Au milieu de cette période un peu morose, nous vous proposons une critique de Docteur Patch, allias Robin Williams en médecin du rire.
Tiré d’une histoire vraie, le film raconte l’histoire romancée de Patch Adams, dépressif reconverti en étudiant en médecine et fervent défenseur d’une approche plus humaine et moins distanciée de la relation patient-docteur, qui devra se battre pour qu’on l’autorise à mettre en pratique sa vision.
Pourquoi ne pas redécouvrir en DVD ce long-métrage de 1998 retraçant le parcours d’un homme qui trouve un sens à sa vie en devenant un docteur proche de ses patients et campé par l’un des acteurs comiques les plus incontournables des 90’s ?
La légèreté des films des années 90…
Docteur Patch a cette légèreté des films des années 90 où presque toutes les scènes sont accompagnées d’une petite musique donnant le ton et où le fait que le dénouement soit cousu de fil blanc fait du bien au moral au lieu d’agacer. Bien que se situant dans les années 70, la facture du film est marquée par l’époque de sa réalisation. Tant de bons sentiments font du bien au moral, sans pour autant dégoûter, attitude semble-t-il réservée de nos jours à ces « bons sentiments » qui sonnent presque comme un gros mot… Il est vrai que cela peut manquer d’un peu de réalisme, mais s’y replonger fait tant de bien…
Et pas seulement pour la prestation toujours sans fausse note de l’inoubliable Robin Williams, mais aussi parce que le film, malgré ses accents dramatiques, est porteur d’espoir, sans pour autant dicter de respecter toutes les règles. Avec ce long-métrage, Tom Shadyac, roi de la comédie burlesco-potache (Professeur Foldingue, Ace Ventura, Menteur, menteur), signe ici une œuvre poétique qui enjoint à s’ouvrir aux autres, à casser les codes, à remettre en question ce qui nous entoure autant que soi-même et à rire, en faisant ce qui nous rend heureux.
… mais un rire un peu lourd
Bon, au-delà de ces points positifs, on peut tout de même noter un humour quelque peu dépassé… Et si l’on regarde les personnages rire en souriant de son canapé, on ne s’esclaffe pas franchement soi-même devant les pitreries du docteur Patch qui déclenche l’hilarité générale de ses patients en enfilant un nez rouge et des chaussures démesurées, en tapant dans ses mains, criant, sautant et gesticulant. On a aussi du mal à comprendre cette absence de dialogue avec sa hiérarchie – certes établie dans les années 70 –, mettant en péril son droit à être diplômé et donc à exercer…
Mesurant le décalage entre l’époque actuelle et celle durant laquelle le film a été réalisé, on se demande aussi si le problème vient bien de cet humour qui nous paraît lourd, ou de nous, qui ne sommes plus assez légers ?
Une histoire différente, un but à la fois loin et proche du spectateur
Docteur Patch, c’est aussi cette histoire très différente d’un homme qui soigne ses envies suicidaires en aidant les autres, qui est prêt à tout pour aider son prochain, et dont on comprend rapidement qu’entreprendre de difficiles études de médecine n’est que le début de son cheminement. Une intrigue prenant place sur un campus universitaire, entre stéthoscopes et blouses blanches, en apparence bien loin d’un spectateur pourtant curieux, et en même temps très proche : au cœur des émotions humaines, des souffrances et de la fragilité des blessures et maladies qui parlent à tous.
Une tragédie aussi, que le docteur dépasse en continuant à œuvrer pour les autres et qui donne du réalisme à cette histoire que la présence de Robin Williams rend extraordinaire. Malgré les pitreries, c’est un rôle sérieux – en même temps, qu’une blouse blanche – qu’endosse l’acteur plus connu pour les comédies hors du commun (Mme Doubtfire, Jumanji, Hook, Flobber, etc.)
Bien accompagné par des seconds rôles développés (Monica Potter, Philip Seymour Hoffman, Peter Coyote), Docteur Patch reste un film qu’on suit sans savoir où il nous mène (sinon vers un happy end ici au moins partiel) et qui fait réfléchir autant qu’il fait du bien, sans pour autant marquer nos mémoires.
Docteur Patch : bande-annonce
Fiche technique :
Réalisateur : Tom Shadyac
Scénariste : Steve Oedekerk
Casting : Robin Williams, Monica Potter, Philip Seymour Hoffman, Bob Gunton
Musique : Mark Shaiman
Sortie : 1998
Pays : Etats-Unis
Version originale : anglais
Genre : comédie dramatique
Durée : 115 minutes