Adieu coach, de Joachim Guilloteau et Boris Guilloteau, prend pour cadre le microcosme du rugby et ses valeurs fondamentales – de camaraderie, d’esprit d’équipe et de résilience. Publié aux éditions Bamboo, l’album raconte l’histoire de cinq vétérans du rugby qui s’unissent pour sauver leur club, menacé par des intérêts immobiliers.
L’Union Rugby de Voissy est en péril après la mort soudaine de Marius, son entraîneur emblématique. Sans fonds et sans équipe masculine, en mal d’affiliés, le club est sur le point de perdre son terrain au profit d’un projet immobilier. Fini les matchs passionnés, bonjour les rayons de supermarché remplis de produits agro-industriels. Pour éviter cela, Paulo, Le Doc, Biquette, Gino et Charly, autrefois joueurs sous la houlette de Marius, se retrouvent pour défendre, non sans nostalgie, un lieu chargé de souvenirs. Cette première partie d’Adieu coach introduit les protagonistes et plante le décor d’une bataille qui dépasse le simple cadre sportif, pour toucher à l’identité et à l’histoire locale. Pour pleinement le mesurer, il suffit de s’intéresser au point de vue du tenancier d’un bar qui fait face au stade.
« Tu m’emmerdes, Paulo, c’n’est pas un club de rugby, ton truc, mais une réunion d’anciens combattants ! On n’fait pas du neuf avec des vieux. Et moi, mon costard tient plus d’bout, il est rongé par les mites ! Alors, enfiler le costume d’entraîneur… » Confrontés à la difficulté de recruter de nouveaux talents et de moderniser l’approche du club, les anciens joueurs envisagent dans un premier temps une solution alternative : miser sur l’équipe féminine. Ils mettent tout en oeuvre pour protéger les lieux – notamment… des géomètres – et créer un nouvel engouement autour de leur club. Mais cela ne se fait pas sans difficultés. « Ouvre les yeux, Louis ! Ce club tombe en décrépitude ! Vous vous accrochez à cette vieillerie comme on s’accroche à une bouée de sauvetage ! Vous perdez votre temps !!! »
Au-delà des enjeux sportifs, Adieu coach explore les relations personnelles complexes, notamment entre Charly et sa fille Isa. L’homme cherche à renouer des liens depuis longtemps distendus, mais sa fille pense qu’il est trop tard et se montre particulièrement virulente envers lui. « Tu veux juste te racheter une p’tite conduite, pour ta petite conscience. Pour que tu puisses dormir sur tes deux oreilles, le cul bien au chaud ! » Leur conflit, empreint de rancœur et de malentendus, apporte de la chair à l’album et montre très bien les luttes personnelles des personnages, des arcs secondaires rendant l’histoire plus profonde et émotionnelle. Le thème de la rédemption et de la reconstruction personnelle en ressort grandi.
L’histoire prend une tournure inattendue lorsque le groupe découvre que le promoteur intéressé par le terrain n’est autre que Nicolas, un ancien capitaine du club. Malgré l’échec à obtenir un délai supplémentaire pour sauver le terrain, le club peut se féliciter d’un renouveau en termes de membres et de soutien communautaire, remportant par là une belle victoire morale. Mais ce sont surtout les scènes finales, empreintes d’émotion et de nostalgie, mais aussi de surprises, qui viennent célébrer les valeurs du rugby et la force de la communauté.
Adieu coach est une œuvre qui promeut la passion, l’engagement et l’esprit de corps à travers le prisme du rugby. Joachim et Boris Guilloteau nous offrent une histoire prenante et émouvante, marquée par des personnages authentiques et des situations qui résonnent. Bien que centrée sur un sport, cette bande dessinée parlera à tous par son universalité et son humanité.
Adieu coach, Joachim Guilloteau et Boris Guilloteau
Bamboo, mai 2024, 96 pages