Synopsis : Chaque année, des millions de familles se retrouvent lors de cette occasion spéciale qu’est la fête des mères. Ce jour-là, les routes de plusieurs personnes vont se croiser…
Bienvenue au pays du kitsch
Après le film sur la Saint-Valentin (Valentine’s Day), le film sur le Jour de l’An (Happy New Year), que manquait-il comme journée spéciale à célébrer ? Noël étant le centre de moults histoires, le réalisateur Gary Marshall, après deux long-métrages choraux (et un Pretty Woman il y a fort longtemps), enchaîne avec son troisième sur le thème de la Fête des Mères. Un sujet fédérateur donc, puisque comme chacun le sait, tout le monde a une maman. Le but ici n’étant bien sûr pas de faire un film de cinéma mais plutôt de ratisser large car la figure de la mère sera déclinée dans toutes ses variables possibles. Après tout, qu’elle soit divorcée, décédée, adoptée ou raciste, on aime tous notre maman. Mais comme ça ne suffit pas, il faut bien sûr rajouter quelques intrigues amoureuses ici et là pour être sûr de n’oublier personne (parce que oui, avant d’être maman, il faut être en couple). Ce n’est pas le sujet principal du film, qui prendra une demi-heure en plus pour conclure toutes ces sous-intrigues qui sont là plus par convention qu’autre chose.
Qui dit film choral dit acteurs connus et la communication du film repose là-dessus. Ainsi, c’est Jennifer Aniston qui tient ce qui pourrait être le rôle principal de cette maman divorcée fantasque, jalouse de la nouvelle belle-mère de ses fils. Jason Sudeikis, lui, est un papa veuf et ne sait pas s’y prendre avec ses deux filles autant dire la figure du papa pas dégourdi déjà essorée à l’extrême. La présence de Julia Roberts est quant à elle totalement injustifiable. Affublée d’une perruque absolument affreuse, elle n’a aucune histoire ou intrigue valable, en bref aucun rôle, n’en déplaise à son toujours éblouissant sourire. Seule Kate Hudson surprend, avec une intrigue qui aurait pu être intéressante. Elle joue Jesse, dont la sœur est homosexuelle et dont les parents sont de parfaits américains attardés et puritains (comprendre par là racistes et homophobes), alors qu’elle-même est mariée à un Indien. Les deux frangines n’ont pas vu leurs géniteurs depuis plusieurs années et cachent ce que sont leurs vies aujourd’hui, jusqu’à ce que les parents débarquent et découvrent la vérité. Oh, mais on assisterait presque à un regard critique sur les Etats-Unis ? Non, il faut être fédérateur, et la grande famille va se recomposer sans aucune raison, puisque c’est bien connu, l’amour n’a ni couleur ni orientation sexuelle. Les motivations haineuses des parents sont balayées en un rien de temps, comme quoi dans la vie tout est simple parfois. Bref Joyeuse Fête des Mères, est lisse, propre, simple et kitsch. Une petite mention à l’actrice Britt Robertson qui sort un peu du lot mais dont l’histoire s’embourbe dans l’inintérêt le plus total.
Il s’agissait aussi d’un film comique. Toutes les blagues sont d’une facilité déconcertante. Ce n’est pas là nécessairement la faute du scénario et des comédiens, mais également de la mise en scène. Il n’y a aucune inventivité, aucune subtilité, la caméra est descriptive et se trouve surplombée d’une musique omniprésente et dégoulinante, bref, tout ce qu’il y a de plus ennuyant. Joyeuse Fêtes des Mères s’inscrit dans cette lignée de films américains sans aucune maîtrise de la mise en scène comme pourrait le faire un Edgar Wright (Shaun of The Dead, Le Dernier Pub avant la fin du monde). Autre chose à reprocher au long métrage enfin, son culturalisme marqué. C’est tout le modèle de vie WASP qui est décrit ici, avec notamment l’élévation de la Fête des Mères au rang de fête majeure et extrêmement commerciale (pour preuve, la sortie du film est décalée en France et aux Etats-Unis, la semaine juste avant ladite fête. L’enjeu marketing en devient évident et nauséabond). A force d’exporter des films américains pour les américains, on viendrait presque à perdre nos spécificités européennes et françaises, au profit d’une mondialisation affreuse. L’évocation par exemple de Liberace* ne dit rien à personne dans la salle et fait tomber à l’eau la vanne et sa chute, laissant un silence de mort régner dans la salle. Joyeuse Fêtes des Mères n’est pas un échec. C’est une franche réussite de ce qui a toujours été son but, faire plaisir. Ça ne marchera qu’avec certains.
Sans intérêt.
*Liberace est un musicien des années 50, connu pour son homosexualité qu’il a toujours caché. Voir le film de Steven Soderbergh Ma vie avec Liberace avec Michael Douglas et Matt Damon. N.A.
Joyeuse Fête des Mères : Bande-annonce
Joyeuse Fête des Mères : Fiche Technique
Réalisation : Garry Marshall
Scénario : Tom Hines, Lily Hollander, Anya Kochoff et Matthew Walker
Interprétation: Jennifer Aniston (Sandy), Julia Roberts (Miranda), Kate Hudson (Jesse), Jason Sudeikis (Bradleyà, Timothy Oliphant (Henry), Britt Robertson (Kristin), Sarah Chalke (Gabi), Shay Mitchell (Tina)…
Image : Charles Minsky
Montage : Bruce Green et Robert Malina
Musique: John Debney
Costumes : Marilyn Vance et Beverly Woods
Décor : Bob Kensinger
Producteur : Brandt Andersen, Howard Burd, Daniel Diamond, Mark DiSalle, Mike Karz, Wayne Allan Rice
Société de production : Rice Films, Gulfstream Pictures
Distributeur : UGC Distribution
Durée : 118 minutes
Genre : Comédie
Date de sortie : 25 mai 2016
Etats-Unis – 2016