Sarah Anthony © Textes et illustrations tous droits réservés.

Talent actuel : interview de Bénédicte, artiste et créatrice de Voglio Bene

Aujourd’hui, la rubrique Arts & Culture du Mag du Ciné vous propose de découvrir un talent actuel. Bénédicte est une artiste française qui a su se construire un univers artistique à la fois poétique, esthétique et un brin mystique. Ses créations uniques, complexes et fascinantes se déclinent à présent sur des objets (sacs, tentures, tissus, affiches) sous la marque Voglio Bene.
Parce que nous trouvons son travail riche et inspirant, nous avons demandé à Bénédicte une interview qu’elle a eu la gentillesse de nous accorder. Découvrons ensemble les coulisses d’une vie dédiée à l’art, de la création seule au street-art et au développement d’une marque.

Découvrir le travail de Bénédicte et Voglio Bene :
www.vogliobeneart.com
www.instagram.com/voglio.benedicte/

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  • Peux-tu nous parler de toi, te présenter, ton parcours, tes inspirations, ta manière de travailler ?

Je m’appelle Bénédicte, j’ai quarante-deux ans, mariée, deux fils de dix-neuf et treize ans et je suis artiste numérique et photographe.
J’ai commencé ce métier en 2012 sur le marché de Noël de Montpellier. Dix ans après, nous avons près de deux cents revendeurs en Europe. Jamais je n’aurais pu imaginer cela. Je suis photographe diplômée, j’ai bossé dans l’imprimerie et je travaille sur Photoshop depuis 1999. En gros, je fais un mix de toutes mes connaissances pour faire ma petite soupe…
Je suis fanatique de peinture classique, essentiellement la Renaissance, et surtout italienne. Il suffit que je tombe amoureuse d’un tableau, ce qui arrive à peu près quotidiennement, pour que je me le réapproprie, en venant ajouter des éléments, mes éléments, histoire de le posséder en quelque sorte… Je ne sais malheureusement pas peindre, je n’ai hérité que du prénom de mon grand père peintre, pas de son coup de pinceau. Alors j’utilise un stylet, outil graphique de ma génération.

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  • Peux-tu nous parler de ta marque, de sa naissance, de son développement, de ton éventuelle équipe ? Est-ce que tu envisages une boutique en ligne ?

Voglio Bene est née en septembre 2020, pendant THE confinement. Mon mari et moi avons décidé de quitter notre ancienne marque dont j’étais la directrice artistique pour à nouveau voler de nos propres ailes sans subir aucune décision, pression ou tout autre contrainte à nos yeux. Le confinement nous a permis de nous isoler en famille, de réfléchir, et de remettre les choses dans l’ordre, les priorités dans le bon sens. Et nous avons tellement bien fait. Voglio Bene réalise de très beaux chiffres malgré la situation de crise, si bien que nous avons pu créer un emploi il y a quelques mois.
Cela va nous permettre d’avancer un peu plus vite et notamment de créer une boutique en ligne d’objets spéciaux, inédits, faits main, petites séries. Mais pas de coussins, pas de tentures, aucun produit ni dessin que nous distribuons déjà par le biais de nos revendeurs.

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  • Voglio Bene, un nom d’origine italienne, corse ?

Voglio Bene est le nom puissant de l’amour. C’est mon mari qui l’a trouvé, un soir, en regardant dans un dictionnaire italien. Ce fut une évidence car cela veut dire « Je t’aime, je te souhaite le bien », et bien sûr il y a « Bene », mon diminutif. Mon mari est d’origine italienne, moi Corse et italienne donc, forcément, ça résonne. Nous souhaitons diffuser la joie, l’amour, la spiritualité, l’espoir, le bonheur… alors ce nom est parfaitement parfait. D’ailleurs, nous pensons sincèrement que c’est une formule magique.

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  • Aujourd’hui, tu te vois plus comme 1- la designer d’une marque, 2- une street artist, 3- les deux ?

Je me vois comme une artiste tout court. Je colle de l’art dans les rues quand j’ai envie ; et quand on me le commande, je restaure des vieilles choses, je fais de la poterie depuis peu, je bosse pour ma marque et d’autres, j’expérimente. J’ai juste besoin de créer pour respirer. C’est mon oxygène. C’est pour cela que je ne peux pas bosser avec d’autres créatifs, j’ai trop de choses à raconter pour laisser de la place à quelqu’un d’autre, c’est comme me retirer un poumon, je crois.

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  • Comment se passe le street art ? Est-ce que tu travailles dans des endroits de prédilection ? Est-ce que la vie de l’œuvre te touche ? Par exemple la dégradation de tes collages avec le temps ?

En ce moment c’est plutôt calme côté street art. Je n’ai pas trop le temps. Mais des projets arrivent. J’aimais coller à Montpellier car le public est nombreux, mais je vais changer mon fusil d’épaule et tester d’autres trucs quand il fera moins froid (les mains dans la colle c’est rude en hiver).
Ce que j’aime dans cette discipline, c’est diffuser de l’art et des bonnes vibes. L’idée part toujours d’une phrase entendue souvent dans une chanson. Mais ça peut aussi être un truc que j’ai lu ou même un slogan… La démarche et l’impulsion sont assez différentes de Voglio Bene. J’aime aussi recevoir les photos et réactions des personnes via Instagram, d’où le hashtag #dismoiquetumaimes, en d’autres termes « like moi » et fais le moi savoir. Je n’ai aucun problème à voir un collage se dégrader, c’est comme ça, tout est éphémère.

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  • Qu’est-ce que tu cherches à dire avec tes superbes œuvres ? Ton travail a une ambiance très intense, très belle : qu’est-ce qui te plaît dans ces images du passé, dans ces ornements, ces fleurs ?

Avec mon travail je recherche plusieurs choses :
L’amour des gens. J’ai énormément besoin qu’on m’aime, qu’on me le dise, c’est mon premier carburant, sincèrement. Ensuite la transmission, j’ai envie de faire connaître des chefs-d’œuvre au plus grand nombre. Diffuser de la spiritualité et de bonnes ondes pour aider le monde à aller mieux à ma modeste mesure.
Quand je sais que quelqu’un est heureux grâce à mon travail, je suis aux anges. Je recherche la reconnaissance professionnelle, trop de personnes m’ont ri au nez en pensant que j’étais une rêveuse illuminée, trop de personnes m’ont fermé la porte pour une location, un achat quelconque, un découvert… Mais heureusement que certains nous ont entrouvert la porte et que nous avons eu de l’intuition et de l’opiniâtreté.
Enfin et pour finir je pense rechercher l’immortalité. Je me dis que peut-être que mes œuvres seront référencées un jour dans une bibliothèque sur Mars et qu’on parlera encore de mon travail dans cinq cents ans… Un peu mégalomane, peut-être, lol !
Ce qui me plait dans les vieux tableaux, ce sont plein de choses. Les ornements surchargés, les visages si différents, les codes, mais aussi l’ambiance et surtout ce que je ressens quand je les vois. Je sais en trois minutes si je vais travailler le tableau ou non. La majorité du job se fait dans ma tête, parfois en quelques minutes, parfois en plusieurs mois, et une fois que je suis sur le tableau, mon stylet entre les mains il me faut entre six et vingt heures de taf.

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  • C’est quoi, être artiste, pour toi ? Comment l’art influence ta vie et vice-versa ?

Être artiste est une grande chance pour moi. La vie est tellement plus intense, on voit les choses avec un œil différent, on entend, on sent, on vibre différemment. On essaye de voir le beau, de repérer les détails, on analyse, on construit en permanence. C’est une aventure poétique incessante. Pour moi il n’y a aucune contrainte, je n’ai jamais trop l’impression de bosser. En revanche, le parcours est très difficile quand on se construit seul. J’aurais parfois aimé qu’on m’aide, qu’on me tende la main, ce qui aurait évité à mes enfants de galérer. Mais je ne regrette rien car tout ça nous a soudés, et inculqué énormément de valeurs. Nous n’oublierons jamais d’où nous venons.

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Merci à Bénédicte pour cette interview et les échanges pleins de bonté qui l’ont accompagnée.

Toutes les images dans le corps de l’article sont issues du site vogliobeneart.com appartenant à Bénédicte, qui nous a très gentiment autorisés à les montrer sur cette page. Merci de ne pas les réutiliser sans son accord.
La couverture de l’article a été réalisée par Sarah Anthony d’après une photo de Bénédicte, avec son accord. © Tous droits réservés.