La musique de Zone Blanche, la nouvelle série événement de France 2, déboule dans les bacs dans un double album aux couleurs du drapeau américain.
Dès les premières notes du thème principal, on ne peut s’empêcher de penser à l’ouverture de Délivrance et à son fameux duel de banjo. La mélodie acoustique rappelant les vieux films américain des seventies est agréablement soutenue par des nappes de claviers et de violons discrètes. La suite confirme l’essai. L’efficacité des compositions, de l’orchestration aux synthés, en passant par les percussions et les guitares basses et banjo est rafraîchissante. Aux deux premiers titres beaux et planants du score, succèdent des plages d’angoisse évoquant le meilleur de Marc Snow (compositeur de la série X-files).
Sans avoir vu les images des épisodes dont elles sont issues, on devine aisément les morceaux de bravoure ou les cliffhangers de fin d’épisode. Couzinier et Kooshmanian, les deux compositeurs, n’ont clairement pas à rougir de leurs influences tant leur œuvre est maîtrisée. La piste « La scierie » et ses accents électriques témoigne de l’ambition et de la richesse du score. Quand on mélange les origines rock et punk de Thomas Couzinier à l’éclectisme musical de son compère Frédéric Kooshmanian (le bonhomme est passé d’un apprentissage du piano et du jazz aux mains de Bernie Bonvoisin (Trust) puis du rhythm & blues à la world music (pour finir comme compositeur de pubs et de films), le résultat ne peut qu’être surprenant.
«Le choix s’est porté sur des guitares acoustiques et électriques, des orgues d’église et des instruments à cordes (violon, contrebasse) en formation d’orchestre de chambre. Nous avons volontairement fait ressortir des vibrations, des crépitements et le souffle des instruments [puis] travaillé sur un mélange de sons naturels (des cordes frottées et frappées, des tambours indiens ainsi que des timpani) et de sonorités synthétiques (basse, écho distordu, texture).» (T.Couzinier/F.Kooshamanian)
L’Amérique n’est jamais loin du viseur des compositeurs ni de celui des réalisateurs, comme le prouve l’ajout de titres du répertoire US allant de la pop-rock à la country en passant par le vieux blues cradingue de Goulstone et ses guitares saturées.
Si la série bénéficie d’un travail aussi poussé et efficace que celui de son score, nul doute que Zone blanche sera la série française à suivre. En tout cas son double album, contenant d’un côté le score et de l’autre sa galette compilation de chansons américaines, est un achat que l’on recommande chaudement.
La musique de Zone Blanche a d’ailleurs été récompensée au Festival international des programmes audiovisuels à Biarritz en recevant le FIPA d’Or !