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Deauville 2016 : War on Everyone de John Michael McDonagh (Avant-première)

Michael Pena (Fury, Seul sur Mars) et Alexander Skarsgard (Tarzan) se tiennent la dragée haute dans War on Everyone, virée sans concession dans l’univers de deux flics américains portés sur la violence, l’humour noir et l’argent facile.

Synopsis : Deux flics corrompus de l’Alabama font vivre un enfer à la communauté qu’ils sont censés protéger… jusqu’à ce qu’ils rencontrent un bandit pire qu’eux.

Le nouveau film de John Michael McDonagh est d’abord l’occasion, parfaite selon nous, de donner à Michael Peña la chance d’être une vraie tête d’affiche. L’acteur américain d’origine hispanique, jamais en reste pour nous gratifier de seconds rôles savoureux (on pense à Ant-Man, à Seul sur Mars ou à Fury) est en effet un habitué du genre, quitte à avoir avec le temps, totalement abandonné ses velléités de leader. Fort heureusement, le voici ici avec un rôle à même de révéler tout son talent, mais surtout de prouver, une fois n’est pas coutume, la relative aisance qu’il a, à se mêler avec d’autres. A ce titre, le duo qu’il forme avec Alexander Skarsgard, récemment vu dans Tarzan, est exquis. Un duo qui n’est pas sans rappeler celui de Starsky et Hutch, quitte à reprendre l’habitude de rouler en voiture de collection, et qui sous les prestations habitées de deux acteurs, se transforme en une troupe de joyeux larrons totalement déjantés, pour ne pas dire hors-norme, dont la vision dans la rue ne pourrait que nous faire frémir. Il faut dire que leur duo multiplie les bévues. Sexe, drogue, alcool, castagnes et fuck, fusent ainsi à la vitesse de l’éclair. De quoi littéralement nous tordre de rire sur le fauteuil et en redemander tant le sous-texte, purement caustique enchainant les réparties, l’humour noir (si ce n’est graveleux) et le politiquement incorrect, est d’une modernité confondante. Daesh, le djihad, la communauté afro-américaine, la blanche, les européens et même le tennis : rien ne semble ainsi épargné par le réalisateur, qu’on imagine trop heureux à l’idée de pouvoir tailler un short dans les règles de l’art à tous ces sujets de sociétés, pour la plupart sensibles.

Un buddy-movie régressif. 

Mais au-delà de ce ton débridé, McDonagh n’en oublie pas d’humaniser ses personnages. Sous leurs airs de gros durs, on s’éprend ainsi d’une certaine affection pour le duo. Leur nonchalance et leur impertinence font d’eux des hommes presque sans limites, et les voir déambuler dans ce buddy-movie régressif et bien rétro dans l’âme, nous fait presque regretter les années 80 ou cet acabit de film était légion. Mais heureusement, à peine le temps d’esquisser un regret. Puisque non content de dynamiter le genre en remplaçant la sempiternelle drogue par de l’argent, le réalisateur nous balade à l’instar de Shane Black dans son Kiss Kiss Bang Bang, dans une intrigue pourtant limpide mais rapidement reléguée en arrière plan. A la place, McDonagh tente d’apposer une petite histoire d’amour, sensée chambouler le personnage d’Alexander Skarsgard, grand viking impassible, qui devant le joli minois de Tessa Thompson, va rapidement perdre son latin. Fluide, maitrisée et évitant le pathos d’un cheveux, la petite amourette s’avère ainsi plus importante qu’on pourrait le penser au premier abord. Elle humanise l’agent blond tout en s’ajoutant avec brio à l’intrigue, qui puise dans ces moments de quiétude comme pour mieux nous surprendre lors des scènes d’actions. Ces dernières, simples et enlevées, sont d’ailleurs trépidantes puisque versant continuellement dans l’hommage aux vieux films (Bullit en tête) et illustrent d’ailleurs le formidable montage, qui 2h durant aligne cris, tirs, bourrinage et autre canardage en règle, sans pour autant lasser. Bien au contraire même. On appréciera d’ailleurs le soin qu’a eu l’équipe de ne pas cantonner son équipe dans une vulgaire banlieue américaine, puisque on retrouve notre fine équipe à un moment, en plein territoire islandais. Dépaysement assuré pour nos joyeux lurons qui ne manquent pas d’accompagner leur virée la-bas de scènes totalement absurdes, et versant dans la pure dérision.

Un duo qui marche du tonnerre, un réalisateur parfaitement à l’aise dans ses baskets et une intrigue résolument moderne : pas de doute, en signant War on Everyone, John Martin McDonagh a signé le buddy-movie de l’année. Et on l’en remercie bien assez pour cela. 

Le réalisateur anglo-irlandais de The Guard et Calvary, revient avec War on Everyone, présenté hors Compétition ce jeudi à Deauville ; un troisième long métrage mixant humour au vitriol et dialogue pétillant voir très piquant. Sur une musique de Glen Campbell, on retrouve aux côtés de Alexander Skarsgard et Michael Pena, John Michael McDonagh, Theo James, Tessa Thompson, Paul Reiser…