Synopsis : Un homme aigri, approchant de la quarantaine, profite d’une faille de système pour s’inscrire à un concours d’orthographe pour enfants…
The Jason Bateman Show
Pour sa première réalisation, Jason Bateman reste dans un genre qu’il maîtrise, la comédie. Comme on est jamais mieux servi que par soi-même, il s’offre le premier rôle, celui de Guy Trilby, un homme solitaire, qui se moque de tout et de tout le monde. Pour participer à ce concours d’orthographe, il doit-être sponsorisé par un grand journal. Allison Janney est dépêchée pour relater cette aventure hors du commun. Une femme isolée et un brin dérangée, un couple bien assorti, en marge de la société et de ses conventions. Au cours de l’aventure, Jason Bateman va faire la rencontre de Rohan Chand, dont les origines lui permettent de faire toutes les réflexions racistes possible à ce charmant Slumdog. Un enfant de dix ans qui cherche à être son ami, lui aussi étant solitaire, malgré la présence de parents plus que discrets.
Jason Bateman n’est pas un acteur comique qui va montrer ses fesses ou grimacer bêtement. Son truc, c’est de sortir des punchlines corrosives. Un pince sans rire qui se régale dans cette comédie noire, qui rappelle un autre Bad, celui de Billy Bob Thornton dans le bien-nommé Bad Santa. Ce n’est pas politiquement correct : ses réparties visent autant son jeune ami, que la journaliste ou les parents qui viennent l’insulter ou lui cracher dessus. Même si Jason Bateman reste vêtu, ses répliques visent parfois au-dessous de la ceinture. Mais c’est aussi émouvant. Son rapport avec son jeune acolyte devient quasi paternel, comme le démontre la jouissive scène du super store au son des Beastie Boys. Puis, il y a la raison qui le pousse à faire ses concours. Elle se dévoilera doucement mais ne perturbera pas le rythme effréné de cette comédie plus que réussie.
Ce qui surprend, c’est surtout la réalisation impeccable de Jason Bateman. Pour un premier essai, c’est une belle réussite. La photographie est aussi sombre que l’humour noir qui imprègne chaque scène. Les différents ralentis sont toujours utilisés aux bons moments et pour les bonnes raisons. La comédie est une partition qui demande une certaine exigence. Jason Bateman démontre qu’il maîtrise déjà celle-ci et nous sentons l’influence de Jason Reitman dans son traitement de l’histoire, sur un scénario d’Andrew Dodge (son premier).
Jason Bateman est parfait dans son rôle, tout comme la révélation Rohan Chand. Allison Janney et Kathryn Hahn qui en bonnes habituées de ce genre de comédie, sont à l’aise comme un poisson dans l’eau, sans oublier le patriarche, l’excellentissime Philip Baker Hall.
Malheureusement, Bad Words n’est pas sortie dans nos salles françaises. Cette comédie mérite une séance de rattrapage, un petit bijou d’humour noir non dénué d’humanité, une vraie bonne surprise.
Fiche technique – Bad Words