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Falstaff au Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence : le plaisir de l’opéra bouffe assumé

En cette saison 2021, le Festival d’Aix réinterprète Falstaff, sous la mise en scène de Barrie Kosky et la direction musicale de Daniele Rustioni. Dès le début, le ton est donné : ce Falstaff sera la revendication de l’opéra bouffe. Rire, grotesque et situations insensées sont au programme de cette revisite de l’opéra de Giuseppe Verdi.

L’amateur d’opéra qui n’a pas envie de se dérider ferait bien de passer son chemin. Cette nouvelle production de Falstaff assume entièrement le côté comique de l’oeuvre, et même si ce comique flirte parfois (souvent) avec un humour populaire et bas de plafond. Peu importe, puisque c’est l’essence de l’oeuvre. Ce Falstaff à la sauce 2021 est une véritable cure de bonne humeur musicale, en cette année qui marque le retour du Festival d’Aix à l’aide de masques et tests PCR, après une saison 2020 manquée pour cause de Covid-19. Pendant 2h25, sur son siège, on rit, on sourit, on écarquille les yeux, on n’en revient pas. C’est très drôle, très moqueur, délicieusement grotesque. Tout est assumé, des changements de perruques, toutes plus ridicules (et drôles) les unes que les autres, aux fesses à l’air. C’est aussi très bien chanté, car le rôle de Sir John Falstaff est tenu par un Christopher Purves très en forme. Le baryton donne autant de sa personne que de ses poumons et chante aussi bien qu’il joue. Il est accompagné par de superbes voix tant masculines que féminines, telles, entre autres, Stéphane Degout, Daniela Barcellona, Antoinette Dennefeld, sans oublier Juan Francisco Gatell. Deux voix féminines achèvent de nous conquérir : Carmen Giannattasio et Giulia Semenzato. On apprécie chez tous ces solistes l’usage de la voix pas uniquement au service du chant lyrique mais aussi du théâtre. Gregory Bonfatti, Rodolphe Briand et Antonio Matteo font des complices appropriés dans le rire.

Côté fosse, l’orchestre de l’opéra de Lyon (accompagné par le choeur) donne vie à la direction musicale de Daniele Rustioni. Le chef d’orchestre parvient à insuffler à son orchestre la même énergie que celle, incessante, sur laquelle Barrie Kosky a bâti sa mise en scène. Celle-ci, tout en théâtralité, rappelle le vaudeville, de même nature que l’opéra bouffe. Elle est prenante, drôle… et même gourmande. On se délecte de cette nourriture qui revient tout au long de l’oeuvre, jusqu’aux recettes récitées en voix off pendant les changements de décors, les acteurs prenant des accents érotiques à la description de ces plats complexes et tentateurs.

Enfin, visuellement, le travail scénographique est délectable, avec ces très beaux décors, ces touches de couleurs qui installent l’ambiance, donnant à cette mise en scène à mi-chemin entre le glouton et le gourmet, des accents graphiques en couleurs primaires.

En bref, on se délecte de ce Falstaff du Festival d’Aix, cru 2021, qui conjugue l’essence de l’opéra bouffe en nous offrant à la fois un moment de musique, de rire, de gourmandise et de plaisir visuel.

Falstaff de Verdi au Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence, les 1, 3, 6, 8, 10 et 13 juillet 2021, au Théâtre de l’Archevêché.