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« Hurlevent », nouvelle série aux éditions Delcourt

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Les éditions Delcourt publient Hurlevent : La Nuit des chasseurs, de Fred Duval et Stéphane Créty. Dans un univers foisonnant, mêlant la Renaissance à l’heroic fantasy, on y suit les aventures d’Alceste de Hurlevent, un médecin issu de la noblesse et désormais banni.

Les terres de l’Hélios sont peu engageantes. Peuplées de rebuts, arides, cernées de montagnes, elles abritent des prisonniers, du criminel à l’indésirable, exploités en forçats afin de creuser des canaux censés rendre un jour les lieux fertiles. C’est là-bas qu’on retrouve l’ex-médecin Alceste de Hurlevent, issu d’une noble dynastie, mais tombé en disgrâce après avoir tué un proche du souverain William. Alceste, las, ne cache pas ses envies d’ailleurs : « Je suis épuisé de voir les orques s’éteindre et les hommes mourir de l’esclavage… » Mais il est difficile de se soustraire à la surveillance généralisée et au labeur qui lui incombe : permettre « l’accès au plus précieux des trésors : l’eau ».

Appelé à intervenir à la suite d’une explosion de lave dramatique – et mystérieuse – afin de soigner les blessés, Alceste de Hurlevent va aussi faire la rencontre du duc de Batz et de sa fille Anne, le premier ayant été blessé par l’immense thyrocéros qu’il était venu chasser. Fred Duval et Stéphane Créty accompagnent cette rencontre d’un double mouvement narratif : une plongée dans le passé de l’ex-médecin (le duc faisait partie des juges qui l’ont condamné) et l’initiation d’une relation ambiguë entre ce dernier et Anne. On peut même y ajouter un troisième versant si l’on se penche sur Ribou, le bras droit du duc, humilié par Alceste, qui a tranché la langue de sa vorace monture.

Il faut reconnaître à Hurlevent : La Nuit des chasseurs un certain charme : mariant l’heroic fantasy à une esthétique rappelant la Renaissance, généreux en créatures en tous genres, inventif quant à cette région impitoyable de l’Hélios, l’album convie monstres, orques, géants, humains, rapporteurs-oiseaux en à peine plus de 50 pages, sans jamais sacrifier son récit. Il laisse plusieurs questions en suspens, qui nourriront la suite des aventures d’Alceste de Hurlevent : une hypothétique libération, une (recon)quête familiale, un statut d’héroïne à parachever (pour la courageuse Anne), un magma se dispersant à travers les sillons et duquel émanent des créatures indéterminées… Les jalons semblent solides, à défaut de se révéler réellement surprenants.

Là où on peut exprimer davantage de réserves, c’est au niveau des dessins, assez inégaux, et notamment lorsque l’on se penche sur les représentations sommaires des vignettes de petite taille – mais pas que. C’est d’autant plus dommage que l’univers mis en place se prête volontiers à toutes sortes de sophistications figuratives – qu’on retrouve pour partie dans le bestiaire dessiné. Cela dit, l’ensemble tient la distance et n’est pas de nature à handicaper un album au demeurant plaisant et ponctué par un cahier graphique.

Hurlevent : La Nuit des chasseurs, Fred Duval et Stéphane Créty
Delcourt, janvier 2022, 56 pages

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