Avec Soleil glacé, Séverine Vidal et Laura Giraud nous offrent un roman graphique adapté du roman éponyme qui explore la découverte de soi, les relations fraternelles et les défis de l’autisme, à travers un récit émouvant et sincère. Publié chez Glénat, l’album relate un voyage initiatique où se mêlent révélations familiales et aventures humaines.
Au début du récit, Luce est frappée par deux pertes successives. Après avoir été quittée par son compagnon, elle apprend, presque simultanément, le décès de son père Paul, qu’elle n’a que peu connu. Quand elle se rend à ses funérailles, elle découvre, parmi les participants, un jeune homme, Pierrot. Ce dernier n’est autre que son demi-frère, issu de la double vie secrète de leur père. Cette révélation brise les dernières illusions de Luce sur un père absent mais éveille surtout chez elle une curiosité et un désir de renouer avec ses racines.
Pierrot est porteur d’un trouble autistique. Ce frère inconnu et singulier va cependant devenir l’objet d’une affection immédiate. Maladroit, spontané, original, le jeune homme touche profondément Luce. Ses visites au centre pour adultes où il réside deviennent pour elle des moments de partage et de découverte. Jusqu’à ce que le projet d’un voyage en Laponie ne voie le jour. C’est le début d’une aventure qui les amènera, littéralement et métaphoriquement, à faire un bout de chemin ensemble, et à découvrir ce et ceux qui les entourent.
Luce organise la fuite de Pierrot hors de son centre de soins. Elle comprend rapidement que voyager avec un frère autiste n’a rien d’une sinécure. Il faut gérer les imprévus, répondre aux besoins spécifiques de Pierrot, composer avec ses réactions parfois déroutantes, rassurer les proches restés à quai et faire face au regard d’autrui, pas forcément compassionnel. Mais tous ces moments difficiles sont aussi des opportunités de se découvrir, de s’éveiller l’un à l’autre, de construire des ponts et des souvenirs communs, bref de renforcer leurs liens. Pierrot, malgré ses vulnérabilités, se montre d’ailleurs protecteur envers sa sœur, allant jusqu’à la défendre contre des situations dangereuses.
Le scénario de Séverine Vidal est très bien servi par les illustrations délicates et sensibles de Laura Giraud, dont le trait apporte une douceur et une légèreté qui contrastent parfois avec les thématiques plus lourdes du récit, comme la trahison parentale et le handicap. Il brode beaucoup autour des relations fraternelles et de la (re)construction de soi. La relation qui se noue entre Luce et Pierrot est belle par sa spontanéité et son authenticité, en dépit des murs que leur père a dressés entre eux.
Soleil glacé sonde à travers le prisme de la famille, du handicap et du voyage initiatique la relation entre deux jeunes adultes qui vont momentanément s’appuyer l’un sur l’autre pour grandir en tant que personne. Ce road trip vers la Laponie est une aventure à la fois intime et universelle, qui saura parler à tous ceux qui cherchent à comprendre les liens invisibles qui nous unissent.
Soleil glacé, Séverine Vidal et Laura Giraud
Glénat, août 2024, 128 pages