Jennifer Lopez s'apprête à tirer
The Mother. Jennifer Lopez as The Mother in The Mother. Cr. Eric Milner/Netflix © 2023.

The Mother : la mère de tous les péchés (cinématographiques)

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On ne va pas se mentir : on n’attendait pas grand-chose de cette nouvelle production Netflix qu’est The Mother. Et loin de nous surprendre, elle se vautre dans presque tous les travers les plus basiques du mauvais film. On aurait aimé pu dire que ça se laisse tout de même regarder mais il n’en sera rien tant c’est mauvais, mal écrit, mal filmé et mal monté.

Jennifer Lopez a beau avoir toujours un sacré physique et un charisme indéniable, plutôt qu’être une véritable bonne comédienne, elle ne peut rien faire dans le désert cinématographique qu’est ce The Mother. Un film à ranger dans le même panier que ces vulgaires téléfilms de seconde partie de soirée que l’on peut trouver sur les chaînes hertziennes. L’époque, plutôt brève à la fin des années 90, où elle a véritablement brillé en tant qu’actrice avec des films comme Hors d’atteinte et U-Turn est décidément bien révolue. Et on sent qu’elle ne cherche même plus à atteindre ce statut de bonne comédienne quand on voit ses choix, entre comédies romantiques douteuses et thriller de série B au rabais. Ici, si on ne peut pas dire qu’elle soit mauvaise, cette prestation ne lui vaudra certainement pas pour autant d’être réhabilitée.

Il fut un temps pas si lointain où l’on osait parler de films destinés à la ménagère de plus de quarante ans, un public de niche à l’appellation quelque peu péjorative mais auquel ce piteux suspense neurasthénique collerait à merveille. Peu ambitieux, doté d’un script générique vaguement féministe pour matcher avec l’époque, vantant les mérites de la vengeance à l’ancienne et jouant bêtement sur la corde sensible de la maternité, c’est un thriller d’action (même si ces deux genres méritent bien mieux que ce type de produit) lambda et totalement trivial. C’est simple: on dirait que The Mother a été exhumé des années 90 tellement il paraît périmé et mille fois vu. Mais surtout déjà vu en beaucoup mieux.

Et le fait d’arriver après une flopée de séries B – voire Z – du même acabit et généralement plus enthousiasmantes ne l’aide pas. Du génial et complètement azimuté Bloody Milkshake en passant par le tout aussi mauvais Peppermint, les revenge movies au féminin avec l’option enfants en péril courent les écrans. Et c’est sans compter ceux sans l’option suscitée ou encore d’autres en version masculine, un peu en désuétude depuis quelques temps. C’est donc peu dire que ce The Mother fait non seulement pâle figure en arrivant maintenant, avec si peu de cœur à l’ouvrage et en se positionnant juste comme un vulgaire produit de consommation sans âme et sans identité. Un film uniquement destiné à pallier à une soirée pluvieuse et/ou d’ennui autant qu’être un véhicule pour la star et combler ses fans peut-être peu regardants. On se demanderait même presque si J-Lo est contente du résultat au vu de la nullité du produit. Mais il faut dire qu’elle a fait bien pire chez la concurrence Prime Vidéo avec le tout aussi vilain Shotgun Wedding en début d’année.

Pourtant, on a quand même Niki Caro à la mise en scène ainsi que Gael Garcia Bernal et Joseph Fiennes en seconds rôles et un trio de scénaristes plutôt renommés à l’écriture. A la vue du résultat, on est en droit de se demander si tous ces gens ne sont pas simplement venus chercher leur chèque pour payer leurs impôts. Pour faire court, il n’y a aucune idée de mise en scène, et niveau cadrage ou montage on s’approche dangereusement de feu la collection de TF1 du samedi soir Hollywood Night dans les années 80. La réalisatrice néo-zélandaise, approchée par Hollywood après Paï, nous avait pourtant offert deux beaux drames avec L’affaire Josée Aimes puis La femme du gardien de Zoo. Mais le remake live (et raté) de Mulan aurait dû donner l’alerte… Quant aux deux acteurs censés être les opposants à miss Lopez, ils ont une scène à défendre (Garcia Bernal perdu) ou frôle la caricature (Fiennes inexistant). Seul le moins chevronné Omari Hardwick semble y croire et s’investir un minimum. Quant au scénario, à six mains pour écrire un truc aussi basique… Vraiment? Une IA aurait pu le faire gratuitement!

A la limite, il faut avouer que les séquences entre une mère et sa fille qui se découvrent de manière peu commune sont les plus réussies de The Mother. La gamine joue bien et J-Lo est correcte, ce qui aboutit à des séquences aux dialogues assez soignés et quelques moments réussis, presque émouvants. En revanche, les scènes d’action frôlent la catastrophe, entre un grand n’importe quoi invraisemblable et un montage en dépit du bon sens. On a rarement vu des séquences censées être musclées au rythme si indigent. Une véritable catastrophe de laquelle on sauvera juste un carambolage prévisible mais bien exécuté. Attention, pas de quoi s’emballer, la séquence dure à peine deux minutes. Mais sur les quatre moments censés être spectaculaires de cette série B soi-disant de luxe qui dure près de deux longues heures, c’est bien peu tant le reste est nul et filmé avec les pieds. Bref, vous l’aurez compris, c’est à éviter à moins de n’être vraiment pas regardant.

Bande-annonce : The Mother

Fiche technique : The Mother

Réalisation : Niki Caro.
Avec Jennifer Lopez, Joseph Fiennes, Omari Hardwick, …
Photographie : Ben Seresin.
Montage : David Coulson.
Scénario : Misha Green, Andrea Berloff, Peter Craig.
Production : Netflix.
Pays de production : Etats-Unis.
Durée : 1h55.
Genres : Thriller – Drame – Action.
Date de sortie : 12 mai 2023

The Mother : la mère de tous les péchés (cinématographiques)
1.5