Inscrit23 juin 2019
Articles234
« C’est moi qui dois te remercier, Tate, répondit-elle, puis elle pensa : C’est toi qui as tout fait, Tate, ça a toujours été toi. Une partie de son cœur allait vers lui, l’autre se protégeait. Il attendit une minute et, voyant qu’elle ne disait rien de plus, il s’apprêta à partir. Mais au moment où il montait sur son bateau, il ajouta : « Kya, quand tu me vois dans les marais, s’il te plait, ne te cache pas dans les hautes herbes comme un petit faon. Si tu m’appelles, on pourrait partir en exploration ensemble. Tu veux bien ? » »
« Le gros problème, dit Schmolde de sa voix apathique, c’est le problème des cadavres. Nous n’aurons bientôt plus de place pour les fosses. C’est pourquoi nous sommes obligés de creuser des fosses très profondes, et d’attendre qu’elles soient pleines pour les fermer. Mais même ainsi, je n’aurai bientôt plus de terrain. »
« Comment tu reconnais un vrai connard ? Il aime les chiens. Pas foutu de s’entendre avec le reste de l’humanité, le connard se persuade que c’est quand même un type bien parce qu’il adore les chiens. »
« Il ne me vient aucune circonstance familiale à laquelle Rufus Himmelstoss ait consacré plus que le temps d’une cigarette. Si tant est qu’il ait été présent. Il était le plus souvent parti pour… « affaires ». Il donnait dans le commerce de stores. Il fuyait constamment les obligations les plus élémentaires qu’implique la fondation d’une famille. »
Avis d’un participant au congrès : « Pour moi, quand il s’agit de qualifier la personnalité absolument unique du Maître et de montrer son caractère exceptionnel, c’est à ces mots que je recours. A soixante comme à soixante-dix ans, et peut-être même plus tôt encore, le Maître ne s’écartait jamais de la juste voie dans ses actions et dans ses gestes. Quel que fût son interlocuteur, quels que fussent les propos qu’on lui tenait, il savait toujours, comme en témoignent les paroles dont nous discutons, accepter l’autre tel qu’il était. »
« Il énuméra les passions de sa vie : il aimait Rosealee depuis trente ans ; il chassait et pêchait depuis vingt-cinq ans et travaillait durement à la ferme depuis presque aussi longtemps, ayant quasiment assumé sa condition d’adulte dès l’âge de huit ans, âge auquel il avait dû réapprendre à marcher ; de plus, il enseignait depuis vingt-trois ans, bien que ce fût davantage pour lui une servitude qu’une passion. Il fallait compter avec la lecture qui l’éloignait de ses préoccupations personnelles. Mais ces choses simples l’avaient réellement comblé et il les connaissait si bien qu’un soupçon de panique s’empara de lui lorsqu’il réalisa qu’elles pourraient tout simplement disparaître de sa vie, comme les nuages disparaissaient du ciel. »