viva-erotica-de-derek-yee-et-lo-chi-leung-avec-leslie-cheung-et-shu-qi-en-blu-ray-chez-Spectrum-Films
Crédits : Spectrum Films

Viva Erotica célèbre la création érotique en Blu-ray chez Spectrum Films

Retour sur Viva Erotica, deuxième film de la Cat. III hongkongaise à être édité par Spectrum Films à (re)découvrir en Blu-ray.

Synopsis : Un réalisateur dont les deux derniers films ont été des flops se voit proposer un film érotique pour relancer sa carrière. Il devra choisir entre son intégrité artistique et l’argent.

Éros, le cinéma et l’argent

Viva Erotica appartient à la fameuse Catégorie III du système de classification par âge du cinéma hongkongais, cela sans pour autant en être l’un des étendards subversifs les plus reconnus. Le long métrage co-signé par Derek Yee et Lo Chi-Leung en 1996 constitue toutefois une œuvre sensible et intelligente sur ce pan cinématographique hongkongais des années 90, qui tendait à dépasser les barrières de la représentation morale à coup de violence graphique, d’érotisme stupreux et de récits aux thématiques non adaptées au grand public (selon l’organisme hongkongais de classement des films).

La comédie dramatique, satirique et érotique qu’est Viva Erotica va justement s’amuser avec ces codes et les réfléchir à travers son personnage principal, Sing (Leslie Cheung). Au chômage depuis un an, perdu par rapport à son futur professionnel, le cinéaste se voit proposer la réalisation d’un film érotique. Quid de ses ambitions artistiques ? Va-t-il céder à l’appel de l’argent alors que sa mère compte sur son aide financière et qu’il vit aux crochets de sa petite amie policière.

Sing cauchemarde : la réalisation parfois cartoonesque le met en scène en footballeur adulte mal intégré dans une équipe d’enfants qui le rejettent, mettant à mal son avenir sportif ; ou encore dans une réalité alternative où il devient un pornographe efficace et riche. Le cinéaste doit aussi dépasser ses préjugés sur le cinéma érotique, un genre considéré comme honteux par une minorité mais bel et bien populaire. Certes, il y a des excès, parfois une absence de personnages dans un récit prétexte, mais comme le lui rappelle son chef opérateur, il y a aussi des chefs-d’œuvre aux récits sensibles, inventifs, subversifs. Pourquoi le cinéma labéllisé « artistique » et célébré par la profession serait le seul à être discursif et artistique ?

En ouvrant son esprit à une culture alternative, ainsi qu’en questionnant son rapport au corps et au sensible, Sing trouve alors une forme de compromis : oui, il peut gagner de l’argent tout en réalisant le film qu’il imagine, sans trahir ses visions et abandonner ses ambitions sur l’autel de l’argent-roi des studios et producteurs à la recherche du profit à court terme.

Les scènes érotiques qu’il va alors mettre en scène vont donc être portées par l’émotion des acteurs enfin dirigés comme des êtres sensibles et non des pantins. Sing réalise des visions évanescentes dont le caractère vaporeux est (certainement trop) valorisé par l’édition Blu-ray. Les corps s’entremêlent ainsi passionnément dans des images dignes d’Éros.

Regard lucide, ludique et mélancolique sur le cinéma hongkongais des années 90, récit existentiel touchant et film de genre drôle et sensuel, Viva Erotica réussit à être tout cela à la fois en restant à la hauteur de ses personnages. Sans jamais les juger dans leurs échecs mais en sachant célébrer les petites victoires individuelles et collectives face à la marche souvent brutale du macrocosme capitaliste.

Bande-annonce – Viva Erotica (Derek Yee & Lo Chi-Leung, 1996)

Viva Erotica en Blu-ray

Viva Erotica est à (re)découvrir dans une édition Blu-ray soignée chez Spectrum Films. Le master vidéo utilisé semble daté même si le rendu général s’avère tout à fait correct. Le grain présent est parfois épais, l’aspect vaporeux recherché par le cinéaste manque occasionnellement de finesse tant il semble invasif sur certaines images. La colorimétrie est partagée entre des images majoritairement équilibrées, d’autres fortement contrastées et enfin quelques-unes désaturées. Le rendu visuel, qui ne manque pas de piqué, semble toutefois bien correspondre aux volontés artistiques du projet.

Il y a peu à dire concernant le rendu sonore, efficace, si ce n’est que la piste 5.1 aurait mérité davantage de dynamique par rapport à la piste 2.0 dual mono.

Du côté des compléments, on retrouve le podcast sur la fameuse Cat. III, bonus déjà présent sur l’édition d’Ebola Syndrome aussi disponible chez l’éditeur. Arnaud Lanuque répond évidemment au rendez-vous pour présenter le film en revenant d’abord sur le système de classification des films hongkongais. Il s’exprime ensuite sur Viva Erotica, la manière dont le film approche un pan du cinéma HK en mettant en scène des expériences de membres de l’équipe et le parcours des comédiens tels que Leslie Cheung et Shu Qi. On trouve enfin la bande-annonce du film ainsi qu’une nouvelle interview du co-réalisateur Lo Chi-Leung qui revient sur son statut d’auteur du film, sur les conditions de tournage d’un film érotique dans les années 90 ainsi que sur les comédiens et guest-stars de Viva Erotica.

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES – Blu-ray

BD-50 – 1080p HD – Mpeg-4 AVC – Format 1.78 – Langue : Cantonais DTS-HD Master Audio 2.0 & DTS-HD Master Audio 5.1 – Sous-titres français optionnels – Hong-Kong – Genre : comédie dramatique érotique – Durée : 99 minutes

COMPLÉMENTS

Présentation du film par Arnaud Lanuque

Interview de Lo Chi-Leung

Podcast Cat-III

Bande-annonce

Sortie le 4 juillet 2022 – prix de vente public conseillé :  25,00€

Note des lecteurs0 Note
4.5