Undertheskin-critique

Under the Skin, un film de Jonathan Glazer : Critique

Under the Skin, un Road Movie en mode Prédateur

Synopsis : Sur les routes d’Écosse, Laura, une extraterrestre d’apparence humaine, enlève des hommes

L’introduction donne déjà envie de quitter la salle. L’écran est sombre, la musique est crispante. Nous devinons la voix de Scarlett Johansson en fond sonore : juste des mots, pas de phrases, c’est confus. Puis la lumière apparaît, nous venons d’assister à sa transformation… Un homme ramasse le corps d’une femme. Scarlett Johansson nue, se met à la déshabiller. Tout se passe en silence, ce sera le ton du film jusqu’à la fin.

Nous suivons Scarlett Johansson. Elle est au volant d’une camionnette blanche appartenant à une femme morte, une prostituée, dans les rues d’une ville écossaise, accostant les hommes seuls. Elle ramène ceux qui n’ont pas de famille, dans un lieu non identifié. Elle marche en reculant, se dénudant… Ils marchent vers elle, en se dénudant aussi, comme hypnotisés, avant de disparaître, sans que l’on sache ce qui va advenir d’eux, ni la raison de ce rituel obscur. Le mystère plane sur cette femme et cet homme discret sur sa moto, qui veille sur elle et surtout sur ces hommes.

Under the Skin, est un film froid, comme le personnage de Scarlett Johansson, qui ne ressent aucune émotion face à la détresse d’un couple qui se noie, à leur bébé seul sur la plage dont le destin sera sûrement funeste. Avant la rencontre qui va perturber sa mission – mais l’être humain est fait de contradictions – il a plusieurs visages et elle va l’apprendre à ces dépends.

Jonathan Glazer prend son temps, les plans sur cette Écosse pluvieuse et brumeuse sont beaux. Sa caméra est sur Scarlett Johansson. Il ne la lâche pratiquement pas, ne perd pas une seule occasion de montrer son corps évoluant en tenue légère ou nue, sans que cela soit érotique ou vulgaire. Cela ressemble à du cinéma expérimental, du cinéma d’auteur, à une ode envers Scarlett Johansson. Mais ce n’est ni fascinant, ni envoûtant, ni même déroutant. Il n’y a pas d’émotions, les plans sont longs. Cela frise parfois le ridicule, comme lorsqu’elle découvre son corps humain.

Under the Skin rappelle le cinéma de David Lynch, sans la fascination d’Eraserhead, mais avec l’humanité éphémère d’Elephant Man. Un objet d’art contemporain. Il peut tout autant dérouter, que fasciner, tout dépend de la sensibilité de chacun.

Under the Skin : Bande-annonce

Auteur de la critique : Laurent Wu

Fiche technique : Under the Skin

Royaume-Uni – 2013
Réalisation : Jonathan Glazer
Scénario : Walter Campbell, d’après le roman Sous la peau de Michel Faber
Casting : Scarlett Johansson, Jeremy McWilliams, Lynsey Taylor Mackay, Dougie McConnell, Kevin McAlinden, D. Meade, Andrew Gorman, Joe Szula, Krystof Hádek…
Décors : Emer O’Sullivan
Costumes : Steven Noble
Montage : Paul Watts
Musique : Mica Levi
Photographie : Daniel Landin
Production : Nick Wechsler et James Wilson
Sociétés de production : Film Four, FilmNation Entertainment, JW Films
Société de distribution : Studio Canal
Durée : 1h45
Genre : Science-fiction