Moi, moche et méchant 3 confirme le fait que le studio Illumination Entertainment se repose sur ses lauriers, livrant pour le coup un nouvel opus certes sympathique mais incroyablement anecdotique.
Synopsis : Alors qu’il est renvoyé de l’Agence pour ne pas avoir réussi à arrêter le vilain du moment, Balthazar Bratt, et ayant dû faire face à la démission de ses fidèles Minions, Gru va faire la connaissance de son frère jumeau, Dru, dont il ignorait l’existence. Mais ce qui devait être une simple rencontre va très vite devenir une demande à Gru de retomber du côté des vilains. Se battant contre la tentation, il va cependant utiliser cela à son avantage afin de préparer sa vengeance envers Bratt et de récupérer son poste d’agent secret…
L’opus de trop pour un studio d’animation s’appuyant sur ses acquis
Il a beau être l’un des plus grands succès commerciaux de tous les temps, Les Minions n’avaient pas spécialement emballé la critique. Et pour cause, cette dernière jugeait le long-métrage paresseux, révélant à quel point le studio d’animation Illumination s’était reposé sur ses lauriers. Un fait qui se confirme malheureusement avec les futurs projets de la firme (des suites à Comme des bêtes et Tous en scène) et surtout ce tant attendu Moi, moche et méchant 3. Pourtant, à la vue de la bande-annonce, ce nouvel opus avait de quoi susciter bien des attentions ! Notamment un nouvel antagoniste ultra charismatique, qui envoyait du pâté rien que dans la promotion du film. Au final, si l’ensemble se montre suffisamment sympathique pour amuser, la déception pointe tout de même le bout de son nez une fois arrivé au générique de fin.
Passé une séquence d’introduction juste démentielle – mais malheureusement trop vue dans la bande-annonce –, Moi, moche et méchant 3 ne parviendra jamais à décoller comme ses prédécesseurs. La rencontre entre Gru et son frère jumeau ? Un simple prétexte pour justifier une nouvelle aventure. Le méchant si charismatique ? Loin d’être aussi délirant que prévu, se montrant par moment un peu fade et pas si menaçant que cela. Les Minions ? Contrairement au second volet, ils sont totalement inutiles à l’intrigue et servent plutôt à amuser la galerie et – surtout – à meubler le scénario. Il n’est pas nécessaire de continuer ce jeu des questions/réponses pour dire que l’équipe du film ne s’est vraiment pas foulée sur ce long-métrage. Préférant tout miser sur le panache et l’aura de la franchise, elle n’a pas cherché à apporter quoique ce soit à celle-ci. Même pas une once d’évolution, l’ensemble se perdant avec des intrigues secondaires qui n’ont pas lieu d’être (Agnès partant à la recherche d’une vraie licorne, Margot faisant face à un prétendant un peu trop collant…). Seule celle où l’on voit Lucy tenter de gagner ses galons de mère ajoute un petit quelque chose au personnage, la rendant encore plus appréciable. Hormis cela, vous n’aurez rien d’autre à vous mettre sous la dent. Même les graphismes font du surplace depuis Les Minions, c’est pour dire !
Et c’est vraiment navrant car, derrière ce sérieux manque d’implication, se cachent d’excellentes idées qui ne seront jamais exploitées. Des exemples ? Les motivations de l’antagoniste : une star déchue tentant de se venger du système hollywoodien. Rien qu’avec ce postulat, nous aurions pu avoir une critique plutôt salée des gros studios, de la célébrité en générale. Mais non, cela n’ira pas au-delà… Autre fait : Dru, le frère jumeau de Gru. Là, il pouvait y avoir bon nombre de thématiques à explorer comme un jeu du miroir entre les deux personnages, le frère diabolique, la jalousie, les retrouvailles… ou même une sorte d’adaptation pour nous, Français, du sketch du blond de Gad Elmaleh. Que nenni ! Leur relation se résumera à celui qui parlera le plus fort, ni plus ni moins. Et ce jusqu’à une fin pour le moins brutale, qui vous fera exprimer un « Ah, c’est déjà fini ? » de déception, renforçant le côté anecdotique de ce film d’animation.
En ne se contentant que du minimum syndical, ce troisième opus parvient néanmoins, tout comme Les Minions, à assurer le spectacle. Se garantissant la sympathie du public en réutilisant l’efficacité comique des gélules jaunes. En présentant des moments touchants via le personnage d’Agnès. En usant une nouvelle fois du charme de ses protagonistes. Bref, tout ce qu’il faut pour vous arracher quelques rires ou bien vous émouvoir un laps de temps. Sans oublier le fait que, malgré une ambition au ras des pâquerettes, le long-métrage n’ennuie pas une seule seconde car se montrant énergique au possible. Moi, moche et méchant 3 a suffisamment de panache via son enchaînement de séquences virevoltantes, ses situations comiques, sa bande originale entraînante et sa petite durée (1h30) pour être le divertissement idéal à voir en famille, sans prise de tête. C’est déjà ça de gagné !
Mais n’est-ce pas là une preuve que la franchise n’a plus rien à nous raconter ? Qu’il serait temps de passer à autre chose ? Bien que ce Moi, moche et méchant 3 soit l’opus de trop, il est certain qu’Illumination Entertainment continuera à exploiter le filon jusqu’à épuisement total. Cela sera peut-être le cas avec Les Minions 2, attendu pour 2020. Une chose est sûre : cela sera un nouveau succès commercial pour la firme. Et cela sera déjà le cas avec ce troisième opus de la franchise, qui risque fort de dominer les salles lors de la période estivale.
Moi, moche et méchant 3 : Bande-annonce
Moi, moche et méchant 3 : Fiche technique
Titre original : Despicable Me 3
Réalisation : Kyle Balda et Pierre Coffin
Scénario : Cinco Paul et Ken Daurio
Doublage : Steve Carell (Gru / Dru), Kristen Wiig (Lucy), Trey Parker (Balthazar Bratt), Miranda Cosgrove (Margo), Dana Gaier (Edith), Nev Scharrel (Agnes), Pierre Coffin (les Minions / le directeur du musée / voix additionnelles), Steve Coogan (Fritz / Silas De Lamolefès)…
Genre : Animation
Budget : 80 M$
Montage : Claire Dodgson
Musique : Heitor Pereira et Pharrell Williams
Producteurs : Janet Healy et Chris Meledandri
Productions : Illumination Entertainment et Universal Pictures
Distributeur : Universal Pictures
Date de sortie : 5 juillet 2017
Durée : 90 minutes
États-Unis – 2017
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