Critique du film, Le Père Noël

Synopsis : Le petit Victor doit se coucher tôt car c’est ce soir que vient le père noël pour distribuer ses cadeaux. Quand il voit Tahar Rahim débarquer en tenue complète, il est persuadé que son vœu va se réaliser et que celui-ci va l’emmener sur son traîneau dans les étoiles. Problème, ce dernier n’est qu’un cambrioleur en permission pour une nuit hors de prison. Les deux vont s’entraider et passer un réveillon des plus mouvementés.

Une avant-première au goût de marketing

Il n’est pas inhabituel de voir des avant-premières le dimanche pour les gros films familiaux, mais celle-ci était un peu particulière. Tout d’abord par la présence des comédiens et du réalisateur, qui à part le petit Victor Cabal n’avaient pas grand-chose à dire. Ensuite pour la présence  de sacs de goodies sur les sièges. La projection étant tout public, on pouvait être surpris de retrouver ce genre d’action de communication d’habitude réservée aux professionnels.

A l’intérieur, on pouvait trouver : du soda, un petit père noël en chocolat, un jeu de société de voyage, un cahier de notes, ainsi qu’un bon de réduction pour le jeu vidéo à figurines « Skylanders ». Ce dernier point est particulièrement intéressant, car Le Père Noël propose un vrai placement produit durant tout le film, digne d’une production Luc Besson. Le jeu d’Activision se trouve dans la liste de Noël du petit garçon, au cœur d’une intrigue secondaire et fait partie des cadeaux de fin. S’il n’est pas complètement scandaleux de retrouver ce jeu dans le film, au vu du succès qu’il rencontre auprès des plus jeunes, il choque dans un contexte ou aucune autre marque n’est citée et où les jouets ont une place très secondaire.

Un film policier pour enfants 

Le Père Noël est un film qui se déroule en une nuit. Cette unité de temps donne une certaine crédibilité à l’intrigue. Tout repose en effet sur un malentendu initial (l’enfant a envie de croire que Tahar Rahim est le Père Noël) qui va très vite amener les personnages à collaborer dans une mission de cambriolages.

L’enjeu est en effet double pour Tahar Rahim : récupérer assez d’argent pour rembourser un mafieux (interprété par Michaël Abiteboul, le Seth Rogen roux français) et, parce qu’il se blesse rapidement, apprendre son « métier » à l’enfant.

L’essentiel de l’intrigue se rapproche donc d’un film policier : tension dans les cambriolages, bagarre, gros mots, police, et milieux interlopes sont au programme. Ce genre est très peu représenté dans le cinéma jeunesse (il ne nous vient à l’esprit qu’Une vie de chat) et il est facile d’imaginer pourquoi : comment rendre le suspense, la violence et l’immoralité sans choquer les enfants ?

Le Père Noël répond à cette question en adoptant le regard de l’enfant. Cette virée nocturne est pour lui l’occasion de découvrir Paris illuminée par les décorations hivernales, mais aussi de se découvrir des qualités d’acrobatie et de courage. Son regard est dirigé par les mensonges de Tahar Rahim : le grand méchant devient le père fouettard, un bidonville devient le village des lutins camouflé pour ne pas être découvert, tandis que les danseuses des folies bergères sont filmées comme des fées. Enfin, le contenu global du film reste relativement timide : le film est court (01h20), les méchants sont assez peu présents, et il ne s’y passe rien de bien impressionnant pour un adulte. Si la tension monte au fur et à mesure que l’enfant prend conscience de ce qu’il se passe, on n’est jamais vraiment inquiet quant au happy end final.

Un vrai film de Noël

Qui dit film de Noël, dit morale rédemptrice autour d’un chocolat chaud. Le Père Noël n’échappe pas vraiment à cette règle, même s’il essaie d’en jouer. En tant qu’apprenti du père noël, le jeune héros va apprendre à dire des gros mots, à cambrioler, voir ses premières femmes peu vêtues, ce qui surprend dans un tel film grand public. Heureusement vient toujours le moment où les bonnes mœurs sont respectées : jurer, c’est mal et voler encore plus. Au final c’est l’enfant qui va apprendre la vie à l’adulte, pour une histoire de rédemption comme nous les aimons tant : de délinquant sans futur, Tahar Rahim va pouvoir devenir une figure paternelle crédible. N’est-ce pas là le vrai miracle de Noël ?

Un beau cadeau de noël ?

Visuellement, Alexandre Coffre livre un travail sérieux : si le rythme n’est pas extraordinaire ou les cadres très innovants, le film est plutôt joli, avec notamment quelques plans qui vous feront dire : que c’est beau une ville la nuit ! Le duo Tahar Rahim Victor Cabal, fonctionne bien et on suit leurs aventures sans frisson particulier, mais sans non plus s’ennuyer.

D’où la question : faut-il voir ce film ? Le film ne s’adresse pas aux adultes, malgré la présence en vedette de Tahar Rahim. Contrairement à un grand dessin animé Pixar ou Aardman, il ne propose pas de scène visuellement époustouflante ou de discours à plusieurs degrés. Le film s’adresse à un public jeune (a priori entre six et douze ans) mais son aspect buddy movie criminel risque de faire peur aux parents. La salle était remplie d’enfants, mais il est difficile de dire s’ils ont aimé le film : le silence qui a régné tout du long semble tout de même être le signe qu’ils étaient intéressés par ce qui se passait à l’écran.

De sorte que oui, le père noël est un bon film dans le sens où il réalise pleinement son projet. Est-ce celui que le public attend ? Sa sortie le 10 décembre nous en donnera la réponse.

Le Père Noël – Bande-Annonce

Fiche technique : Le père Noël

France – 2014
Date de sortie : 10 décembre 2014
Réalisateur : Alexandre Coffre
Interprètes : Tahar Rahim (le père noël), Victor Cabal (Victor), Michaël Abiteboul (le père fouettard)
Scénario : Rachel Palmieri, Fabrice Carazzo, Alexandre Coffre, Laurent Zeitoun
Photographie : Pierre Cottereau
Décors : Gwendal Bescond
Musique : Klaus Badelt
Sociétés de production : Quad Productions, Mars Films, M6 Films