des femmes est aussi à souligner. Lors du rituel de passation de pouvoir, T’Challa, boit un breuvage qui lui permet de revoir le défunt T’Chaka. Lorsque le fils demande à son père comment il peut assurer un bon règne, la figure paternelle lui dit de s’entourer de personnes de confiance. Or, il est intéressant d’observer que ces personnes de confiance concernent exclusivement des femmes. Chacune ayant un rôle bien distinct (mère, sœur, intérêt amoureux, garde du corps), la force de caractère de ces femmes font d’elles et de leurs concitoyennes, la pierre angulaire de Wakanda. Et une mention spéciale est à faire à Letitia Wright qui interprète la sœur de T’Challa, Shuri, et Danai Gurira (Walking Dead) dans le rôle de la guerrière Okoye, dont les performances ont été particulièrement brillantes.

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Okoye fait partie de l’élite des forces spéciales des Dora Milaje, des femmes bodyguard et de la sécurité royale qui se distinguent par un style vestimentaire sans pareil, à en faire pâlir les amazones de Themyscira (l’île de Wonder Woman). Beaux, positifs, avancés, vibrants, les costumes créés pour le film ont un but identitaire. Le peuple de Wakanda se sert des vêtements comme un moyen de s’exprimer, pour maintenir l’ordre social et pour honorer les ancêtres. A la fois contemporaine et traditionnelle, la mode Wakandaise « a un côté mythique, lyrique, et somptueux ». On y retrouve le style touareg, zulu, ou bien encore maasaï pour ne citer qu’eux, mais aussi tout l’éclectisme, la modernité et la technicité attendus d’une production Marvel. Le chef d’œuvre opéré sur ces costumes est du à une femme, la costume designer Ruth Carter (nommée deux fois aux Oscars pour son travail dans Malcolm X et Amistad) qui explique qu’elle voulait « montrer au monde la beauté d’une robe tribale et la mettre en avant d’une manière moderne ». Cosmopolite, avant-gardiste et afro-futuriste, la mode africaine constitue à elle seule un diamant brut taillé spécifiquement pour Black Panther.

Étudié jusqu’au moindre détail, le film rencontre tout de même un gros bémol qu’il convient d’évoquer : les images de synthèse qui, souvent, paraissent inachevées en comparaison avec les blockbusters du même genre. Dure dure la comparaison avec les autres blockbusters Marvel. Mais, ce que l’on peut déjà clamer haut et fort, c’est que Black Panther est un film d’envergure désormais marqué dans les annales. Après Straight Outta Compton et Get Out, Black Panther prouve une fois de plus qu’une production cinématographique à dominante noire est « bankable ». Les chiffres en attestent d’ailleurs puisque le film de Coogler a réalisé plus de 192 millions de dollars en seulement trois jours de sortie en Amérique du Nord, ce qui en fait la 5ème plus grosse sortie de tous les temps et la deuxième production Marvel à avoir le mieux réussi au box office (derrière Avengers sorti en 2012). Que d’exploits ! Et ce n’est que le début à en croire la critique acclamante. Black Panther est un film novateur qui a excédé les attentes et fait évoluer tout un genre cinématographique, pour le plus grand bonheur d’une partie de la population mondiale qui, enfin, a un superhéros à son image. Chapeau bas Coogler et merci !

Synopsis : Après les événements qui se sont déroulés dans Captain America : Civil War, T’Challa revient chez lui prendre sa place sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu’un vieil ennemi ressurgit, le courage de T’Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu’en tant que Black Panther. Il se retrouve enchaîné dans un conflit qui menace non seulement le destin de Wakanda, mais aussi le monde entier…

Black Panther : Bande-annonce

Black Panther : Fiche Technique

Réalisateur : Ryan Coogler
Scénario : Ryan Coogler, Joe Robert Cole, basé sur Marvel Comics par Stan Lee, Jack Kirby
Distribution : Chadwick Boseman, Michael B. Jordan, Lupita Nyong’o, Daniel Kaluuya, Martin Freeman, Danai Gurira, Andy Serkis, Angela Bassett, Forest Whitaker, Winston Duke, Letitia Wright
Bande originale : Ludwig Göransson
Costumière : Ruth E. Carter
Maquilleur : Joel Harlow
Superviseur des effets visuels : Dan Sudick, Geoffrey Baumann
Budget : 200 millions USD
Genre : Film de super-héros
Distributeur France : The Walt Disney Company France
Production : Marvel Studio, Walt Disney Pictures
Date de sortie : 14 février 2018
Durée : 2h14mn
Nationalité américaine

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