Malgré les apparences, ces Tommyknockers se révèlent une bonne surprise.
Synopsis : Dans une petite ville de Nouvelle-Angleterre, une romancière qui vit seule au milieu de la forêt trébuche un jour sur un objet métallique enfoui dans le sol. Obsédée par ce souvenir, elle va cherché à déterrer ce qui va s’avérer être une soucoupe volante.
D’emblée, on peut émettre des réserves sur l’adaptation d’un roman plutôt faible de Stephen King, sous la forme d’un téléfilm en deux parties de 85 minutes chacune. Et il est vrai que le réalisateur de ces Tommyknockers est bien obligé de se limiter à un certain cahier des charges.
D’abord, faire un téléfilm, cela signifie que le réalisateur n’a pas la maîtrise de la durée de son œuvre. Il faut que ça rentre dans 85 à 90 minutes environ. La longueur du roman de King (environ 600 pages) obligeaient donc à faire deux parties, mais le résultat est le même : il faut parfois combler les vides. Et c’est bien l’impression que donne John Power dans son téléfilm. Certaines scènes n’ont vraiment aucun intérêt, sinon de faire fonction de remplissage.
Autre inconvénient du genre : le budget, pour le moins fauché. Alors, on prend au casting des « têtes d’affiche » sur le retour (Jimmy Smits, surtout connu pour avoir tenu un des rôles principaux de la superbe série NYPD Blue au début des années 90, mais qui n’a pas fait grand chose depuis, ou Joanna Cassidy, que l’on avait vue dans Blade Runner ; et que dire de la présence de Traci Lords, ancienne star du porno ?). Et surtout, on fait les trucages que l’on peut.
Clairement, dès que les effets spéciaux apparaissent, le film sombre dans la laideur infâme. Les extraterrestres sont ridicules, la couleur verte qui envahit l’écran au fur et à mesure du déroulement de l’histoire est d’une grande laideur. Et on ne parle même pas du vaisseau spatial lui-même…
Malgré tous les défauts inhérents au genre, Les Tommyknockers constituent une bonne surprise pour les amateurs de Stephen King.
Finalement, les défauts du film, qui sont surtout concentrés dans la seconde partie, laissent au réalisateur le temps de développer l’ambiance et d’implanter le décor. Et là, on retrouve avec plaisir ce qui fait la saveur des romans de Stephen King.
Les Tommyknockers se déroulent dans une petite ville de Nouvelle-Angleterre, et le scénario va s’attarder sur plusieurs personnages principaux qui vont être pris par l’obsédante invasion mentale extraterrestre. Cela va permettre au film de développer les liens compliqués, parfois conflictuels, entre les personnages, et de lever le voile sur une petite communauté pas aussi sage qu’elle en a l’air.
Autre thème typiquement kingien : la drogue, dans son sens le plus large, c’est-à-dire l’addiction. Bien entendu, il y a le personnage principal, Jim Garner, pour qui chaque jour est une lutte contre l’alcoolisme (souvenir de King lui-même, ex-alcoolique, thème qui apparaît dans de nombreux romans).
Mais l’addiction va plus loin. Avec cette lueur verdâtre qui va envahir progressivement la vie du village, au point de devenir une obsession pour tous les habitants, le cinéaste livre, comme le romancier avant lui, une allégorie sur l’addiction qui prive les individus de leur personnalité, les change en monstres.
Une dernière méthode typiquement kingienne apparaît également : les objets du quotidien se transforment en sources d’angoisse. Alors, certes, ça ne fait pas peur un seul instant (la faute à une réalisation qui bannit toute inventivité et qui va trop souvent à la facilité), mais la façon qu’ont les objets les plus familiers à être assimilés par la lueur verte est une bonne idée.
Les Tommyknockers, d’ailleurs, ne se contente pas de respecter l’univers de Stephen King. On peut y voir de nombreuses allusions aux classiques du genre, depuis Le Village des Damnés jusqu’à L’Invasion des Profanateurs de sépulture.
Au final, ce long téléfilm est loin de décevoir ceux qui cherchent la fidélité à l’œuvre de King. Par contre, la fin reste plombée par des trucages à deux sous.
Les Tommyknockers : bande-annonce
Les Tommyknockers : fiche technique
Titre original : The Tommyknockers
Réalisation : John Power
Scénario : Lawrence D. Cohen, d’après le roman de Stephen King
Interprétation : Jimmy Smits (Jim Garner), Marg Helgenberger (Roberta Anderson), E. G. Marshall (Grand-père Hillman), Traci Lord (nancy Voss)…
Photographie : Danny Burstall, David Eggby
Musique : Christopher Franke
Montage : Tod Feuerman
Production : Jayne Bieber, Jane Scott
Société de production : The Konigsberg/Sanitsky Company
Société de distribution : ABC
Budget : 12 millions de dollars
Genre : science-fiction
Durée : 180 minutes
Date de diffusion en France : 11 février 1995
Etats-Unis- 1993