Expo James Bond : la légende 007 s’expose

Antoine Delassus Rédacteur LeMagduCiné

Pas de repos pour les braves ! A peine le temps de le voir quitter les écrans, que revoilà déjà James Bond aux affaires. L’espion du MI6 est en effet, et ce jusqu’au 4 septembre prochain, l’objet d’une exposition unique basée à la Grande Halle de la Villette. Sa mission : rappeler avec plus de 500 objets (dessins préparatoires, costumes, véhicule et autres gadgets) son statut d’icône de la culture populaire, tout en faisant état de son style inimitable.

Pas question donc de tergiverser : James Bond est une icône. Aux cotés de Luke Skywalker, Don Corleone et Indiana Jones, le fringuant espion dopé à la vodka martini ne démérite pas. Brillant sujet de Sa Majesté, jamais en reste dès lors qu’il est question de sauver le monde, le bougre a depuis ses premières aventures au cinéma (en 1962) fait montre d’un penchant avéré pour le luxe. Il suffit d’ailleurs de voir sa garde-robe pour se convaincre, qu’outre d’être le meilleur agent de la division 00, le sieur à la chevelure brune s’est transformé en mascotte des plus grandes marques du monde. Bollinger, Omega, Tom Ford, Aston Martin, toutes répondent présent depuis plus d’un demi-siècle pour affirmer à ceux qui ne l’auraient pas encore compris, que James Bond, c’est la classe incarnée. Un modèle d’élégance et de charme jamais contesté. Mais qui dit modèle dit surtout création. D’où est parti cet inextinguible besoin de draper cet espion charmeur dans les plus beaux costumes ou de le faire asseoir dans les plus belles voitures au monde ? Une question qui semble à l’origine de cette exposition qui, en jouant simultanément la carte de l’hommage et de la rétrospective, est à même de brosser les fans dans le sens du poil, comme de stimuler les néophytes.

Entre symbolisme et raffinement

Et à force d’enchaîner les passages sur les plateaux de tournages, on aura appris quelques petits trucs sur l’icône de Ian Fleming. La première c’est qu’il est expéditif. La deuxième c’est qu’il est un véritable showman. Il suffit d’ailleurs d’un seul petit coup d’œil à la première salle pour nous en convaincre. Une porte en forme de barillet. L’Aston Martin DB5. La seule. L’unique. Puis la DB10, sa petite sœur, crée spécialement pour les besoins de Spectre et qui en impose. Deux légendes qui trônent fièrement autour d’une porte. Un peu plus et on se croirait dans la Grèce Antique, sans doute béat devant ce soin apporté à la théâtralité, qui en un rien de temps, propulse un héros de littérature en figure quasi-divine. Et ce n’est que la première pièce. La suite, elle, confirme la tendance. Drapée dans un agréable jeu de clair-obscur, l’exposition se plaît à nous faire naviguer dans une sorte de dédale sans cesse ponctuée de pièces et objets iconiques. On retrouvera pêle-mêle, le pistolet d’or de Scaramanga, le trophée BAFTA de Skyfall, les lunettes de Max Zorin, le chapeau à bords tranchants d’Oddjob, ou encore la mâchoire argentée de Requin. Que de bibelots en apparence très banals, mais qui une fois passés sous un spectre de couleur oscillant entre le doré et le noir, se révèlent être inestimables. aston-martin-db10-exposition-james-bondEt on le comprend. Car, en plus d’être parfaitement en phase avec les objets qu’elle dévoile, l’exposition jouit d’une étonnante construction interne. Un peu comme si elle avait été construite pour éclairer les zones d’ombres du mythe. D’abord, la vie de son auteur, Ian Fleming. Sa famille, ses hobbys. Tout est passé au peigne fin pour tenter de déceler les traits d’humeurs ayant migré de sa personnalité jusque dans les pages de ses romans. On se plait donc à admirer béatement la machine à écrire plaquée or de l’écrivain, tout comme ses habitudes alimentaires qui le voyaient boire et fumer sans discontinuer, une bouteille de scotch et deux paquets de cigarettes par jour. Sacré programme. Ensuite, le bureau de M. Sa porte rembourrée, le bureau de Moneypenny attenant au sien. Le porte-manteau où s’essayait déjà au tir Sean Connery. Autant d’éléments qui nous renvoient, 10, 20, voire 30 ans en arrière selon les générations, au moment où Bond devait se rendre dans le bureau de son patron pour assimiler quel mégalomane il aurait la charge d’amener au cimetière.

Une ode à la classe

Ironiquement, on ne retrouvera les méchants que vers la fin. Avant ça, un détour nous est offert par le département Q. Jonché comme toujours de gadgets en tout genre, entre le dispositif ATAC de Rien que pour vos yeux (1981) et le bateau de Le Monde ne Suffit pas (1999), la pièce est voulue comme un entrepôt dont les étagères seraient déjà largement mises à contribution, la faute à 007 qui a l’air de considérer que la tripotée de gadgets qu’il reçoit sont à usage unique. Là encore, quelques morceaux de choix attirent l’œil. Le boitier à cigarette ouvreur de coffre-fort de Moonraker (1979) côtoie ainsi le râteau-émetteur de Permis de Tuer (1989). machine-ecrire-fleming-exposition-james-bondPreuve en est que l’humour aura toujours eu une place de choix dans la saga, au même titre que la gravité et la sensualité. Deux éléments d’ailleurs représentés en masse dans la pièce suivante, qui se fait le pari de rendre compte de la classe de l’espion par le biais de ses nombreux costumes. Celui de Spectre évidemment, mais galanterie oblige, aussi ceux de ses partenaires. La robe d’Elektra King, celle de Xenia Onatopp, ou l’imposant smoking de Valentin Zukovsky, le malheureux quidam qui perd son genoux et sa fabrique de caviar à cause de 007. Triste vie. Heureusement, car voilà que les apôtres du malheur arrivent. Les méchants. Être méchant de James Bond, c’est une institution. Un art même. Ça peut passer par la prestance (à ce titre, on se souviendra longtemps de Joseph Wiseman grimé en Docteur No, ou de Christopher Walken qui joue l’infâme Max Zorin), mais aussi leur manière de s’habiller. Costume à col Mao pour Franz Oberhauser, chemise hawaïenne pour le hacker Boris Grischenko, et même combo cuir-latex pour la sadique Xenia Onatopp. Evidemment, que seraient ces fameux méchants sans les accessoires qui les caractérisent ? En ça, l’exposition s’avère d’ailleurs bien pensée. La bague ornée du motif du Spectre de Franz Oberhauser (Spectre), le stylo explosif de Goldeneye (1995), les dents de Requin dans l’Espion qui m’aimait (1977); tout est là pour rappeler qu’un méchant c’est bien, mais un méchant avec plein de gadgets, c’est mieux. palais-glace-maquette-exposition-james-bondUne manière comme une autre de mettre 007 sur un pied d’égalité avec sa Némésis et corser la difficulté qu’il aura à, encore une fois, sauver le monde de leurs plans diaboliques. Mais au fond, on ne devrait pas s’inquiéter, car à force d’égrener les titres les plus invraisemblables, la saga a réussi à mettre le doigt sur le vecteur le plus important de la franchise : l’espoir. En titrant l’une de ses aventures Demain ne Meurt Jamais, la saga a ainsi fait plus qu’apposer un vulgaire nom sur une aventure du Commandeur. Elle a distillé un espoir qu’elle a placé dans son chevalier au smoking. De l’espoir, qui dans ces périodes troublées ne fait pas de mal.

Autant conçu pour récompenser le fan endurci que séduire le plus banal néophyte, nul doute que l’exposition consacrée à l’icône 007 saura plaire à quiconque arpente ses travées. Riche, subtile et inventive, le parcours proposé par EON au cœur de l’une des plus grandes figures du cinéma est clairement un incontournable pour quiconque s’estime fan du personnage.

James Bond, 007, l’exposition : Bande-annonce 

Rédacteur LeMagduCiné