L’adaptation de la série Absolutely Fabulous sur grand écran est un sommet de laideur, de vulgarité et de mauvais goût. Rien n’est drôle, tout est navrant.
Synopsis: Edina et Patsy mènent toujours la grande vie à laquelle elles sont habituées, à base de paillettes et de glamour, dépensant, buvant et sortant dans les endroits les plus branchés de Londres. Accusées d’avoir provoqué un épouvantable incident lors d’une soirée de lancement, elles se retrouvent entraînées dans une tempête médiatique et sont poursuivies sans relâche par les paparazzis. Fuyant sans un sou sur la Côte d’Azur, Mecque du glamour et des milliardaires, elles préparent un plan pour rendre leur échappée permanente et mener la grande vie pour toujours !
Le plus difficile après le visionnage de cette adaptation de la série culte Absolutely Fabulous (Ab Fab pour les intimes), c’est sans doute de ne pas tomber dans l’invective facile et la grossièreté outrancière. Car le film de Mandie Fletcher met dans cet état de rage absolue qui frappe, quand on se sent insulté par une réalisatrice pendant plus d’une heure. Alors soyons francs, ce film est une des plus épouvantables horreurs qu’a pu un jour produire le Septième Art ; c’est bien simple, si ce film était un déchet, aucune filière de recyclage n’en voudrait. Les raisons à cela sont à peu près aussi nombreuses qu’il existe de caractéristiques dans un film: scénario, actrices, musique, mise en scène sont tous d’une médiocrité telle, qu’on se demande ce qui a pu passer par la tête des producteurs Damian Jones et John Plowman.
Le scénario est souvent la cheville ouvrière d’un film, il peut être l’élément qui différencie un film de la simple attraction d’un parc de loisirs. Ici le scénario de Jennifer Saunders (également actrice dans la série) a pour mission de raconter une histoire, mais aussi d’amener à rire en travaillant gags et rebondissements. Problème: c’est d’une vulgarité sans limites, il ne suffit pas de dire des gros mots (souvent sexuels), de s’habiller comme une prostituée et de se comporter comme la dernière des dernières, pour avoir l’air rebelle et politiquement incorrecte. Le scénario (et tout ce qui le compose) est bas du front, d’un vide sidéral et fait de la vacuité une discipline olympique. Sans oublier de répéter les ficelles usagées de la série, comme cet amour sans limite du champagne que n’aurait pas renié Amélie Nothomb, mais qui l’aurait décrit avec plus de subtilité.
La mise en scène de Mandie Fletcher, cantonnée jusqu’ici à la télévision (où elle aurait mieux fait de rester), manque de l’audace, des moyens et de l’ampleur qui font normalement la différence entre cinéma et télévision. Certes c’est moins vrai de nos jours, il n’empêche que son travail est plat et monotone, enchaînant les plans aux cadrages rebattus depuis cent ans, pas ou peu de mouvement et une caméra qui suit docilement les personnages. George Méliès avait certainement plus d’imagination qu’elle. Tout cela coûte beaucoup au rythme du film qui ne décolle jamais, cantonnant le spectateur entre ennui et agacement. Et puis c’est d’une laideur, les couleurs dégoulinent sur la pellicule, mettant en scène un asile de fous soi-disant caricatural de l’univers de la mode.
Absolutely Fabulous est bien un fiasco, ses personnages sont hideux, vulgaires et hystériques de bout en bout, le scénario n’a ni queue ni tête et tombe trop souvent dans l’absurdité. Les fans de la première heure de la série se sentiront agressés par ce film, sur lequel des scientifiques commencent à se pencher pour trouver à partir de quel degré il commence à être drôle. On pense en fait que la seule manière d’en rire serait simplement de se payer la tête de ceux qui ont accepté de participer à cette farce sans humour. Vous voilà prévenus.
Absolutely Fabulous : Bande Annonce
Absolutely Fabulous : Fiche Technique
Réalisation : Mandie Fletcher
Scénario : Jennifer Saunders
Interprétation : Jennifer Saunders (Eddy), Joanna Lumley (Patsy), Julia Sawalha (Saffy), Jane Horrocks (Bubble), June Whitfield (June Monsoon)…
Décors : Laura Richardson
Costumes : Rebecca Hale
Photographie : Chris Goodger
Montage : Gavin Buckley
Production : Damian Jones et Jon Plowman
Sociétés de production : Fox Searchlight Pictures et BBC Films
Sociétés de distribution : Fox Searchlight Pictures, Twentieth Century Fox France Inc
Genre : comédie
Durée: 86 minutes
Dates de sortie :
Royaume-Uni – 2016