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Le Nouveau stagiaire (The Intern), un film de Nancy Meyers: Critique

Rob Reiner, Nora Ephron… Des noms importants de la comédie romantique contemporaine qui, grâce à eux, a pu connaître quelques grands bouleversements et remodélisations du genre avec notamment When Harry Met Sally (Quand Harry Rencontre Sally) en 1989, Sleepless in Seattle (Nuits Blanches à Seattle) en 1993, ou encore avec You’ve Got Mail (Vous avez un message) en 1998.

Synopsis: Ben Whittaker, un veuf de 70 ans s’aperçoit que la retraite ne correspond pas vraiment à l’idée qu’il s’en faisait. Dès que l’occasion se présente de reprendre du service, il accepte un poste de stagiaire sur un site Internet de mode, créé et dirigé par Jules Ostin.

Nancy Meyers semble se placer dans la tradition de ces cinéastes en proposant des films à la fois distractifs et sociologiques. Le mot n’est pas grand, car il s’agit bien pour ces films d’observer – parfois même étudier – les relations humaines, plus particulièrement amicales et amoureuses, dans des environnements et espaces publics où le relationnel et le sentiment semblent avoir été ironiquement relégués aux publicitaires et aux fictions télévisuelles et cinématographiques.

À l’image de What Women Want (Ce que veulent les femmes), second film de la cinéaste réalisé en 2001, The Intern nous montrent des femmes qui ne semblent pas encore avoir trouvé ce qu’elles voulaient, et c’est à nouveau un homme qui saura les écouter et les conseiller. Et tel que dans Something’s Gotta Give (Tout peut arriver) sorti en 2004, on trouvera en protagonistes principaux des personnes âgées. Enfin, comme dans la majorité de ses films la fin est emplie de romantisme presque fleur bleue, alors que les personnages ont progressé et sont heureux. Mais, une nuance vient ici modifier le tableau Meyers-ien.

Une nuance qu’on n’avait pas vue depuis When Harry Met Sally de Reiner, la mélancolie. Et celle-ci sera présente pendant la majorité du film grâce à Robert De Niro, le successeur à Mel Gibson en tant que conseiller et oreille attentive. Mais à l’inverse du personnage incarné par ce dernier, il n’a pas de pouvoir « magique » pour savoir écouter les femmes et entendre leurs pensées. En effet, Ben Whittaker a un autre pouvoir, bien plus humain, l’expérience, qui lui a apporté de la sagesse.

Le sage homme saura conseiller les jeunes gens perdus, notamment sentimentalement. Mais Ben dépasse la figure du vieux sage, veuf, à soixante-dix ans, il cherche à se rendre utile. En cela, il est bien humain, car ça n’est pas un personnage purement cinématographique, mais la représentation au cinéma d’une situation bien réelle, l’oubli de personnes délaissées à cause de leur âge. Ainsi Ben obtient un stage au sein d’une nouvelle entreprise ayant grandi en très peu de temps et dirigée par le jeune et belle Jules Ostin, incarnée par Anne Hathaway. Et si le stage est d’abord un acte d’enjolivement de façade créé par l’entreprise, il se révélera rapidement être une grande idée. Car Ben va contribuer à la réussite de l’entreprise, en tant qu’assistant personnel de la dirigeante puis avec le deuxième poste de gestionnaire adjoint aux dossiers et courriers. Plus que ça, il trouvera un nouvel amour (incarné par la vieillissante et belle René Russo), et formera une nouvelle famille, avec les jeunes stéréotypement borderline – le petit jeune au bon embonpoint perdu et écarté du foyer familial par ses parents ; l’informaticien qui ne demande qu’à s’ouvrir à de nouvelles choses, personnes ou encore à tester sa bravoure via des actes illégaux ; le jeune responsable au nom oublié par sa patronne et perdu sentimentalement -.

Le film est ainsi ampli d’un discours social humaniste et optimiste, mais ce dernier tendra à être effacé par la double romance racontée par la réalisatrice, et qui concerne Jules et son mari. Celle-ci était-t-elle nécessaire ? Non, après tout, il y avait bien celle de De Niro et Russo, pourtant délaissée à la faveur de celle du jeune couple de mariés. La rencontre des générations, l’échange de leurs points de vue et conseils, tendent ainsi à être occultés par la romance du jeune couple. Ce dernier est-il un élément promotionnel ?

Au-delà des suppositions, Nancy Meyers filme ainsi un cinéma dans la continuité de sa carrière, pas original mais possédant toujours un élément (ou plusieurs) qui tendent à l’élever vers d’autres niveaux. Cependant, ici, elle expose, plus explicitement qu’à son habitude, ses limites, qui sont, paradoxalement, incarnés en le romantisme exacerbé, et alors qu’elle était traditionaliste, dans la reprise des caractères résolument modernes de la comédie romantique, hélas plus niaise et « parfaite », qu’imparfaite et donc humaine.

Le Nouveau stagiaire : Fiche Technique

Titre original : The Intern
Réalisation : Nancy Meyers
Scénario : Nancy Meyers
Casting: Robert De Niro (Ben Whittaker), Anne Hathaway (Jules Ostin), Rene Russo (Fiona), Adam DeVine (Jaison), Jojo Kushner (Paige), Ander Holm (Matt), Jason Orley (Lewis)…
Direction artistique : W. Steven Graham & Doug Huszti
Décors : Kristi Zea
Costumes : Jacqueline Demeterio
Montage : Robert Leighton
Musique : Theodore Shapiro
Production : Suzanne McNeill Farwell, Nancy Meyers, Celia D. Costas, Stefan Mentz
Sociétés de production : Waverly Films
Sociétés de distribution : Warner Bros. France
Pays d’origine : États-Unis
Budget : 35 000 000 $
Langue : anglais
Durée : 121 minutes
Genre : Comédie Romantique
Dates de sortie : 7 octobre 2015
Box office US : $36,523,892 au 04/10/15