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Sarah Anthony © Textes et illustrations tous droits réservés.

Musique crépusculaire, chaussure ridicule, style imprononçable, procédé unificateur et construction antique – l’abécédaire artistique n°15

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ABC… ART

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L’Abécédaire Artistique

Cet abécédaire vous parlera de :

Art en général, peinture, arts graphiques, sculpture, gravure, littérature, poésie, musique, cinéma, Histoire, gastronomie, traditions, arts vivants, théâtre, opéra, philosophie, etc.

Rendez-vous un jeudi sur deux pour une chronique d’art illustrée où vous découvrirez 5 définitions artistiques issues de lettres de l’alphabet choisies aléatoirement.

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  • Aubade (et sérénade)

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catégorie : musique, noms féminins, respectivement du latin et de l’italien (aube et serein).

Chanter la sérénade… c’est en général aller chanter son amour sous les fenêtres de l’être aimé. Bien que cela ne se fasse plus vraiment, il fut un temps où la sérénade était coutume, au même titre que l’aubade. Moins connue que sa consœur, l’aubade s’en distingue par sa temporalité. En effet, comme son nom l’indique, l’aubade est un air musical interprété le matin, voire à l’aube. La sérénade, quant à elle, nous vient de la serenata italienne, réservée au moment le plus serein, à savoir, la nuit.
L’aubade et la sérénade ne sauraient être réservées à la voix humaine, un petit orchestre ou une fanfare sans chanteurs peuvent aussi les interpréter.
La sérénade, si elle débute par un chant d’amour sous une fenêtre, se poursuit comme un type de concert baroque, travaillé et destiné au plein air. Enfin, la musique romantique lui en crée une dernière version allégée. Quant aux aubades, elles étaient d’usage, par le passé, pour les fêtes nationales ou les grands moments de la vie : les fanfares de ville n’hésitaient pas à aller saluer ou féliciter les notables. Par exemple, dans le vingt-et-unième album de Tintin, Les bijoux de la Castafiore, la fanfare municipale de Moulinsart vient interpréter une aubade sous les fenêtres du château pour féliciter le capitaine Haddock et la cantatrice pour leurs fiançailles (inventées par les reporters de Paris-Flash).

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  • Chopine

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catégorie : mode, cordonnerie, nom féminin

La chopine ne désigne pas ici une mesure de bière mais bien une chaussure ! Une chaussure réservée aux dames, si possible de la haute société, portée à partir des années 1400 et jusqu’à ce que la mode s’essouffle peu à peu dans les années 1600. Qu’ont-elles de spécial les chopines ? On pourrait les décrire comme les aïeules des chaussures à talons compensées, dites aussi plateformes. Et comment ! Les chopines sont tout bonnement d’élégantes chaussures rehaussées d’un énorme talon, qui, progressivement, passe de moins d’une dizaine de centimètres à parfois plusieurs dizaines (40-50 cm) !
Pour quoi faire, me direz-vous ? La chopine vient à l’origine de Venise. Elle est portée par ces dames pour éviter de marcher dans l’eau, la boue ou simplement prévenir leurs pieds délicats de l’humidité ambiante qui règne dans la Sérénissime. La chopine est toujours élégante : recouverte en général de la même soie que sa robe pour pouvoir être assortie à la tenue.
A mesure que le talon s’élève vers le haut, la chopine devient de plus en plus impraticable. Aussi, il est d’usage qu’un gentilhomme ou un domestique guide la porteuse de chopines en lui tenant la main pour lui servir d’appui. Comble du ridicule ?! Pas forcément, à force de pratique, on peut s’en passer et acquérir un équilibre tout à fait idéal pour marcher, voire danser, les pieds ornés de ces échasses stylisées.
Mais la chopine n’est pas appréciée partout. Elle fait râler pour son ridicule, sa vanité, le gaspillage de tissu qu’elle engendre – car il est de bon ton de faire rallonger sa robe pour masquer les chaussures. Elle finit par ne plus plaire aux élégantes qui, pourtant, ne juraient que par elle. La raison en est simple : pour imiter les dames de la haute-société, les bourgeoises et les courtisanes se mettent à la chopine. Elle ne remplit donc plus l’un de ses rôles de marqueur social. Finie la chopine ! Au placard.

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  • Jugendstil

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catégorie : arts plastiques, architecture, arts décoratifs, nom masculin de l’allemand (le style de Jugend).

Le Jugendstil désigne les ramifications du style Art Nouveau à la fois en Allemagne, mais aussi dans les pays scandinaves, baltes, ainsi que flamands. Il tire son nom de la revue Jugend (signifiant jeunesse) qui lui sert de tribune en Allemagne, dès ses débuts. Jugendstil, de cette manière, fait à la fois référence à un style qui fut propulsé par cette revue, mais aussi à un mouvement jeune, un mouvement moderne (l’Art Nouveau se nomme en anglais Modern Style).
Le Jugendstil imprègne à la fois les Beaux-Arts mais aussi l’architecture et les arts décoratifs. Ces derniers, en particulier, sont bouleversés par les progrès de l’industrie, au détriment de l’artisanat. Le Jugendstil est d’ailleurs un mouvement qui, comme l’industrie, est à échelle nationale, voire internationale. A la différence de l’Art Nouveau, l’architecture Jugendstil peut aussi inclure des lignes droites et des formes géométriques, servant de lien avec le mouvement Art Déco qui lui succèdera, ainsi que l’architecture moderniste. Deux grands architectes relevant du Jugendstil, Otto Wagner et Josef Hoffmann ont d’ailleurs créé des bâtiments considérés comme les sources d’influence du modernisme en architecture, qui dès les années 1920, fait la part belle aux lignes droites.

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  • Unione

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catégorie : arts plastiques, Beaux-Arts, arts de la Renaissance, nom féminin de l’italien (union).

L’unione est l’un des quatre procédés picturaux de la Haute-Renaissance. En plus du sfumato (voir Abécédaire artistique n°14), du cangiante et du chiaroscuro (clair-obscur). L’unione désigne une pratique complexe de recherche d’union dans le tableau. Cette recherche passe par une maîtrise totale des tons de la peinture, en particularité de la tonalité de chaque couleur. La tonalité désigne la quantité de lumière dans une couleur. En appliquant le principe de l’unione, l’artiste sélectionne la tonalité claire de chaque couleur de son tableau. Le but est de réaliser des œuvres où les couleurs sont plus vives, tout en restant harmonieuses et fluides. Les couleurs étant plus brillantes que la normale, elles ressortent davantage, de même que le sujet du tableau. Les contrastes et les lignes droites sont bannies de la méthode. Bien que les dégradés soient vaporeux, ils se distinguent du sfumato (précédent procédé) par l’emploi de couleurs plus vives, qui créent des ombres plus douces. De même, le chiaroscuro, qui viendra par la suite, présente des contrastes bien plus forts que les œuvres peintes selon le principe de l’unione, où les tons sombres sont inexistants.
Le grand peintre de l’unione était sans conteste Raphael. L’artiste italien nous a laissé des œuvres aux couleurs à la fois intenses et douces, donnant aux scènes flottantes une impression d’arrêt sur image et de tranquillité.

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  • Xyste

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catégorie : architecture, paysagisme, archéologie, Antiquité, nom masculin du grec ξυστός (xystós, poli).

Le xyste a tour à tour désigné différents types de bâtiments, toutefois, il est toujours lié à l’Antiquité et presque toujours à la pratique des sports. Si l’on remonte à ses origines grecques, le xyste est un gymnase couvert. Il tire d’ailleurs son nom du sol poli sur lequel s’entraînent les athlètes.
Au fil de l’Histoire, le xyste finit par désigner également les complexes sportifs situés en extérieur mais couverts, permettant d’échapper à la pluie, par exemple. Durant la Rome antique, le xyste évolue encore pour désigner typiquement une cour ou une esplanade bordée d’arbres sur laquelle on s’entraîne, sans qu’il ne soit plus fait mention d’un toit. Toutefois, le xyste est clos, un portail ouvre sur un espace délimité.

Comme on le sait, les mots peuvent connaître des évolutions très surprenantes, c’est ainsi qu’une énième acception du mot xyste fait son apparition, sorte d’entre-deux entre le xyste grec et romain. Le xyste peut, en effet, également désigner à l’antiquité une allée de jardin couverte, sans aucun rapport avec le sport donc.

Rendez-vous dans deux semaines pour 5 nouvelles définitions artistiques. Pour vous proposer un contenu toujours aussi passionnant, l’Abécédaire Artistique est mis en ligne un jeudi sur deux.

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