Les-Fatals-Picards-avis

« Fatals Picards Comics Club » : pâtir sur le rock

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Jean-Luc Garréra et Juan mettent en vignettes le groupe de comedy rock français Les Fatals Picards dans une BD aux répliques fusantes et à l’ironie mordante.

La première réussite de Fatals Picards Comics Club, c’est son adéquation parfaite avec l’esprit du groupe qu’il met en scène. Les Fatals Picards sont en effet connus pour leurs paroles teintées de cynisme et d’ironie, déconstruisant le monde environnant avec une acuité qui n’a finalement d’égale que la dérision. Dans leur album, Jean-Luc Garréra et Juan présentent d’abord succinctement chaque protagoniste, avant de les plonger dans trois récits loufoques maîtrisés en clerc.

Dans Fatals Picards Comics Club, un certain Romero échafaude un plan diabolique pour tirer profit des morts-vivants. Les Fatals Picards se réfugient dans les caves d’un loft, pourchassés par les candidats décérébrés d’une émission de télé-réalité. Skalibur désigne en terres écossaises un « Guitar Hero hors pair »… incapable de jouer trois notes. Chaque page est une invitation au rire, les dialogues fusent et les rebondissements sont menés tambour battant.

Jean-Luc Garréra et Juan n’hésitent d’ailleurs pas à affubler le quatuor de traits de caractère parfois pathétiques. Ainsi, on retrouvera souvent Poupou dans des situations absurdes, les moindres n’étant pas sa fascination pour les magazines people ou son attrait pour les conversations futiles de Nab’ et les autres lofteurs. Billy est quant à lui présenté comme un rockeur philosophe, capable d’assommer son auditoire ou de lire des traités qui provoqueraient une contusion cérébrale à n’importe quelle pin-up siliconée.

Irrévérencieux, survitaminé, ce premier tome de Fatals Picards Comics Club bénéficie d’une écriture au cordeau et de dessins avenants. Il est d’ailleurs difficile de reposer l’album une fois la lecture entamée. Et pour cause : on se délecte à se moquer des autres en compagnie des Fatals Picards… quand ce ne sont pas eux qui font les frais du regard ironique des auteurs ! Bien que le registre ne soit pas identique, on retrouve un peu de Woody Allen et de Quentin Tarantino (ou de René Goscinny) dans l’usage des dialogues, qui contribuent grandement à la qualité d’ensemble de l’album.

Fatals Picards Comics Club, Jean-Luc Garréra et Juan
Bamboo, janvier 2023, 64 pages

Note des lecteurs0 Note
3.5
Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray