Mean Dreams, une fable sombre mais également un thriller évoquant le passage à l’âge adulte
Avec son deuxième long-métrage, Nathan Morlando débarque à Deauville pour nous présenter, en Compétition Officielle Mean Dreams. L’occasion pour les spectateurs d’apprécier une nouvelle prestation de Sophie Nélisse, découverte dans La voleuse de livres, ou de retrouver Bill Paxton sur grand écran, dans la peau d’un flic corrompu.
Synopsis : Après avoir volé un sac contenant de l’argent de la drogue, un garçon de quinze ans s’enfuit avec la fille qu’il aime tandis que le père de celle-ci, un flic corrompu, les prend en chasse.
Les premières secondes de Mean Dreams piquent les yeux et ébranlent. Pourquoi l’image est-elle si contrastée ? Quelles sont les raisons de ces couleurs si forcées, à la limite du fluo, qui font perdre tout le détail de la photographie ? Impossible de le savoir, mais l’on sait d’ores et déjà que la lumière jouera un rôle majeur dans l’intrigue. En effet, le travail sur l’éclaircissement ou l’assombrissement de l’image rythme l’intrigue. Plus les tons seront grisâtres, plus nos deux personnages principaux s’enliseront dans une galère dont ils pourront difficilement s’extraire. Et lorsque l’on demande à Nathan Morlando si la lumière est un fil d’ariane de son film, il répond par la positive, et expose ses inspirations que sont Jeff Nichols (Mud), mais essentiellement Prisoners, de Denis Villeneuve, film dont la tension qui émane est un véritable exemple pour lui.
La photographie de Mean Dreams est donc soignée, nous offrant de longs plans qui permettent de progresser dans le récit au même rythme que nos personnages. Toutefois, le montage peut s’avérer confus, le spectateur ne pouvant pas saisir l’enjeu de certaines scènes.
Heureusement, Bill Paxton en flic corrompu et père indigne fait remarquablement le boulot. Ses airs de ressemblance avec Bryan Cranston sont fascinants, à tel point qu’on en viendrait presque à douter d’une alternance entre les deux acteurs. Mais outre ce fait plutôt amusant, l’acteur se révèle être vraiment terrifiant, et fait de son personnage de père de famille n’ayant plus que sa fille dans la vie, un être inquiétant, cynique et méprisant. Sa fille, justement, incarnée par Sophie Nélisse, se révèle moins convaincante que son compagnon de jeu, ses airs poupons jouant en sa défaveur. À l’opposé, Josh Wiggins, le deuxième jeune du duo principal, est quant à lui austère et mystérieux, presque tout aussi inquiétant que Bill Paxton, tant on ne connait pas réellement ses intentions, outre le fait de s’enfuir avec son amoureuse (mais l’amour est-il réel ?) Casey. Le trio principal tient la route, et Sophie Nélisse se voit relevée par ses comparses.
Malheureusement, ce qui pèche dans Mean Dreams, c’est son scénario, mêlant road-movie, thriller et course poursuite. Le rythme ne cesse de changer, l’amour peine à se confronter à la tension, et les rares moments de répit sont bien trop niais pour être réellement satisfaisants. Pourtant, la dimension « chasse à l’homme » est convaincante, mais les clés sont offertes bien trop rapidement aux spectateurs, et les quelques « twists » qui jalonnent le film sont bien trop prévisibles pour être réellement appréciés. Aussi, ce lieu-commun du flic corrompu, violent et constamment ivre qui se défoule sur sa famille commence à être un tantinet lassant, dommage quand on voit le potentiel technique de Mean Dreams et quand on apprend toute l’implication du réalisateur dans son second long-métrage qui au final déçoit par son manque de subtilité et de finesse dans l’écriture.
Réalisé par Nathan Morland sur un scénario de Kevin Coughlin et Ryan Grassby avec Josh Wiggins, Sophie Nélisse, Bill Paxton, Colm Feore, Vickie Papavs…