Un Après un Eiffel très décevant, Martin Bourboulon avait su gagner le cœur des français avec la première partie de son diptyque des trois mousquetaires : D’Artagnan. Efficace mais non sans défauts, ce premier volet offrait les bases pour une suite mémorable. Corriger les problèmes, sans en créer de nouveaux. Tel est le défi des Trois Mousquetaires : Milady. Réussi ?
La plume émoussée ?
Que reprochait on à la première partie ? Peu de choses, tout compte fait. On appréciait les décors de ce blockbuster français, sorti après la catastrophe planétaire Astérix et Obélix : L’empire du milieu. On saluait les efforts de mise en scène, lors des scènes d’action, appréciait le jeu de nos acteurs ainsi que leur humour. A contrario, on émettait des doutes sur le scénario, très centré sur le personnage de D’Artagnan. Enfin, difficile de ne pas évoquer la photographie. Bien trop sombre, elle gâchait la beauté de l’œuvre, voire carrément certains passages. Certaines choses ont été améliorées, d’autres non.
Assez curieusement, cette suite s’ouvre… comme un épisode de série télévisée, avec un « Précédemment dans les trois mousquetaires ». Rare et étonnant, pour un long-métrage. Le récap, long de plusieurs minutes, permet aux spectateurs de ressaisir l’essentiel de l’intrigue. Était-ce nécessaire, sachant que D’Artagnan ne date que de quelques mois ? Dans l’hypothèse ou certains verraient Milady sans avoir vu le premier, on peut se dire, pourquoi pas. Difficile d’être aussi clément sur la conclusion, ratée et tombant comme un cheveu sur la soupe, apportant bien plus de questions que de réponses. Et, entre deux, une histoire agréable mais incapable de corriger les défauts de sa grande soeur. Certes, Eva Green est bien plus présente et toujours incroyablement charismatique en Milady, mais l’histoire reste toujours la quête de D’Artagnan. Dans l’idée, pourquoi pas, une adaptation peut choisir un angle en particulier et le scénario reste suffisamment intéressant pour capter notre attention pendant 2h. Le souci vient donc des antagonistes, dont on ne saisit toujours pas réellement les motivations et de certaines sous-intrigues politiques, peu ou mal développées. Le rythme s’essouffle quand l’histoire sort du cercle des mousquetaires. Rien de bien dramatique, on le note malgré tout. On en aurait simplement voulu plus, pour comprendre le pourquoi du comment.
Milles idées de cinéma
En dehors de l’histoire et de ses défauts qui lui collent au fourreau, cette suite parvient malgré tout à s’améliorer sur quasiment chaque point, à une exception près. Les décors sont plus variés, plus détaillés, plus jolis. Surtout, ils sont infiniment mieux éclairés, un superbe travail ayant été effectué en post-production, suite aux critiques sur le premier film. Les rares scènes de nuit sont sublimes, en plus d’être absolument épiques. Dieu merci, on nous épargne une nuit américaine absolument immonde. La musique de Guillaume Roussel sert magnifiquement la beauté du tout, des moments calmes aux scènes d’action. Si certaines sont exceptionnelles et n’auraient rien à envier à un Pirates des Caraibes, il est curieux de constater l’aspect absolument brouillon des combats à l’épée. Comme pour la première partie, Bourboulon déclare son amour pour le plan-séquence, mais semble en avoir perdu la maîtrise en cours de route. Difficilement lisibles, caméra tremblotante, on perd totalement les affrontements réussis et marquants pour des rixes plats dont on ne retient pas grand-chose. Quel dommage !
In fine, que retenir de cette oeuvre en deux parties ? Globalement, on en parlera en bien. Cette nouvelle adaptation de l’oeuvre d’Alexandre Dumas offre un véritable spectacle, bienvenu dans la sphère du blockbuster français. Si les qualités techniques et visuelles sont sublimées dans la seconde partie, tout n’est pas parfait et les deux films se traînent les mêmes failles scénaristiques qui pourraient faire bouder les lecteurs du roman. Reste donc un joli spectacle, doté d’une véritable allure de blockbuster, suffisamment efficace et rare dans le cinéma français pour justifier le prix du billet. A vos épées !
Bande-annonce – Les Trois Mousquetaires : Milady
Fiche technique – Les Trois Mousquetaires : Milady
Réalisation : Martin Bourboulon
Scénario : Alexandre de La Patellière / Mathieu Delaporte
Casting : François Civil / Eva Green / Vincent Cassel / Louis Garel / Romain Duris / Pio Marmai
Décors : Stéphane Taillasson
Costumes : Thierry Delettre
Photographie : Nicolas Bolduc
Durée : 115 minutes
Sociétés de production : Chapter 2 / Pathé Films
Société de distribution : Pathé Distribution
En salle : le 13 Décembre 2023