artistique-jargon-abecedaire
Sarah Anthony © Textes et illustrations tous droits réservés.

Musique d’au-delà de l’Atlantique, poésie nippone, poème médiéval, trahison littéraire et femmes voluptueuses – L’abécédaire artistique n°3

Dernière mise à jour:

ABC… ART

Au fait, L’Abécédaire artistique existe aussi en livre !
Découvrir le livre

L’Abécédaire Artistique

Cet abécédaire vous parlera de :

Art en général, peinture, arts graphiques, sculpture, gravure, littérature, poésie, musique, cinéma, Histoire, gastronomie, traditions, arts vivants, théâtre, opéra, philosophie, etc.

Rendez-vous chaque jeudi pour une chronique d’art illustrée où vous découvrirez 5 définitions artistiques issues de lettres de l’alphabet choisies aléatoirement.

 

B-r-duit-sarah-anthony

  • Bossa Nova

bossa-nova-sarah-anthony
catégorie : musique, nom propre, du portugais « nouvelle tendance ».

Musique brésilienne par excellence, la Bossa Nova est un style musical des années 50-60, issu d’une fusion entre le cool jazz et la samba. La Bossa Nova ne vous parle peut-être pas comme ça, mais si vous en écoutez un morceau sur Youtube, vous réaliserez que vous connaissiez ce style musical sans en connaître le nom. C’est d’ailleurs bien souvent de la Bossa Nova qu’on a en tête lorsqu’on pense à de la musique brésilienne en général.
Malgré un orchestre complexe notamment composé de percussions issues de la samba, ce style musical demeure empreint d’une grande sérénité et d’une idée de détente. Il a été pensé ainsi par Antônio Carlos Jobim, arrangeur musical pour le musicien João Gilberto, qui souhaitait le rapprocher ainsi de la variété américaine dite easy listening. On doit les sons caractéristiques de la Bossa Nova à un mélange entre la guitare, le piano, les cuivres, les cordes, les bois et les percussions. Enfin, la voix reprenant la mélodie vient compléter cet ensemble.

H-r-duit-sarah-anthony

  • Haïku

haiku-sarah-anthony
catégorie : arts traditionnels japonais, poésie, nom masculin,  du japonais (potentiellement « phrase amusante »).

Dans la culture japonaise, un haïku désigne un poème très court (en général pas plus de trois vers) évoquant la nature et son impermanence, ainsi que les émotions qui peuvent en résulter chez un spectateur. Le poème ne concerne pas l’auteur et a pour but de faire ressentir la nature au lecteur (ou auditeur).
Malgré une apparente simplicité, la forme des haïkus est en fait très codifiée. Plus qu’un poème, le haïku est la description d’un état ou d’une action se déroulant dans l’environnement de manière naturelle à un instant donné et suscitant à chaque fois une sensation. L’auteur n’en serait qu’un observateur rapportant un fait sous forme poétique, sans y inclure sa subjectivité et en écrivant les vers de manière spontanée, sans travail supplémentaire ou recherche d’harmonie pouvant en dénaturer le sens. S’il peut lui arriver d’employer le « je », ce sera alors pour rapporter une scène extérieure à laquelle il ne prend aucune part.  Enfin, les haïkus doivent faire référence à une saison.

Ci-dessous deux exemples de haïkus de Matsuo Bashô (1644-1694, poète et maître japonais du début de l’ère Edo qui aurait composé 2000 haïkus). On doit les traductions respectives à René Sieffert et Maurice Coyaud :

 

Le jour sur les fleurs

décline et sombre déjà

l’ombre des cèdres

Le chêne

Sa mine indifférente

Devant les cerisiers fleuris

L-r-duit-sarah-anthony

  • Lai

lai-sarah-anthony
catégorie : littérature, poésie, nom masculin, du latin « laicus » (du peuple).

Cette entrée ne mentionne ni un être particulièrement hideux ni une boisson, lactée ou non, selon qu’elle soit animale ou végétale. Nous allons parler ici de choses plus poétiques…
Le lai est un type de poème médiéval dont la première forme est apparue au XIIème siècle. Elle a ensuite évolué pour recouvrir plusieurs genres. Le lai est en tous cas toujours un chant faisant le récit d’aventures et d’exploits auprès du peuple, à l’origine de l’étymologie de ce type de poésie populaire.
Le lai est une version chantée et raccourcie d’aventures ou de légendes amoureuses, telle celle de Tristan et Iseut. Il est toujours emprunt d’une forme de mélancolie et plaît au peuple de toutes couches sociales, jusqu’aux preux chevaliers et nobles dames.
D’abord constitué d’une succession de vers sans forme particulière, le lai chanté se rapproche peu à peu d’une chanson avec couplets et refrain. C’est le début de son évolution.
Au XIVème siècle, le lai connaît son apogée et se répand partout du fait des troubadours. Sa forme se fige alors selon des règles strictes : longueur des strophes, des vers, types de rimes… rien n’est laissé au hasard. Jusqu’au XVème siècle où il se fond peu à peu avec d’autres formes poétiques avant de disparaître.

L’Abécédaire artistique a déménagé : découvrir son nouveau site

M-r-duit-sarah-anthony

  • Mentir-vrai

mentir-vrai-sarah-anthony
catégorie : littérature, nom propre, d’après Louis Aragon.

Le concept du mentir-vrai, on le doit à l’écrivain Louis Aragon qui nomme son recueil de nouvelles par cette oxymore. Il désigne, aux yeux de l’auteur, sa thèse selon laquelle, lorsqu’un écrivain s’inspire de ses propres souvenirs et les romance dans une fiction, il en donne paradoxalement une image plus vraie que s’il s’était contenté d’en écrire la vérité toute nue.
Il faut savoir qu’Aragon est né dans le mensonge, en ignorant que celle qu’il prenait pour sa soeur était en réalité sa mère, et celui qu’il nommait son parrain était en fait son père ! Et ainsi, Aragon est devenu lui aussi conteur d’histoire, « raconteur », brodeur, « modifieur »… de réalité pour en présenter une qui lui paraissait plus réelle, plus vraie, malgré le mensonge. Sa soeur n’était pas sa soeur, mais sa mère, et en même temps, elle n’était pas sa mère, mais sa soeur… Un vrai casse-tête !
Le mentir-vrai est le propre de la littérature qui crée une réalité parallèle où tout est faux mais qui est pourtant bien réelle, et bien vraisemblable, pour le lecteur, parce que l’auteur a fait appel à ses souvenirs et à ces détails les plus réalistes, les plus authentiques. C’est aussi le propre d’Aragon qui puise dans son parcours autobiographique pour créer ces fictions toutes plus réalistes les unes que les autres, et qui, tout en reposant sur un mensonge, sont plus vraies que nature ! Le mentir-vrai est donc à la base de toute narration.

N-r-duit-sarah-anthony

  • Nana (Niki de Saint Phalle)

nana-sarah-anthony
catégorie : arts plastiques, nom commun, d’après Niki de Saint Phalle.

Vous avez sans doute déjà entendu le mot « nana » et par conséquent, ne comprenez pas sa place dans cette liste, si ce n’est peut-être pour cette beauté reposant dans le corps féminin…  Vous avez en partie raison. Nous parlons aujourd’hui des Nanas. Avec un N majuscule.
Les Nanas appartiennent à l’artiste-plasticienne Niki de Saint Phalle. C’est le nom donné à ses sculptures typiques représentant des femmes voluptueuses recouvertes d’autant de motifs variés que de couleurs vives.
Les Nanas sont les témoins de l’implication féministe de Niki de St Phalle qui accentue la taille de leur poitrine et de leurs fesses et les pare de couleurs festives, les fige dans des poses joyeuses, joueuses et leur donne des allure exubérantes. Ces femmes libres sont perpétuellement à la fête. Les Nanas ne vous disent rien ? Vous les avez pourtant sûrement déjà vues, au moins en photo, tant elles sont marquantes.

Niki de Saint Phalle a même créé quelques Nanas particulièrement monumentales… certaines assez grandes pour qu’on puisse y entrer et s’y promener ! C’est le cas de l’immense Nana couchée Hon/Elle présentée temporairement en 1966 au Moderna Museet de Stockholm. Avec ses vingt-trois mètres de long, plusieurs dizaines de personnes peuvent y entrer… en s’introduisant en elle par l’ouverture de son vagin ! De cette manière-là, Niki de Saint Phalle voulait forcer les hommes à réemprunter le chemin de leur naissance et à ne plus considérer la femme comme un objet. La légende dit que neuf mois après l’exposition, le nombre de naissances aurait explosé à Stockholm…
Mais Hon/Elle, démantelée après l’exposition, n’est pas la seule oeuvre de Niki de Saint Phalle qu’on a pu visiter. Il est toujours possible de découvrir l’intérieur de la gigantesque Impératrice qui trône dans le Jardin des Tarots conçu patiemment de 1979 à 1993, par l’artiste, à Capalbio, en Italie. La sculpture monumentale comporte même un appartement où Niki de Saint Phalle et sa famille vécurent un temps durant la construction de ce jardin rempli de statues, qui se visite au printemps et en été. On n’y trouve pas que des Nanas, d’ailleurs, elles sont accompagnées de diverses figures inspirées des arcanes du Tarot de Marseille.

Rendez-vous la semaine prochaine pour 5 nouvelles définitions artistiques.

© Tous droits réservés. Ce contenu est protégé par le code de la propriété intellectuelle, il est formellement interdit de le réutiliser sans mon autorisation. Il est interdit de copier, reprendre ou s’inspirer de l’Abécédaire Artistique sans mon accord sous peine de poursuites judiciaires.