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Cannes 2017 : Nos films incontournables, toutes sélections confondues

Quelques heures avant le tant-attendu palmarès du Festival de Cannes 2017, voici les incontournables des différentes sections du festival choisis par nos deux rédacteurs présents à Cannes.

Dix jours de festivités cannoises remarquables avec son lot de découvertes et de déception mais d’ici quelques heures, le Président du Jury Pedro Almodóvar et son jury remettront la prestigieuse Palme d’Or. Les rumeurs vont bon train mais nos rédacteurs envoyés spéciaux à Cannes ont décidé de vous livrer, après avoir visionné une cinquantaine films des différentes sélections, leur sélection des meilleurs films de la 70ème édition du Festival de Cannes.

Compétition officielle :

The Square de Ruben Östlund

En apportant son lot de cynisme et de séquences jubilatoires et absurdes, The Square est une satire réjouissante sur le monde de l’art et s’inscrit dans la continuité de Toni Erdmann qui avait régalé la Croisette l’an passé. Peut-être que le jury n’oubliera pas de citer à son palmarès une farce aussi drôle et cynique, contrairement au précédent jury. Ce serait mérité tant Ruben Östlund s’impose aujourd’hui comme l’auteur suédois le plus intéressant et accompli.

You Were Never Really Here de Lynne Ramsay

En s’appropriant un matériau d’une simplicité évidente, Lynne Ramsay évite l’écueil du thriller vu et usé jusqu’à la moelle pour le réinventer en permanence, de la mise en scène sophistiquée à son propos d’une profondeur remarquable en passant par une représentation de la violence comme on n’en avait jamais vu. Pas de doute, You Were Never Really Here est d’une puissance et d’une maîtrise à toute épreuve.

Le Jour d’Après de Hong Sang-Soo

C’est sans doute dans sa façon de jouer avec cette empathie sans jamais être larmoyant, plus que dans l’écriture de ses dialogues (magnifiques mais dont la finalité est un peu facile, au point de ne pas se suffire à eux-mêmes), que Hong Sang-Soo se révèle être un petit malin. HSS signe très certainement l’un de ses films les plus profonds car l’un des plus délicats, preuve qu’il faut peu de moyens pour être un grand cinéaste.

Faute d’Amour (Loveless) de Andrey Zvyagintsev

Sans rien apporter de neuf à la vaste thématique des familles dysfonctionnelles, Loveless parvient néanmoins par son habileté à constamment nous laisser dans l’attente et le doute. Cette oeuvre qui ne fera pas date n’a pas de quoi bouleverser la compétition, mais reste au moins un film astucieux et qu’on se le dise, plutôt bien mené.

Un Certain Regard :

Un Homme Intègre de Mohammad Rasoulof

Un homme intègre agit comme une représentation dure et réaliste mais surtout comme un formidable pamphlet contre la corruption qui gangrène l’Iran et dont les esprits les plus talentueux se battent avec force et détermination pour dire la vérité sur un pays encore loin d’être fidèle aux Droits de l’Homme. Un homme intègre est une oeuvre politique bouleversante qui a remporté à juste titre le Grand Prix Un Certain Regard.

Tesnota – Une Vie à l’étroit de Kantemir Balagov

Implacable et durablement inscrit dans nos esprits, Tesnota – Une vie à l’étroit ne réalise pas le sans-faute mais offre une vision particulièrement bouleversante et dénonciatrice des communautés russes bloquées dans leurs traditions. Un premier essai qui est d’autant plus remarquable qu’il est réalisé par un cinéaste de 21 ans. Kantemir Balagov est à suivre de très près. 

Hors Compétition, Séances Spéciales :

Promised Land d’Eugene Jarecki

Derrière des milliers d’heures de rushs captées, Eugene Jarecki en a gardé le meilleur pour construire un récit qui évoque le passé, le présent, la politique et la culture de la figure d’Elvis Presley au sein de la première puissance mondiale que le documentariste juge comme étant devenu un empire. Un travail titanesque qui fait de Promised Land un très grand documentaire et déjà un incontournable de cette année. Nul doute qu’il continue sa route jusqu’aux prochains Oscars.

Sans Pitié de Sung-hyun Byun

Sans Pitié est un film d’action d’une efficacité remarquable, respectueux des codes du polar noir, tout en lui apportant des nuances radicales. On perd sans doute la cohérence narrative en chemin mais au final, on conserve une énergie redoutable qui propulse Sans Pitié en nouvelle référence du genre.

Quinzaine des Réalisateurs :

Un beau soleil intérieur de Claire Denis 

On ne pourra plus dire de Claire Denis que son cinéma est sec et dépressif. Avec Un beau soleil intérieur, elle signe une comédie romantique écrite avec un sens des dialogues exceptionnel et portée par un casting quatre étoiles. On peut le dire : La Quinzaine des Réalisateurs commence très bien.

L’Amant d’un Jour de Philippe Garrel 

Initiée en 2013 avec La Jalousie et poursuivie L’Ombre des femmes, la trilogie des tourments amoureux de Philippe Garrel se clôt en noir et blanc avec L’Amant d’un jour, nouvelle représentation juste et sensible des affres de l’amour […] Toujours est-il que si le propos reste le même, Philippe Garrel est de ces cinéastes qui peuvent se vanter de saisir des thématiques maintes fois évoquées mais qui arrivent à toujours à nous toucher au plus profond de nous-mêmes.

The Florida Project de Sean Baker 

La bonne idée de Sean Baker de braquer sa caméra sur Moonee, Scooty et Jancey, plutôt que sur les adultes et leurs difficultés respectives, lui permet de tirer profit de leur énergie juvénile pour bâtir un film à 300 à l’heure, toujours léger et faussement déconnecté de la gravité des réalités sociales en toile de fond.

Nothingwood de Sonia Kronlund

On pourrait croire qu’il s’agit d’un pur personnage de comédie, entre Borat et Steven Seagal, mais non, Salim Shaheen est bien réel et Nothingwood, le film qui lui est consacré, est un documentaire. Parce qu’il alimente l’imaginaire de tout un pays en proie à la guerre, ce frétillant bisseux est l’incarnation de ce que le cinéma a de meilleur […] Le cinéma est avant tout une machine à rêves et il est important d’avoir des gens qui l’alimentent !

Semaine de la Critique :

La familia de Gustavo Rondón Córdova

Autant dans sa mise en scène que dans sa narration, La familia n’entend pas révolutionner le cinéma et se repose sur des facilités scénaristiques préétablies. Mais ce premier long métrage a pour mérite de montrer le reflet d’un pays qui tente de se sortir de son climat brutal. Avec son approche juste et humaine d’une relation père/fils, La familia est un film qui saisit l’essence du climat fiévreux qui règne au Venezuela.

Reporter/Rédacteur LeMagduCiné