La distorsion schizophrénique entre « l’ambient » de Mac Quayle et l’esthétisme froid de Sam Esmail.
Musique Mr. Robot – la BO / Trame sonore / Soundtrack
Mr. Robot est une œuvre singulière dans la sphère télévisuelle. Avec ses atouts cinématographiques évidents, sa tendance à utiliser des thématiques qui retracent tous les recoins de ses épisodes, la série s’avère néanmoins remplie d’influences notables. Alors qu’il aurait pu s’époumoner dans les catacombes de son référentiel, Sam Esmail a su ancrer sa création dans une réalité qui lui est propre. Oui, Mr. Robot parle au cinéma de David Fincher : l’ambivalence entre la schizophrénie et le terrorisme existentiel (Fight Club), le monde asocial de l’informatique et la modernité technologique (Millenium), le changement de statut des relations humaines actuelles (The Social Network et Gone Girl). Mais ce n’est pas tout.
Car ce qui fait la magie des derniers films de David Fincher, provient aussi de sa collaboration avec Trent Reznor et Atticus Ross : où la science visuelle devenue minimaliste du réalisateur américain s’incorpore parfaitement avec les ondes sonores et brumeuses de Trent Reznor. Et pour en revenir à Mr. Robot, il est important de notifier que la composition musicale qui parcourt la série se rapproche nettement du travail du duo Reznor/Ross, mais sans jamais tomber dans le plagiat. Et c’est là toute la beauté, voire toute la qualité de la symphonie prégnante de Mr. Robot. La série s’inscrit idéalement dans la conscience collective et est la représentation adéquate de la modernité artistique : savoir ingurgiter une culture artistique sans pour autant faire du copier/coller.
Au contraire, Sam Esmail et toute son équipe ont su, au fil de deux saisons bien distinctes dans leur traitement, intégrer leurs idées sans phagocyter leur personnalité. Ce travail de démystification commence par la partition de Mac Quayle et son aptitude à pouvoir accompagner les troubles psychologiques d’Elliot, au bord du gouffre psychotique notamment dans la deuxième saison. A l’image de sa bande originale, la série tentera de faire cohabiter ses deux principales intentions : continuer la fabrication d’un récit qui prend la structure d’un thriller policier autour du monde informatique où le FBI poursuivra les membres de FSociety et la démystification d’une narration plus étalée, ambiguë, qui joue sur la psychologie labyrinthique de ses protagonistes.
Pouvant à la fois faire preuve de pragmatisme et tomber dans la paranoïa la plus stridente, les pistes qui peignent les épisodes de Mr. Robot modifient leurs effets en se fondant dans le décor : une électro « ambient » qui répond à la froideur de la mise en scène, les secousses de basses lourdes qui percutent les affres identitaires et aliénants d’Elliot et des mélodies à la rythmique élégiaque montant crescendo qui décomptent le suspense et qui entourent le sort de nos protagonistes.
Tout un arsenal, une variété de style aussi minimale que grandiloquente. Outre la dramaturgie existentielle qui est le sillon préférentiel de la série et qui voit les différentes partitions s’accommoder de cette intimité forcenée, Mr. Robot est aussi un miroir de la société : que cela soit par le biais de son environnement grisâtre ou le sentiment de solitude qui se prolifère comme un malware informatique. Dans ses fondations sonores, Mac Quayle pousse le vice encore plus loin : se fait parfois bruitiste, envoûtant ou même « noisy » dans ses courbures plus cinglantes. Le choix d’une musique électronique pour cartographier cet univers moderne et hypocrite était d’une évidence même, surtout dans ses dispositions à afficher cette prédominance informatique, à cet enfermement analogique et la mélancolie par écran interposée : où une série télévisée devient un consensus entre le cinéma de Fincher, le film Her de Spike Jonze et Hacker de Michael Mann.
La musique de Mac Quayle n’a pas qu’un simple intérêt : certes, l’introspection et la traduction d’émotion est sa force première. D’ailleurs, dans cette faculté à traduire le langage de l’image par l’utilisation de mélodies n’est pas étonnant lorsqu’on apprend que Mac Quayle est le compositeur de la série déjantée American Horror Story et est surtout un collaborateur de l’omniprésent Cliff Martinez et ses compositions luxuriantes. Le hasard fait bien les choses me direz-vous. Sauf que Mr. Robot n’est pas qu’un simple récit initiatique, le récit s’aventure dans le hacking et le piratage informatique, d’où en découlent des enjeux policiers : Mac Quayle adapte ses beats, ses grésillements et diversifie ses instruments (piano, batterie, synthétiseurs) avec des ruptures analogiques. Distorsions sonores, bourdonnement mystérieux, thèmes répétitifs, étirés de manière à étouffer le plus possible : Mac Quayle agence avec minutie son anxiété contemporaine.
Tout comme l’esthétisme de la série, Mac Quayle déchiffre l’immobilisme de l’image mais aussi la mouvance de l’action : suivant la structure dramatique de Mr. Robot, tout en permettant d’aérer les séquences et de modifier la cadence des ruptures de tonalités. Tout comme la série, l’orchestration électronique de Mac Quayle est anxiogène, teintée d’une souffrance dissoute et qui à certaines reprises, atteint des pics d’émotions inattendus. Dans ses nappes électroniques dont certaines accoutumances ressemblent à s’y méprendre à l’ambient de Gas ou The Sight Below, l’architecture sonore de Mac Quayle n’est pas d’une efficacité pop immédiate mais accouche d’une musique d’ambiance qui aurait autant sa place dans un film d’auteur que dans un blockbuster. Outre son thème plus enlevé et épique, l’ensemble est parfois opaque dans ses transitions et demande alors à l’auditeur de s’immerger plus profondément dans des méandres sensoriels qui captent autant l’essence de l’horreur que la torpeur du thriller. Mais le voyage en vaut vraiment le détour. A noter que Mac Quayle a remporté un prix aux Emmys, celui de l’ « Outstanding Music Composition For A Series » pour l’épisode « hellofriend eps1.0_. mov ».[irp posts= »74765″ name= »Musique The Neon Demon: l’électro robotique et enivrante de Cliff Martinez »]
Musique Mr. Robot Tracklist
Saison 1:
01. 0_1-Hellofriend. Wav (01:16)
02. 1. 0_2-Oneincontrol. Aiff (04:40)
03. 1. 0_3-Fucksociety. Mp3 (02:13)
04. 1. 0_4-M0Rphine. Aac (01:56)
05. 1. 0_5-Pierrerloti. Au (02:59)
06. 1. 0_6-Leavem3Here. Flac (01:20)
07. 1. 0_7-Waitfortheq. Ogg (02:23)
08. 1.0_8-Whatsyourask.M4P (01:38)
09. 1. 0_9-Flipper. Bwf (03:39)
10. 1. 1_1-One6Away. Caf (01:41)
11. 1. 1_2-Wearefsociety. Sd2 (01:32)
12. 1. 1_3-Oneor0. Wma (03:08)
13. 1. 1_4-Hateurself. Ra (03:24)
14. 1. 1_5-Illusionofchoice. Mp3 (04:03)
15. 1. 1_6-Believe-In-Erasing. Au (01:34)
16. 1.2_1-Iwillbecto.M4P (03:12)
17. 1. 2_2-Humanpunchingbag. Aiff (02:49)
18. 1. 2_3-Therealshayla. Wav (02:32)
19. 1. 3_1-Ichosethis. Ogg (01:43)
20. 1. 3_2-Everyrev0Lution. Ra (02:26)
21. 1. 3_3-Betterthanm0Rphine. Aac (03:21)
22. 1. 3_4-Allsafevirus. Bwf (01:55)
23. 1. 3_5-Da3M0Nsneverstop. Caf (02:11)
24. 1. 4_1-Squ4Rewiththeuniverse. Wma (02:57)
25. 1. 4_2-Impenetrable. Sd2 (02:23)
26. 1. 4_3-Billharper. Mp3 (03:53)
27. 1. 4_4-Exploitingtyrell. Wav (02:06)
28. 1. 4_5-Revenge1Syourweakn3Ss. Ra (01:40)
29. 1. 4_6-N0Execution. Au (02:24)
Saison 2:
01. 5_1-Askingthe1Mpossible.M4P (03:18)
02. 1. 5_2-Hackthepolice. Mp3 (03:35)
03. 1. 5_3-Trustyourself. Bwf (03:34)
04. 1. 5_4-Issacsbestmove. Bwf (04:15)
05. 1. 5_5-Mybestmove. Ra (05:04)
06. 1. 5_6-Veraliber4Ted. Aiff (04:10)
07. 1. 6_1-V1Ew-S0Urce. Ogg (02:43)
08. 1. 6_2-A-Way-Out. Wav (03:13)
09. 1. 7_1-Consumatesurvivor. Caf (02:08)
10. 1. 7_2-Darlenesgun. Aac (02:29)
11. 1. 7_3-In0Urgrasps. Ogg (01:49)
12. 1. 7_4-Wh1Ter0Se. Flac (05:10)
13. 1. 7_5-Mrrobot & Tyrell. Wma (02:08)
14. 1. 8_1-Imcrazy. Aiff (05:15)
15. 1.8_2-Mostdangerouscar.M4P (02:46)
16. 1. 8_3-Ch4Ngefromwith1N. Au (04:13)
17. 1. 8_4-Oneconstant. Caf (03:31)
18. 1. 2_3-Therealshayla. Wav1. 9_1-Waltznumber2. Bwf (03:33)
19. 1. 9_2-Wearefinallyaw4Ke. Ra (01:41)
20. 1. 9_3-Johannaphishes. Wav (02:44)
21. 1. 9_4-Forcerobotshand. Sd2 (01:51)
22. 1. 9_5-Urmygod. Ogg (01:48)
23. 1. 9_6-Nothingisreal. Ra (02:48)