les-girls-cukor-film-critique-kelly-fete

TCM Cinéma Programme : Les Girls

On ne peut s’empêcher de penser, à la lecture du scénario, à un film sorti sept ans auparavant, à savoir Rashomon du maître japonais Akira Kurosawa. C’est en effet une même histoire, racontée à travers différents points de vue et donc par différents personnages.

Synopsis : A la sortie de son livre intitulé Les Girls, Sybil Wren est attaqué en justice par son ancienne coéquipière Angèle Ducros pour diffamation. Il serait en effet écrit dans le livre que cette dernière aurait tenté de se suicider lors de leur tournée il y a plusieurs années. Les deux femmes vont être invitées à exposer leur version des faits.

Paillettes et vérité

La question posée ici c’est d’abord la recherche de la vérité, et d’ailleurs le film montre fait apparaître plusieurs fois ce panneau « What is the truth ? » On aurait tendance à prendre pour vrai le témoignage de Sybil, qui recouvre un tiers du film, à croire à ce que nous montre le cinéma. Mais déjà ce premier récit est contesté par Angèle et de fait, par le film lui-même. Dans Rashomon, l’entièreté du récit était mise en scène par l’intermédiaire du narrateur qui racontait l’histoire. Il y a également mise en scène dans Les Girls puisque tout est raconté au tribunal.

La mise en scène est au cœur du film . Les Girls, c’est le nom du spectacle musical donné par Barry Nichols, accompagné par ses trois girls. Dans ce spectacle se suivent les numéros changeant d’époque et de costumes à volonté. Les professionnels du travestissement sont bel et bien les acteurs, et d’une manière plus large, les stars. Mais où s’arrête la mise en scène ? La question a pu être abordée dans d’autres films (par exemple The Truman Show de Peter Weir ou Le Prestige de Christopher Nolan, et d’une manière générale, toute son œuvre). Chaque version témoigne d’un rapport amoureux entre une girls et un homme et ce rapport-là est déjà un rapport masqué, biaisé. De plus, ce qui sème encore plus le doute, c’est que les différentes versions ne se contredisent pas, mais racontent des événements différents, mise à part la conclusion. Ainsi, on a bien des pans de la vérité qui sont présenté, des façades, un peu comme Charles Kane dans Citizen Kane d’Orson Welles.

A l’intérieur de ça, le film ressemble à une comédie musicale, quoique les numéros soient amenés d’une manière différente que dans Chantons sous la pluie. Au lieu que les personnages s’arrêtent et dansent dans la rue sans vraisemblance, ici les chansons sont à chaque fois sur scène, et donc totalement crédibles d’un point de vue narratif. C’est sûrement pour cela que Georges Cukor parlait plus de « film musical » que « de comédie musicale ». De plus, tourné en 1957, Les Girls est considéré par Jacques Lourcelles comme l’une des dernières grandes comédies musicales de l’époque, mais aussi comme l’un des derniers grands rôles de Gene Kelly qui interprète Barry Nichols.

Il est très agréable de voir Gene Kelly dans ce rôle-là, qui comporte quelques scènes surprenantes, bien éloignées de ces personnages toujours souriants et heureux qu’il jouait dans Chantons sous la pluie ou Les Demoiselles de Rochefort. A cela on rajoute les trois girls, à savoir Mitzi Gaynor, Taina Elg et la sublime Kay Kendall. Tout le plaisir est de les voir interpréter des rôles différents, selon l’histoire dans laquelle elles se trouvent. Artistes à multiples facettes, elles savent également danser et chanter de manière fort sympathique. La caméra de Cukor, malgré un classicisme hollywoodien assumé, cherche néanmoins à trouver à chaque fois la meilleure manière de filmer le numéro. De merveilleux plans composent ainsi la danse de la corde bien trop courte, dans un décor et un cadrage novateur.

Deux ans après Une étoile est née, Cukor change de ton pour Les Girls, qui, s’il reste respecte les codes du genre, reste un film aussi classe que classique, dans le bon sens du terme.

Les Girls : Extrait

Les Girls : Fiche Technique

Réalisation : George Cukor
Scénario : John Patrick, Vera Caspary
Interprétation : Gene Kelly (Barry Nichols), Mitzi Gaynor (Joy), Kay Kendall (Sybil), Taina Elg (Angèle)
Image : Robert Surtees
Montage : Ferris Webster
Musique : Cole Porter
Société de production : MGM
Date de sortie Fr : 4 avril 1958
Durée : 114 min
Genre: Film musical
Etats-Unis – 1957