Fear & Desire de Stanley Kubrick – Critique du film

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61 minutes pour tout dire : telle semble être la pression imposée à Kubrick (probablement par lui-même) pour ce galop d’essai qu’il reniera plus tard. Film ambitieux, maladroit et hétérogène, Fear & Desire n’est pas raté, n’est pas bouleversant non plus. Tout au plus peut-on, du haut de notre position dominante que l’histoire nous accorde, y voir quelques promesses de l’œuvre à venir.

Synopsis : Dans une guerre abstraite en terre inconnue, une patrouille militaire de quatre hommes, le lieutenant Corby, le sergent Mac et deux soldats, Fletcher et Sidney, se retrouvent derrière les lignes ennemies après que leur avion se soit écrasé. Ils avancent dans la forêt, surprennent deux militaires ennemis et les massacrent. Puis ils rencontrent une jeune fille et, craignant qu’elle ne les dénonce, l’attachent à un arbre. Pendant que ses trois camarades vont vers la rivière construire un radeau qui, espèrent-ils, les ramènera chez eux, Sidney garde la jeune femme. Il se révèle alors avoir l’esprit dérangé, autant à cause des violences de la guerre que de son désir naissant envers la prisonnière…

A field in nowhere

Dense et saturée d’intentions, sa fable sur une guerre universelle et atemporelle où un groupe restreint d’individus joue la comédie humaine offre des débuts un peu laborieux. Jeu théâtral, expérimentations formelles un peu vaines (voix off superposées, gros plans des visages en cut, discours pseudo philosophiques et didactisme moral) déréalisent probablement volontairement le propos mais au détriment d’une immersion dans le récit.

Le lien central entre le soldat et la femme (néanmoins sublimée par les gros plans et la lumière sur ses yeux), la folie croissante, ne sont pas totalement convaincants.

Alors qu’on attend patiemment la fin de la copie, une tension fondée sur la convergence relance l’intérêt : autour d’un lieu final, le huis clos des généraux ennemis encerclé par l’équipée fragile prend soudain du sens, et l’affrontement qui en résulte est plutôt pertinent, de même qu’on appréciera les belles images de fin faisant de l’humanité un radeau à la dérive, sur lequel un fou chante pour un agonisant.

Fiche technique – Fear & Desire

Titre original Fear & Desire (Le désir de la peur) [ co-écrit avec Howard Sackler]

Année : 1953
Pays : États-Unis
Genre : Guerre
Réalisé par : Stanley Kubrick
Avec : Paul Mazursky, Frank Silvera, Kenneth Harp,Stephen Coit, Virginia Leith
Montage : Stanley Kubrick
Photographie : Stanley Kubrick
Scénario : Howard Sackler
Musique : Gerald Fried
Maquillage : Chet Fabian
Direction artistique :Herbert Lebowitz
Produit par : Stanley Kubrick
Studios de production :Stanley Kubrick Productions

Auteur de la critique : Sergent Pepper